Étudiants, lycéens, chômeurs et salariés", lit-on sur les pancartes. Les syndicats professionnels et les organisations de jeunesse opposés à la loi Travail appelaient à une nouvelle manifestation ensemble le 28 avril 2016. En France, ils étaient 500.000 d'après les syndicats, 170.000 selon la police. Avec de violents affrontements en marge des manifestations.
À Paris, d’après les syndicats, 60.000 personnes ont défilé, 15.000 selon les autorités, qui comptabilisaient 20.000 manifestants le 9 avril, et 360.000 le 31 mars.
Du côté des étudiants, on explique cette légère baisse par le calendrier particulier des universités. "Avec les vacances et les partiels, c’était prévisible, réagit Martin Bontemps, vice-président de l’Unef. Mais nous avons encore démontré le refus de la jeunesse de cette loi Travail qui nous précarise."
"Il faut prendre le mouvement dans sa globalité, poursuit Enora, étudiante à Sciences po présente dans le défilé parisien. On entend qu'il s'essouffle, mais en réalité, il revêt d'autres formes." "La révolte s'est diversifiée avec la Nuit debout ou d'autres initiatives, comme le lancement du mouvement des 'précaires de l'enseignement supérieur'", confirme Camille, chargé de TD à l’université de Paris-Ouest-Nanterre-la-Défense.
Vacances et partiels
À Rennes 2, l’une des universités en pointe de ce mouvement, le 28 avril est tombé au milieu de la dernière semaine de partiels. Le campus n’a pas été bloqué, indique l’université. Un accord a été trouvé entre la présidence et les représentants de l’assemblée générale des étudiants et les organisations étudiantes.
La journée du 28 avril a été "banalisée", sans la tenue d'examens donc. Ces derniers sont reportés au samedi 30 avril, avec des aménagements prévus pour les étudiants ayant des empêchements ce jour-là. Ouvrant une période de creux sur le campus, jusqu’à la seconde session d’examen.
À Paris 8, où les étudiants se sont également fortement mobilisés, le campus est fermé, en raison des vacances. Un groupe d’étudiants a participé à un blocage à Genevilliers, avant d’être embarqué par la police, puis relâché. Donnant lieu à la rédaction de pancartes à l’humour grinçant : "Désolé, on est en retard parce qu’on sort tout juste du comico".
Les partiels de Paris 8 ne commencent, eux, que dans deux semaines. Des aménagements sont prévus dans les départements les plus mobilisés. En science politique, par exemple, ils sont maintenus, mais des modes d’évaluation alternatifs sont proposés aux étudiants, comme le rendu d’un travail réalisé à la maison.
Quid des 500 millions d’euros pour la jeunesse ?
Quant aux annonces du 11 avril de Manuel Valls pour lutter contre la précarité de la jeunesse, elles n’ont pas contribué à démobiliser les étudiants, assure les pourfendeurs de la loi Travail.
"Le sujet a vite été évacué lors des assemblées générales, relate Jean-Raphaël Bourges, enseignant à l’université Paris 8. Ces mesures ont été plutôt perçues comme des tentatives d’enfumage."
Pour Elsa, porte-parole de la Coordination nationale étudiante : "Ces mesures sont cosmétiques, c'est un stratagème. Nous ne sommes pas des pigeons pour ramasser des miettes. Nos revendications n'ont pas bougé, nous demandons toujours le retrait de la loi El Khomri," déclare-t-elle.
"Les réponses concernent la précarité des jeunes, mais le désaccord reste entier, renchérit Martin Bontemps, vice-président de l’Unef. Nous demandons le retrait de la loi". De nouvelles actions sont prévues les 1er et 3 mai prochains.
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