Anachonique. Tel est le jugement que portent treize associations de professeurs de classes préparatoires, ainsi que l'APLCPGE (association des proviseurs des lycées à classes préparatoires) sur l'enquête de Marie Desplechin.
Publié dans Le Monde (4 février 2012), lelong article " Prépas, l'excellence au prix fort" fait témoigner des étudiants déstabilisés par la brutalité des méthodes employées. Une étudiante rapporte que la moitié de sa classe est "sous anti-dépresseurs", une autre évoque des élèves "qui ont l'air mort". Des psychologues interviennent également dans ce sens.
Des élèves "cassés"
"Ce sont les nuits de trop peu de sommeil, les repas avalés en vingt minutes, l'épuisement. Le sentiment de l'insuffisance, de l'incapacité, entretenu par quelques enseignants, minoritaires mais marquants, sur des élèves qu'ils cassent", pointe l'écrivaine, qui compare ces classes à un entraînement militaire.
Bien sûr, Marie Desplechin reconnait qu'il existe différents types de classes préparatoires. Mais elle remarque que si certains, dotés d'un excellent capital culturel, économique et social s'en sortent bien, ce sont surtout les autres qui se laissent broyer par le système.
Une vision anachronique, selon les professeurs
Pour les professeurs de classes préparatoires, cette vision est anachronique. "La relation qui se tisse entre professeurs et élèves de classes préparatoires est, dans l'immense majorité des cas, une relation de confiance", soutiennent-ils dans leur tribune .
Les notes ne sont pas aussi déstabilisantes qu'on voudrait le croire : "la grande majorité des classes préparatoires de France présente une moyenne générale de 10".
Ni rancoeur, ni angoisse
Ils assurent que les élèves se montrent satisfaits de l'apport intellectuel des prépas, et qu'ils intègrent les grandes écoles "avec de la reconnaissance" pour leurs professeurs, et non "la rancoeur ou l'angoisse silencieuse des victimes".
Les professeurs démontrent aussi, chiffres à l'appui, que la sélection à l'entrée n'est pas si terrible (il reste chaque année des places vacantes) et qu'à la sortie, les débouchés sont assurés, quelle que soit la filière.
Ils concluent : "A qui fait-on donc peur en décrivant les classes préparatoires comme un enfer ? Précisément à ceux qui hésitent à se lancer dans l'aventure". Pas à ceux qui viennent des milieux favorisés, et qui "resteront candidats quoi qu'on en dise". Mais aux autres.