L'opération séduction de l'université d'Angers auprès des futurs internes

Virginie Bertereau Publié le
L'opération séduction de l'université d'Angers auprès des futurs internes
La faculté de médecine d'Angers, à l'initiative du parcours PluriPASS // ©  Virginie Bertereau
Faculté de médecine bien sous tous rapports cherche étudiants bien classés à l’examen classant national pour relation durable. L’université d’Angers a lancé, début juin 2015, une campagne de communication sur le ton de l’humour pour attirer les futurs internes.

La chasse aux internes est ouverte ! En septembre 2015, les 8.000 étudiants en médecine qui viennent de passer l'ECN (examen classant national) devront choisir une spécialité et un lieu de formation selon le classement qu'ils auront obtenu. Si certaines disciplines (ophtalmologie, dermatologie, radiodiagnostic et imagerie médicale, etc.) et certaines villes (Montpellier, Lyon, Rennes...) recrutent facilement, d'autres peinent à pourvoir l'ensemble de leurs postes ou simplement à attirer les classés du haut du tableau.

Angers est dans cette configuration. "Depuis plusieurs années, tous nos postes sont pourvus, y compris en médecine générale. Nos internes sont très satisfaits de la formation théorique qu'ils reçoivent : selon une enquête de l'ISNI [Intersyndicat national des internes] publiée en mars 2014, Angers figure en deuxième position des villes les mieux notées. Malgré cela, nous ne sommes pas choisis prioritairement", déplore Isabelle Richard, la doyenne de la faculté de médecine d'Angers.

Peu de moyens mais des idées

Pour Isabelle Richard, il s'agit là d'un problème de communication. "Malgré ses atouts, Angers pâtit d'un déficit global d'attractivité. Les Angevins sont très discrets..." Pour changer la donne, l'UA a choisi un ton décalé afin de mieux toucher cette génération "connectée". Elle vient de lancer la campagne "Adopte 1 PU-PH", un clin d'œil au site de rencontres Adopteunmec.com.

Une opération en plusieurs étapes :"Nous avons tourné trois vidéos mettant en scène des professeurs des universités – praticiens hospitaliers. Le 25 juin, de 17h à 20h, nous organisons également un speed dating via Internet avec des enseignants et des internes. Les étudiants pourront poser toutes leurs questions sur la formation, les services hospitaliers, la ville... Enfin, le 29 août, avant la procédure de choix de postes, les internes et les sixième année ont prévu un week-end spécial. Ils logeront, l'espace d'une soirée, les futurs candidats. L'université offre le barbecue", détaille Isabelle Richard. Coût de l'initiative : "Quelques milliers d'euros." "Une centaine de saucisses, ajoute avec humour la doyenne de la faculté. Beaucoup de choses fonctionnent comme cela à Angers, avec de la matière grise et de l'imagination."

Le PluriPass ne provoque pas d’appel d’air
Lors du lancement du parcours expérimental se substituant à la Paces (première année commune aux études de santé), à Angers à la rentrée 2015, Dominique Perrotin, le président de la Conférence des doyens des facultés de médecine, avait manifesté une certaine inquiétude : "Tout le monde va vouloir s'inscrire en PluriPass à Angers." Six mois plus tard, cet appel d’air redouté n’a pas eu lieu. "En juin 2014, 767 lycéens de notre secteur avaient mis la Paces en premier vœu. En juin 2015, ils sont 771 à avoir choisi PluriPass. Nous n’aurons pas de difficultés à admettre ces étudiants", déclare Isabelle Richard.

La doyenne de la faculté de médecine reconnaît néanmoins une légère augmentation du côté des lycéens hors secteur. "Nous avons 100 demandes de plus (1.017 en 2015 contre 916 en 2014)." Mais pas d’excès d’enthousiasme : "Nous n’en prendrons pas beaucoup et quand nous le ferons, ce sera après analyse des situations." La capacité d’accueil en PluriPass s’élève à 900 néo-entrants.

Virginie Bertereau | Publié le