Être externe en médecine, c'est être à la fois étudiant et salarié d'un CHU (centre hospitalo-universitaire). Or, l'ANEMF (Association nationale des étudiants en médecine de France) dénonce le vide juridique qui entoure cette situation particulière. L'association, en négociation avec le ministère de la Santé, réclame aujourd'hui un vrai statut d'externe pour clarifier ses devoirs mais aussi ses droits (protection sociale, rémunération adéquate, droit de grève, etc.) comme tout agent de service public hospitalier. Elle attend un retour de Marisol Touraine, la ministre, pour le 30 janvier 2013.
Le sentiment d'être exploités en stage
Pour appuyer ses revendications, l'ANEMF se base notamment sur une enquête à laquelle ont répondu 29 % des externes (environ 7200 étudiants). Le sondage révèle que plus d'un étudiant sur deux se sent exploité en stage et 60% s'y trouvent mal formés. « Brancardage, service des petits déjeuners, secrétariat de l'interne... Les missions qu'on leur confie les éloignent parfois des patients. Or, un externe n'est pas à l'hôpital pour compenser le manque de personnel », explique l'ANEMF. En outre, un tiers d'entre eux ne bénéficie pas du repos de sécurité après une garde de nuit.
Un salaire maximum de 277 € brut par mois
Les revendications de l'ANEMF portent également sur la rémunération des étudiants et leur temps de travail. « Aujourd'hui, la vie d'un étudiant en médecine coûte 1081,46 € par mois. Pourtant, il est payé au maximum 277,55 € bruts mensuels pour (en théorie) 20 heures de travail par semaine », indique l'enquête de l'ANEMF. En outre, les étudiants de quatrième année qui redoublent ne sont plus payés. Pour subvenir à leurs besoins, 19 % des externes occupent donc un emploi salarié en marge de leurs stages.
20 % ont pensé au suicide
Ces conditions de formation, associées au sentiment de manque de loisirs, plus généralement de vie privée, ne sont pas sans conséquences sur le moral des étudiants. Ainsi, environ la moitié des externes ont déjà pleuré à cause leurs études et estiment avoir besoin d'un soutien psychologique. Plus grave, 20 % d'entre eux ont déjà pensé au suicide pendant leur deuxième cycle.
Le numerus clausus 2012-2013 en médecine a été publié au Journal officiel du 11 janvier. Celui-ci s'élève à 7492 places en deuxième année contre 7500 en 2011-2012. En décembre 2011, Xavier Bertrand, alors ministre de la Santé, avait parlé de porter ce nombre à 8000. Les organisations étudiantes et les doyens des facultés se félicitent plutôt de cette « non-augmentation ». Les conditions d'études étant déjà difficiles, le nombre de collés étant toujours important, une stagnation du numerus clausus leur semblent plus sage.
De même, les numerus clausus en sage-femme (1016), pharmacie (3095) et odontologie (1200) restent stables par rapport à 2011-2012.