Pourquoi publier ce livre blanc sur la contribution des écoles de management à la compétitivité française ?
En général, les rapports consacrés à la compétitivité – Gallois, Beylat-Tambourin, ou encore Lauvergeon pour ne citer que les plus récents – ont tendance à privilégier une approche essentiellement macro-économique au détriment de l'approche managériale. Au-delà de la maîtrise des coûts, c'est la dimension managériale de la performance qui permet à une entreprise de différencier son offre de celle de ses concurrents à travers l'innovation (de produits, de services, des business models ou de l'organisation). C'est le métier des écoles de management de réfléchir et d'enseigner ces méthodes. Qu'il s'agisse de pédagogie ou de recherche, les initiatives fourmillent. Ce document vise à mieux les faire connaître.
Les écoles de management sont pourtant réputées pour leur savoir-faire en matière de communication...
Visiblement, pas assez... Si la contribution des écoles de management à la compétitivité est largement reconnue par les entreprises – il suffit de regarder les excellents taux d'insertion de nos diplômés –, ce n'est pas le cas des pouvoirs publics. On note d'ailleurs une assez faible représentation des enseignants-chercheurs en management dans les instances de réflexion ou de conseil politique et dans les médias.
De quelle manière les écoles contribuent-elles à la compétitivité ?
Les business schools ont développé ces dernières années des formations à l'innovation, qui constitue l'un des piliers de la compétitivité. Il existe des cours sur le design thinking, l'open innovation, le crowdsourcing, l'analyse des données du big data et des programmes complets sur le management de l'innovation. La formation à l'innovation passe aussi par le décloisonnement des écoles et des collaborations avec des acteurs comme les écoles d'ingénieurs, de design ou les institutions culturelles, qui vont apporter d'autres perspectives aux étudiants et les préparer à ce que sera leur futur métier en groupe projet au sein d'équipes pluridisciplinaires et multiculturelles. HEC mais aussi l'IAE Lyon ont développé une réflexion autour de l'art, l'IAE Aix possède un partenariat avec le ballet Preljocaj... Il existe aussi toute une réflexion sur l'environnement pédagogique avec la salle de classe, le learning-lab...
Concernant l'entrepreneuriat, les écoles de management proposent des filières et de véritables écosystèmes dotant les élèves de tous les outils pour les accompagner à la création d'entreprise.
Notre travail d'enseignant est de multiplier les expositions avec l'entreprise afin d'aider les étudiants à dépasser les stéréotypes, sans perdre leur esprit critique.
On voit bien en quoi l'innovation et l'entrepreneuriat dans les écoles contribuent à la compétitivité de la France. Mais pourquoi y ajouter "la culture d'entreprise" ?
Nous constatons un certain désenchantement des étudiants à l'égard de l'entreprise. La médiatisation de certaines pratiques abusives, mais aussi l'image un peu caricaturale véhiculée par le cinéma ou les médias et le climat économique anxiogène y ont contribué. Notre travail d'enseignant est de multiplier les expositions avec l'entreprise afin de les aider à dépasser les stéréotypes, sans perdre leur esprit critique. Les écoles de management mènent, à ce titre, une vraie réflexion sur leur mission. Les chaires d'entreprise "Ingénierie de la responsabilité sociétale et innovation" ou "Transports et développement durable" de Sup de La Rochelle traduisent une volonté de réfléchir aux modèles et à la manière de les faire évoluer.
Vous émettez tout de même des recommandations pour intensifier ce lien écoles-entreprises...
Les écoles de management doivent renforcer leur écosystème de soutien à l'innovation et à l'entrepreneuriat en s'appuyant sur le tissu économique et politique et réfléchir à la manière d'améliorer l'échange de pratiques et de résultats de la recherche. Il y a énormément d'initiatives qui se développent avec les incubateurs d'entreprises. On doit aussi pouvoir aller encore plus loin dans le partage d'expériences. Enfin, les pouvoirs publics doivent donner plus de visibilité au travail de nos écoles. La politique des investissements d'avenir peut être un vrai levier mais, pour le moment, il n'y a eu que peu de lauréats dans les écoles de management. Il serait donc souhaitable que le nombre de financements reflète davantage la contribution des écoles de management au développement de nos entreprises.