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Pour ou contre U-Multirank ?

Marie-Anne Nourry Publié le
Pour ou contre U-Multirank ?
U-Multirank 2015 - Le profil de l'Université de technologie de Troyes // ©  U-Multirank
Dans la deuxième édition du U-Multirank, publiée le 30 mars 2015, 1.200 établissements du supérieur ont été passés au crible, contre 850 en 2014. L'instrument européen, qui se présente comme une alternative aux rankings traditionnels, avait été vivement critiqué à son lancement. Un an après, les avis sont toujours partagés.

L'outil multicritère initié par la Commission européenne, U-Multirank, a présenté son nouveau cru le 30 mars 2015. Un peu plus de 1.200 universités et établissements du supérieur, dans 83 pays, ont été analysés, soit 350 de plus qu'en 2014.

Une augmentation qui mérite toutefois d'être relativisée puisque seule la moitié de ces 1.200 établissements ont répondu au questionnaire portant sur les effectifs, le budget, etc. Pour les autres, le "classement anti-Shanghai" a exploité les données bibliométriques disponibles dans des bases publiques (publications, citations).

La montée en puissance attendue n'a donc pas eu lieu cette année. En France, 69 établissements ont été classés, contre 58 en 2014. L'arsenal statistique exigé par U-Multirank constitue toujours un frein pour des institutions déjà débordées. Et la faible participation au lancement en a découragé plus d'un. L'outil européen a cependant récupéré les données de 12 universités françaises récalcitrantes mais incontournables, telles l'UPMC, Paris-Sud ou l'université de Strasbourg.

Nos établissements figurant dans le classement de Shanghai se retrouvent ainsi tous dans U-Multirank, à l'exception de l'École polytechnique, qui a refusé de répondre et dont les données n'ont pas été récupérées, contrairement à ce que certains médias ont annoncé en début de semaine.

Ce qu'ils en pensent...

POUR. Timothée Toury : "Nous utilisons U-Multirank pour nos relations internationales"

L'UTT (université de technologie de Troyes) a participé pour la deuxième année consécutive au classement U-Multirank. "Le choix de participer s'est fait parce que beaucoup de critères sont normalisés à la taille de l'établissement. Comme l'UTT est de taille intermédiaire, c'est un avantage, assure Timothée Toury, directeur de la formation et de la pédagogie de l'université de technologie. Répondre au questionnaire représente un gros boulot mais cela nous a pris un peu moins de temps que la première année. L'UTT avait participé à l'adaptation du questionnaire au modèle français dans le cadre de la Cdefi [Conférence des directeurs des écoles françaises d'ingénieurs]."

"Je ne sais pas si à court terme notre présence dans U-Multirank nous aidera à avoir une visibilité internationale. En revanche, elle nous permet de nous positionner par rapport à d'autres modèles. Nous l'utilisons dans le cadre de nos relations internationales comme une série d'indicateurs qui montre que l'UTT est un partenaire respectable et qui permet d'étayer notre présentation."

"Concernant l'utilisation par les étudiants, il y a des progrès à faire en termes de navigabilité. Le multicritère, c'est plus compliqué qu'un classement unique, c'est le travers de la richesse, mais cela présente l'avantage de mettre en avant des forces et des faiblesses."

CONTRE. Alain Beretz : "Les données sont peu fiables, partielles et peu significatives"

Alain Beretz - université de Strasbourg

L'université de Strasbourg n'a pas répondu au questionnaire de U-Multirank mais les données de l'établissement ont été utilisées. Président de l'université de Strasbourg, Alain Beretz est également président de la Leru (League of European Research Universities), qui compte 21 universités européennes, dont l'UPMC et Paris-Sud.

"On retrouve dans cette nouvelle édition le défaut habituel des classements : les données sont peu fiables, partielles et peu significatives, estime-t-il. Les résultats sont donc à prendre avec beaucoup de précaution. U-Multirank ne se présente pas comme un classement mais est quand même un classement. Or, les universités ne sont pas des équipes de foot. Nous le disons d'autant plus fort que les universités de la Leru sont en général très bien classées."

"Il y a un problème de méthodologie et ensuite un problème d'utilisation. Je pense qu'il est très artificiel de dire que le U-Multirank est au service des étudiants. On voit bien qu'il y a d'autres finalités derrière. Le pire serait qu'on l'utilise pour allouer des crédits de recherche." La Leru a signé il y a quelques semaines la déclaration de San Francisco qui s'élève contre l'utilisation des chiffres de bibliométrie pour allouer des crédits de recherche.

Les universités ne sont pas des équipes de foot. (A. Beretz)

DANS L'EXPECTATIVE. Frank Pacard : "On attend de voir comment ça se stabilise pour participer"

Frank Pacard

L'École polytechnique n'a pas participé cette année au classement et n'y figure pas. "Nous avions répondu l'année dernière mais n'avions pas été convaincus par l'outil, souligne Frank Pacard, directeur de la formation de l'X. Peu d'établissements avaient participé, ce qui donnait une image faussée. En outre, le fait que U-Multirank mélange les établissements qui ont répondu et ceux qui n'ont pas répondu me dérange d'un point de vue méthodologique."

"Au départ, je pense que l'idée d'avoir un classement qui prend en compte d'autres critères est très bonne. Quand on regarde Shanghai, Times Higher Education et QS, on retrouve toujours les mêmes parmi les premiers car ils ont une taille et une mission caractéristiques. Il me semble important qu'il y ait un classement européen dans la mesure où les établissements ici n'ont pas tous la même mission que les établissements du monde entier. Mais je suis noyé par un flot de données difficilement exploitables sauf par des spécialistes. La mise en place manque de lisibilité et c'est une des raisons pour lesquelles on attend de voir comment ça se stabilise pour participer."

Aller plus loin
Consulter le classement U-Multirank

Marie-Anne Nourry | Publié le