1. Les Mooc sont-ils toujours un succès aux États-Unis ?
Côté public, oui. Plus d'un million de personnes ont suivi les Mooc de Harvard, et 800 000 ceux du MIT, selon des chiffres révélés par EdX en début d'année. Un tiers des élèves vivent aux États-Unis. Toujours selon ces données, les deux tiers sont titulaires d'un diplôme de licence (bachelor) et la moyenne d'âge est de 28 ans. En revanche, le taux d'abandon est important. Seuls 9% des inscrits ont vu plus de la moitié du cours, et 5% l'ont validé en entier.
Côté universités, les Mooc restent un produit de niche. Selon une étude du Babson Survey Research Group, menée début 2014 auprès de 2.800 établissements américains, 5% des universités ont conçu des Mooc. Dans 9,3% d'établissements supplémentaires, des Mooc sont en cours de création. Ce sont surtout les très grosses universités qui se sont lancées dans cette aventure.
2. Qu'en pense la communauté académique ?
L'heure est à l'attentisme, voire au scepticisme. Le débat porte toujours sur la rentabilité du modèle. Les Mooc coûtent très cher, en argent et en temps. Tandis que le retour sur investissement est difficile à mesurer, comme l'a montré un rapport de l'université de Columbia, "Mooc, Expectations and Reality". Une autre question concerne le public visé. Alors que les Mooc se donnaient l'ambition de démocratiser l'enseignement et d'attirer un nouveau public vers l'université, il apparaît que la plupart des inscrits sont déjà diplômés.
Résultat : seulement 23% des universitaires américains pensent que les Mooc ont un avenir à long terme, selon un sondage mené par le Babson Survey Research Group. Un an plus tôt, ils étaient 29%. Par ailleurs, pas plus de 44% des interrogés considèrent que les Mooc sont un exercice utile en termes de pédagogie (contre 50% l'année précédente).
Seulement 23% des universitaires américains pensent que les Mooc ont un avenir à long terme.
3. Les cours prennent-ils de nouvelles formes ?
Les plateformes évoluent vers des modèles payants, freemium ou low-cost. Ainsi, sur Straighterline, l'étudiant paie un abonnement mensuel de 99$. Les Mooc, facturés chacun 49$, ont été conçus par 70 universités. Pour ce prix, l'étudiant a la garantie que son Mooc sera reconnu par les établissements de la plateforme, qui lui attribuent des crédits. L'élève peut valider jusqu'à deux années entières de bachelor. Il lui faut ensuite compléter son parcours sur le campus pendant deux ans. De quoi permettre de sérieuses économies.
Autre tendance : le développement de Mooc professionnalisants. Udacity a opéré un virage en ce sens. Elle a signé des partenariats avec des entreprises – Google ou Facebook par exemple –, qui conçoivent des cours sur des compétences qu'elles recherchent ("Optimiser la performance de son site web", "Analyse de données"). Ces "micro-diplômes" sont un succès.
Par ailleurs, Coursera propose désormais des "specialization tracks", c'est-à-dire des parcours de Mooc qui, suivis ensemble, permettent aux étudiants de se bâtir une spécialisation dans un domaine, et de la revendiquer comme telle auprès des employeurs.
Enfin, les passerelles entre le "off" et le "online" se multiplient. Des groupes de travail sont organisés dans certaines villes par les plateformes elles-mêmes, mais aussi par des bibliothèques, des associations, des institutions publiques.
4. Sont-ils reconnus par les universités ?
La validation des Mooc dans le système universitaire américain progresse. Les partenariats se multiplient. Par exemple, sur Udacity, un cycle de cours entièrement en ligne permet d'obtenir un master de Georgia Tech. Il faut néanmoins payer des frais de 7.000 $.
Depuis 2013, l'agence ACE (American Council on Education) réalise des évaluations de Mooc. Elle recommande la validation de crédits pour certains, dans le cadre des procédures d'équivalences ou de transfert d'une université à l'autre.
Le CHEA (Council for Higher Education Accreditation), un organisme qui évalue les agences d'évaluation, a annoncé cet été qu'il allait créer une plateforme visant à évaluer et accréditer certains Mooc.
"Aujourd'hui, les gens ne connaissent pas bien les possibilités de validation universitaire. Mais, quand ces systèmes seront bien en place, cela va changer la donne", affirme Fiona Hollands, chercheuse au Teachers College de Columbia.
Le grand mérite des Mooc, au-delà de l'effet de mode, aura été de donner ses lettres de noblesse à l'enseignement en ligne, jusqu'ici mal vu par les plus prestigieuses institutions.
(Michelle Weise - Christensen Institute)
5. Qu'en pensent les employeurs ?
Selon une étude de Duke University et RTI International, menée auprès de 400 recruteurs américains, 73% des employeurs ont une opinion favorable des Mooc. Leur validation démontrerait chez le candidat "une grande motivation".
Côté élèves, les Mooc sont de plus en plus mentionnés dans les CV. "Environ 70% des personnes qui ont obtenus des crédits Coursera l'indiquent sur leur profil LinkedIn", affirme Daphne Koller, fondatrice de Coursera, dans une récente interview à TechCrunch.
6. Ont-ils vraiment influencé l'enseignement traditionnel ?
"Le grand mérite des Mooc, au-delà de l'effet de mode, aura été de donner ses lettres de noblesse à l'enseignement en ligne, jusqu'ici mal vu par les plus prestigieuses institutions, déclare Michelle Weise, chercheuse au Christensen Institute. Ces cours ont permis d'ouvrir les yeux sur la redondance de l'enseignement actuel. Les modèles du type 'flipped classroom', où la classe est un espace de discussion, de travaux de groupe, tandis que l'apprentissage se réalise chez soi, en ligne, à son rythme, se sont beaucoup développés aux États-Unis, grâce aux Mooc."