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Les écoles d'ingénieurs dénoncent un contrôle accru de l'Etat

Camille Stromboni Publié le
Les écoles d'ingénieurs devront désormais demander un "avis d'opportunité" au ministère avant d'ouvrir une formation. L'instruction, envoyée par la Dgesip mi-septembre 2013, a fait vigoureusement réagir les établissements concernés, outrés par cette atteinte à leur "autonomie", que l'Etat justifie par l'émergence nécessaire des politiques de site.

Les écoles d'ingénieurs souhaitant ouvrir, à compter de la rentrée 2015, de nouvelles formations ou voies d'accès pour des formations existantes devront "solliciter l'avis d'opportunité de la Dgesip (direction générale pour l'enseignement supérieur et l'insertion professionnelle)" : c'est ce que prévoit un courrier envoyé aux établissements mi-septembre 2013.

Philippe Jamet - président CGEEt l'autonomie ?

Une nouvelle instruction qui a fait bondir les établissements concernés. La CGE (Conférence des grandes écoles) et la Cdefi (Conférences des directeurs des écoles françaises d'ingénieurs) ont publié un communiqué dénonçant cette obligation qui "privera encore les établissements d'enseignement supérieur du peu d'autonomie dont ils jouissaient". "Il s'agit d'une procédure très intrusive, souligne par ailleurs Philippe Jamet, président de la CGE et directeur des Mines de Saint-Etienne. L'Etat tente de reprendre la main, de manière impulsive."

La politique de site prioritaire pour le ministère

"Il ne s'agit nullement de retirer des prérogatives aux écoles ou à la CTI (Commission des titres d'ingénieur), contredit  J.M JolionJean-Michel Jolion, chef du service de la stratégie à la Dgesip. Nous voulons renforcer la politique de site sur le territoire, avec une offre de formation cohérente et non concurrentielle. L'idée n'est donc pas de regarder le détail des formations, mais simplement de voir comment ces créations se justifient dans le cadre de la politique de site globale".

Un argument qui n'est pas valable, selon les directeurs d'école. "Si le ministère veut évaluer la concurrence entre formations au niveau local, ce n'est absolument pas pertinent pour les écoles d'ingénieurs, dans lesquelles la question du recrutement se pose aux niveaux national et international, déplore Philippe Jamet. A Lyon et Saint-Etienne par exemple, plusieurs écoles forment des ingénieurs généralistes. Faudrait-il poser la question de la redondance ? Evidemment non. Je ne vois pas en outre quel avis pertinent supplémentaire la Dgesip pourrait apporter, sachant que l'école fait en amont un véritable travail d'évaluation tout comme la CTI ensuite."

"C'est aussi totalement en contradiction avec la loi sur l'enseignement supérieur votée à l'été, qui supprime l'habilitation des formations au profit d'une accréditation des établissements", relève le président de la CGE. "L'accréditation n'est pas encore mise en place et tous les établissements concernés ne seront pas forcément dans ce périmètre", justifie de son côté Jean-Michel Jolion.

Camille Stromboni | Publié le