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La pédagogie numérique au cœur de la Stratégie nationale de l'enseignement supérieur

Morgane Taquet - Mis à jour le
La pédagogie numérique au cœur de la Stratégie nationale de l'enseignement supérieur
La création d'une licence d'humanités numériques est à l'étude dans la Stranes. // ©  UCL
Pour rendre les étudiants "acteurs d'une pédagogie contributive, active et numérique", la Stranes (stratégie nationale de l'enseignement supérieur), remise le 8 septembre à François Hollande, préconise le lancement d'un nouveau programme d'investissement d'avenir dédié à la transformation pédagogique. Avec une dotation non consomptible de 6 milliards d'euros à la clé.

Une priorité où "l'heure n'est plus à la prospective mais à l'action". Dans le rapport définitif du comité Stranes remis à François Hollande le 8 septembre 2015, Sophie Béjean et Bertrand Monthubert font du développement de la pédagogie numérique un axe stratégique.

"Rendre les étudiants acteurs d'une pédagogie contributive, active et numérique est une des clefs d'une meilleure réussite, reconnaître l'implication des personnels et leur permettre de déployer leur action est un des leviers de cette transformation", écrivent-ils.

Pour la réalisation de l'ensemble de ces objectifs, les auteurs préconisent le lancement d'un nouveau programme d'investissement d'avenir en faveur de l'innovation pédagogique : "concrètement, ce programme permettrait d'apporter un financement aux établissements qui s'engagent dans une transformation pédagogique importante, de manière à ce que l'impact financier de la transformation ne soit pas un obstacle". Ce nouveau PIA dédié aux innovations pédagogiques devrait être doté de 6 milliards d'euros non consomptibles, "permettant de dégager un revenu annuel d'environ 5 millions d'euros par projet, et une mise en œuvre adossée aux contrats quinquennaux", précise le rapport.

Des maquettes plus souples

Premier enjeu : rendre les étudiants acteurs d'une pédagogie contributive, active et numérique. Les pédagogies actives doivent être développées en "permettant à tout étudiant de valider 25% de son cursus sous forme de pédagogie par projet ou d'apprentissage hors cursus, dans le cadre d'un parcours validé par l'équipe pédagogique".

Les parcours et les maquettes de formation doivent être assouplies, en permettant "la construction de diplômes à la carte, avec modules externes, sur proposition de l'institution ou demande de l'étudiant", voire "en autorisant la création de modules blancs dans les maquettes de diplôme par les enseignants et les étudiants".

En autorisant notamment l'accès à Internet dans le cadre des examens, l'usage du numérique dans la formation doit être systématisé. Pour aller plus loin, les auteurs recommandent la création d'une licence d'humanités numériques et proposent de former les étudiants au numérique dans toutes les formations (usages, programmation) dans le cadre d'un C2i rénové.

une évaluation 3.0

Une meilleure prise en compte du numérique sur le volet de l'évaluation est également nécessaire : " les modalités doivent évoluer pour mieux reconnaître le travail collaboratif, les compétences de recherche, d'analyse et de synthèse de l'information".

Sur la question du suivi des étudiants, le rapport du comité Stranes présente le développement d'un véritable système d'information au niveau national. Il permettrait de "mieux comprendre les parcours des étudiants,  de mettre les différents acteurs du système en mesure de comparer leurs performances avec celles de groupes statistiquement similaires, de former des réseaux entre pairs rencontrant le même type de difficultés et, enfin, d'améliorer la prise de décision."

un programme de recherche sur les processus d'apprentissage

Sur le volet recherche, les auteurs suggèrent le lancement d'un grand programme de recherche sur les processus d'apprentissage dans le supérieur. Partant du constat que "l'enseignement supérieur utilise peu ses capacités de recherche (...) pour améliorer les processus d'apprentissage", les auteurs recommandent de s'intéresser notamment aux nouveaux modèles d'e-éducation et aux déterminants sociaux de l'accès à l'éducation et au savoir. La création d'un observatoire des innovations pédagogiques et d'un prix national de l’innovation pédagogique sont également évoqués.

De même, "tout en restant souple et légère", la formation des enseignants à la pédagogie doit être revue afin de leur "permettre de s'approprier des méthodes qu'ils n'ont pas souvent expérimentées au cours de leur propre cursus d'études".

Les auteurs mentionnent notamment la création de centres de développement pédagogique et soutiennent en outre le développement d'équipes pédagogiques associant enseignants-chercheurs, ingénieurs pédagogiques et personnels de bibliothèques, à l'image de ce qui existe déjà dans les équipes de recherche.

Enfin, les campus doivent devenir intelligents et numériques, adaptés aux nouvelles pédagogies "avec des espaces de coworking et des classes connectées" : "Tous les projets à venir dans le cadre du prochain CPER devraient être définis pour permettre ces évolutions. [...] Les créations de lieux de rencontre et l'équipement des salles pour permettre les formes actives d'enseignement, doivent faire partie des cahiers des charges."

Morgane Taquet | - Mis à jour le