Et de dix. Au total, dix universités vont proposer entre les rentrées 2014 et 2015 une filière alternative à la Paces (première année commune aux études de santé). Aux 7 projets initiaux (Angers – le plus ambitieux – Paris 5, Paris 7, Paris 13, Rouen, Saint-Étienne et Strasbourg), s'en ajoutent trois nouveaux pour la rentrée 2015 : ceux des universités d'Auvergne, de Poitiers et de Tours.
Près d'un tiers des facultés de médecine sont désormais concernées par ces expérimentations. Objectifs : améliorer les conditions de réorientation des étudiants après un échec en Paces et diversifier le profil des futurs médecins, chirurgiens-dentistes, pharmaciens et sages-femmes en créant de nouveaux modes d'entrée en deuxième ou troisième année d'études. Souvent donné en exemple par le gouvernement, le projet de l'université d'Angers qui propose un parcours pluridisciplinaire au lieu de la Paces reste assez unique, les trois nouveaux projets ayant choisi de suivre d'autres voies.
Université de Poitiers : un accès post L2
L'université de Poitiers s'est calée sur le projet de Strasbourg. Son expérimentation consiste en une passerelle pour des étudiants issus de la deuxième année des licences de biologie et de chimie. "C'est le projet qui nous semblait le plus intéressant. Nous n'avions pas les moyens (en enseignants comme en place) pour adapter celui d'Angers. Le ministère n'accorde aucun moyen supplémentaire pour cette expérimentation. De plus, nous étions déjà en collaboration avec l'UFR de sciences fondamentales et appliquées de l'université, qui accueille des réorientés après un échec en Paces", justifie le professeur François Seguin, directeur de la section pharmacie et vice-doyen de la faculté de médecine de Poitiers.
Les candidats déposent leur dossier en deuxième année de licence. Celui-ci est évalué par un jury. Ils passent ensuite un oral. Ceux qui sont retenus sont inscrits sur une liste d'attente. S'ils valident leur année de licence, ils peuvent passer en deuxième année de santé. "Le nombre d'étudiants admis va évoluer progressivement pendant les cinq années d'expérimentation. En 2015, seuls 10 étudiants seront pris en médecine (5 % du numerus clausus), 2 en maïeutique (10 % du numerus clausus) et 5 en pharmacie (10 % du numerus clausus). Mais en 2019-2020, le projet concernera 18 étudiants en pharmacie (sur 72 places, soit 25 %), 12 étudiants maximum en médecine (sur 192 places) et toujours 2 étudiants en maïeutique. Il n'y a pas de filière odontologie à Poitiers", indique François Seguin.
Université d'Auvergne : une licence sciences pour la santé refaite à neuf
"La Paces ne nous satisfaisait pas. Nous souhaitions présenter un dossier dès la première vague d'appel d'offres du ministère mais nous avons manqué de temps. Nous avons attendu la seconde. En l'état actuel, nous n'aurions pas pu nous permettre de lancer un projet comme celui d'Angers : notre expérimentation doit se faire sans moyens supplémentaires et Angers a prévu d'attribuer une dizaine de postes pour la sienne", explique Brigitte Bonhomme, vice-présidente de la commission de la formation et de la vie universitaire de l'université d'Auvergne.
L'université située à Clermont-Ferrand est donc partie sur un projet à cheval sur deux expérimentations de la première vague : celle de Rouen et celle de Paris/Saint-Etienne. Elle ne va pas créer de nouvelle licence. "Nous en avons déjà une que nous allons utiliser et adapter : la licence sciences pour la santé. Jusqu'ici, les étudiants la choisissaient souvent par défaut, après un échec aux concours de Paces. Nous voulons la valoriser. Nous allons lui donner une coloration un peu plus santé pour que ses étudiants puissent recevoir en contenus l'équivalent de la Paces et rejoindre ensuite les filières médicale, pharmaceutique, maïeutique et odontologique", détaille Brigitte Bonhomme. Cette licence débouche également sur plusieurs masters dans des domaines parallèles : éducation et santé publique, nutrition-santé-aliments, sciences du médicament, technologies biomédicales ou génétique et physiologie-bio-informatique.
À partir de 2016-2017, l'université sélectionnera les étudiants en fin de L2 ; à partir de 2017-2018, en fin de L2 et de L3. "Nous prendrons alors 25 étudiants en médecine (14 % du numerus clausus), 10 étudiants en pharmacie (11 %), 5 étudiants en maïeutique (15 %) et 5 étudiants en odontologie (12 %)."
Nous jugerons davantage le projet personnel de l'étudiant, la motivation, l'humain que par le biais du concours"
(Gonzague de Pinieux - Université de Tours)
Université de Tours : après une L2 ou une L3 validée et complétée
L'université de Tours a adopté un projet similaire à l'expérimentation de Paris/Saint-Etienne. "Nous avions proposé un projet propre, avec une sélection très précoce des étudiants au bout de deux mois de Paces, mais il n'a pas été retenu", avoue le professeur Gonzague de Pinieux, responsable de la commission Paces à la faculté de médecine de Tours. L'université se dirige donc vers un système d'étudiants entrants en filière santé après une L2 ou une L3 sciences de la matière ou sciences de la vie validée et complétée. "Pour accéder aux filières médecine, maïeutique et pharmacie, il faudra faire partie des meilleurs élèves de licence (dans les 20 %) et valider trois UE complémentaires de 20 h chacune. Nous jugerons ainsi davantage le projet personnel de l'étudiant, la motivation, l'humain que par le biais du concours", explique Gonzague de Pinieux.
Dans chaque filière, un pourcentage de places est réservé. En médecine, il sera de 10 % en 2015-2016 puis augmentera progressivement jusqu'à 20 % en fin d'expérimentation. En maïeutique, il sera de 10 % en 2015-2016 et atteindra 30 % en 2019-2020. En pharmacie, il sera de 10 % en début d'expérimentation pour s'élever jusqu'à 15 % cinq ans plus tard. L'université de Tours n'a donc pas opté pour le modèle de sa voisine angevine. "Nous manquions de temps et il nous semble dommage de détruire un système – la Paces – qui n'a pas encore été évalué", justifie Gonzague de Pinieux.
La licence santé sera-t-elle généralisée ? Si oui, sous quel modèle ? Trop tôt pour le dire... Cinq à six années de tests sont prévues avant de dresser un bilan vers 2019. Un temps long pour les politiques...
Faire médecine sans être passé par le concours de PACES (première année commune aux études de santé), c'est possible. Plusieurs pistes, moins directes mais tout à fait légales, sont ouvertes aux étudiants qui ont tenté leur chance sans succès ou qui redoutent cette année couperet. Pour y parvenir, il faut "seulement" faire preuve d'endurance et de motivation. Quels sont les meilleurs "plans" ? Éléments de réponses avec statistiques à l'appui dans un dossier de letudiant.fr.