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MOOC : le ministère donne les clés de FUN

Sophie Blitman Publié le
MOOC : le ministère donne les clés de FUN
La plate-forme FUN (France université numérique) lancée par Geneviève Fioraso en octobre 2013. // © 
Le ministère de l'Éducation nationale et de l'Enseignement supérieur a lancé un appel à manifestation d'intérêt pour déléguer la gestion de la plate-forme FUN (France université numérique) à des établissements. Les pré-dossiers doivent être envoyés d'ici le 24 juillet 2014. S'il était prévu que l'État qui a initié le projet passe ensuite la main, les candidats à la reprise ne se bousculent pas.

Lancée en grande pompe à l’automne 2013 par Geneviève Fioraso, la plate-forme de MOOC FUN (France université numérique) sera à l’avenir gérée directement par des établissements. Tel est l’objet de l’appel à manifestation d’intérêt (AMI) envoyé aux écoles et universités mi-juillet 2014. D’après le texte, l’objectif est de "stabiliser et inscrire dans la durée FUN-MOOC, au service de l’ensemble de la communauté de l’enseignement supérieur et de la recherche, en confiant son pilotage, son portage et l’animation de la communauté de ses producteurs et de ses usagers à un groupement d’établissements" (plusieurs Comue - Communauté d'universités et établissements - par exemple).

"Le but n’est pas du tout de se désengager", assure la rue Descartes, soulignant qu’il "était prévu dès le départ que les acteurs gèrent eux-mêmes la plate-forme, ce qui est la meilleure manière de se l’approprier". Reste que l'appel a surpris les établissements, qui ne s’attendaient pas à ce que le transfert de gestion ait lieu si tôt.

Des "réponses succinctes" sont attendues d'ici le 24 juillet 2014, avant un "retour des dossiers précisant les propositions des groupements" le 24 septembre. Suivront les auditions des candidats, la décision finale étant annoncée pour la semaine du 17 novembre pour une reprise de la plate-forme début 2015.

Prudence des établissements

Outre ce calendrier un peu estival, l’AMI suscite des interrogations au sein de la communauté. Si plusieurs établissements, surtout franciliens, sont a priori intéressés par le pilotage de FUN, ils demeurent prudents tant qu’ils ne savent pas combien cela leur en coûtera. Une inconnue de taille car le modèle économique de la plate-forme, et plus largement des MOOC, est loin d’être défini aujourd’hui.

"L’État maintiendra son engagement financier conséquent sur FUN à la même hauteur", affirme-t-on au secrétariat à l’Enseignement supérieur et à la Recherche. Soit environ une dizaine de personnes, auxquelles pourra s'ajouter un "soutien dans le cadre des appels à projets".

Nombre d'acteurs se montrent néanmoins réservés, à l'instar de Jean-Yves Mérindol, à la tête de Sorbonne Paris Cité. "Nous sommes très engagés dans la production de MOOC. Nous en avons lancé 10 et en prévoyons une vingtaine d'autres d'ici 18 mois, mais il n'y a pas pour nous d'enjeu de périmètre à être ou non dans le consortium. Nous avons avant tout besoin que la plate-forme fonctionne", estime-t-il, pragmatique, alors que la Comue n'a pas encore décidé si elle ferait partie du cercle des administrateurs ou des "usagers intéressés".

Il n'y a pas pour nous d'enjeu de périmètre à être ou non dans le consortium. Nous avons avant tout besoin que la plate-forme fonctionne
(J-Y. Mérindol)

Il s'agit aussi de voir comment seront utilisées les données récoltées dans le cadre des MOOC. L'AMI précise qu'une "stratégie de mise à disposition des données devra être proposée par le groupement que ce soit auprès des établissements utilisateurs ou dans le cadre d’une politique d’open data".

C'est à Saclay que la réflexion semble la plus avancée : "il est logique que la Comue la plus importante en termes de recherche, par ailleurs très impliquée dans le numérique, fasse partie de la gouvernance de FUN", explique Dominique Vernay, président de la FCS (fondation de coopération scientifique), qui a d’ores et déjà fait part de son intérêt pour la gestion de la plate-forme.

Ainsi prête à mettre la main au portefeuille, la future université Paris-Saclay entend, en contrepartie, "peser sur les stratégies d’utilisation et la définition des règles de fonctionnement". Et d'évoquer l'éventuelle "création d'espaces dédiés" où l'UPS pourrait mettre en avant ses MOOC sous sa propre marque. Une possibilité parmi d'autres, car l'avenir de FUN reste à imaginer.

Sophie Blitman | Publié le