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MOOC : se fédérer pour exister

Emmanuel Vaillant Publié le
Organisé par Cap Digital, en partenariat avec EducPros et le CNAM, une conférence sur les MOOC a réuni jeudi 23 mai quelques-uns des acteurs de l'éducation et du e-learning. Au cœur des débats : la nécessité de fédérer les forces pour exister sur ce marché mondial en plein essor.

"Nous avons dépassé le stade de la découverte des MOOC. Nous ne sommes plus seulement dans la réflexion mais dans l'action", lance Françoise Colaitis, déléguée adjointe en charge de la stratégie chez Cap Digital, pour donner le ton de la conférence "Apprendre au 21ème siècle : enjeux et perspectives des MOOC" devant un public évidemment acquis à la cause, au CNAM jeudi 23 mai.

Mais s'il était besoin de convaincre, Albert-Claude Benhamou, délégué interministériel pour l'éducation numérique en Afrique, enfonce le clou. "La massification de la demande numérique est là. Et en face, les ressources éducatives libres existent. Elles sont à disposition et encore trop peu diffusées", explique ce directeur du groupement d'intérêt public pour l'éducation numérique en Afrique qui porte le programme Sankore. Et d'ajouter : "Avec les MOOC, les enseignants ne perdent pas la main. En développant la dimension tutorée, ils sont des éveilleurs d'intelligence et d'esprit critique".

Tous pour un, un pour tous

Mais inutile de disserter sur l'intérêt ou non des MOOC, "il faut faire et faire savoir, sinon ça ne sert à rien", insiste Jean-Marie Gilliot,  enseignant-chercheur au département informatique de Télécom Bretagne, qui a conçu en novembre 2012 l'un des premiers MOOC français. En précisant : "La force de Coursera ‎ c'est d'avoir été capable de faire du buzz. Nous devons en tirer la conclusion qu'il est nécessaire de nous fédérer pour nous faire connaître, car chacun d'entre nous est trop petit". En écho, Philippe Dedieu, directeur délégué aux TICE du CNAM, lance un appel : "les enseignants du CNAM sont convaincus de l'intérêt des MOOC. Seulement nous ne pouvons pas le faire seuls. Nous voulons travailler avec des partenaires."

Avec les MOOC, les enseignants ne perdent pas la main. En développant la dimension tutorée, ils sont des éveilleurs d'intelligence et d'esprit critique (A-C. Benhamou)


Face à l'avance des universités américaines, Thierry Curiale, directeur marketing e-education et MOOC chez Orange, répond alors qu'"il est urgent de constituer un acteur collectif majeur" en précisant l'intention de son groupe : "Nous souhaitons lancer une plate-forme dédiée aux MOOC francophones dès la fin 2013." Côté pouvoirs publics, un conseiller de la ministre de l'Enseignement supérieur prend la parole pour dire que "l'Etat est conscient des enjeux", prévient qu'il ne "vaut mieux pas partir en ordre dispersé" pour "une bataille qui n'est pas perdue" et annonce un projet gouvernemental [France université numérique] qui sera dévoilé en juillet 2013...

Un financement par produits dérivés

"La période est encore chaotique avec un foisonnement de projets et surtout un équilibre sur le modèle économique qui n'est pas encore trouvé", souligne pour sa part Jacques Bahry, président du FFFOD, l'association des acteurs de la formation ouverte. Rappelant que la gratuité est une caractéristique des MOOC, il ajoute : "Comme pour l'industrie du cinéma, les revenus viennent des produits dérivés comme la certification que l'on fait payer ou les bases de données qui peuvent être vendues. C'est aussi un investissement pour l'image de l'université et la notoriété des enseignants." Ce qui n'a pas de prix.

Emmanuel Vaillant | Publié le