"D'après la jurisprudence (Conseil d'État et Cour européenne des droits de l'homme) et contrairement à l'ensemble des agents du service public, l'interdiction du port du voile ou tout autre signe religieux visible par des étudiant(e)s à l'université n'a pas de base légale (à l'exception de cas concernant la sécurité ou l'hygiène). Y voir une menace contre l'institution universitaire relève d'une défiance à l'encontre des universitaires qui seraient jugés inaptes à former des esprits libres et à ouvrir de nouveaux champs de connaissances."
C'est par ces mots choisis que le Cneser (Conseil national de l'enseignement supérieur et de la recherche) s'est prononcé contre l'interdiction du port du voile à l'université, lundi 18 mai. La motion à l'initiative de la CPU (Conférence des présidents d'université) a été adoptée à 37 voix pour, 3 abstentions et un refus de prendre part au vote. Une manière de couper court aux discussions politiques sur le sujet.
La motion rappelle que "le législateur interdit, dans l'enceinte scolaire, le port de tout signe religieux de quelque confession que ce soit ; le principe de neutralité s'impose à l'accueil d'enfants ou d'adolescents. Il ne vise délibérément pas l'université qui, depuis le Moyen Âge, accueille des adultes, universitaires, chercheurs et étudiants ou étudiantes de toutes origines ou opinions philosophiques, religieuses ou politiques."
Pour le Cneser, "la vraie menace est ailleurs. Elle réside dans le risque d'intrusion des religions et d'idéologies diverses dans la science, le contenu des enseignements ou des champs de recherche".