C'est le branle-bas de combat au ministère après que L'Etudiant/EducPros a révélé, jeudi 8 juin 2017, qu'un tirage au sort avait eu lieu, pour la première fois, à l'entrée de la Paces (Première année commune aux études de santé) en Île-de-France, lors de la première phase d'admission d'APB.
Une réunion a été organisée, vendredi 9 juin 2017 au matin, rue Descartes, par le cabinet de Frédérique Vidal, ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation, et les représentants des sept UFR de santé franciliennes.
L'objectif annoncé du ministère ? trouver une solution pour les 857 candidats d'Île-de-France ayant demandé la Paces en vœu 1 absolu (c'est-à-dire en tout premier vœu, formations sélectives de type prépa incluses) et ayant été placés sur liste d'attente. En effet, si 1.004 candidats au total n'ont pas obtenu satisfaction, environ 150 d'entre eux n'ont pas formulé les six vœux requis sur APB et ne seront donc pas retenus.
Dans un communiqué de presse daté du 9 juin 2017, le ministère a en effet admis que, "contrairement à ce qui avait été annoncé par le précédent gouvernement, un tirage au sort a bien eu lieu en Paces en Île-de-France". Au niveau régional, sur 8.500 vœux 1 absolus de candidats prioritaires, seuls 7.650 ont reçu une proposition d'admission.
Après une heure de discussion, l'ensemble des acteurs s'est finalement mis d'accord pour accepter dès la deuxième phase d'APB, le 26 juin 2017, "tous les candidats du secteur d'Île-de-France ayant placé Paces en vœu 1 absolu." "C'est un engagement officiel", assure le cabinet de la ministre.
La répartition des étudiants supplémentaires n'est pas décidée
Mais comment près de 900 étudiants supplémentaires seront-ils répartis entre les sept UFR de santé de Paris 5, l'UPMC, Paris 7, Paris 11, Paris 12, Paris 13 et l'UVSQ (Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines), alors que les capacités d'accueil sont déjà saturées et les conditions d'études controversées ? Chaque UFR accueillera-t-il plus d'une centaine d'étudiants supplémentaires ? "Si l'engagement de prendre tous les vœux 1 en Paces du secteur a été pris, la répartition entre les universités n'a pas encore été décidée", déclare-t-on dans l'entourage de la ministre.
Les universités plus récentes ont plus de marges de manœuvre.
(F. Dardel)
Si toutes les universités misent sur "une forte évaporation des candidats", entre ceux qui n'auraient pas leur bac et les étudiants en réorientation – désormais traités sur APB – qui ne seraient pas éligibles, il apparaît d'ores et déjà que les universités ne réaliseront pas des efforts dans les mêmes proportions.
Frédéric Dardel, président de l'université Paris-Descartes, se montre plutôt ferme : "Les universités ne sont pas égales en matière de locaux. À Paris-Descartes, il est extrêmement compliqué d'augmenter la capacité d'accueil : les bâtiments sont anciens et la préfecture de Paris a même émis des réserves sur certains sites. Nous ne pouvons donc pas nous permettre de jouer avec la sécurité des étudiants", martèle-t-il, avant de préciser que "les universités plus récentes, à l'inverse, ont plus de marges de manœuvre".
De fait, certaines universités se montrent plus conciliantes, à l'image de l'UVSQ (université Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines). En 2016, l'université accueillait 898 étudiants et pourrait, selon Djillali Annane, doyen de médecine, accepter "une centaine" d'étudiants supplémentaires. Mais si le ministère lui demande davantage d'efforts, l'établissement demandera "à être accompagné en matière de ressources humaines ou financières", prévient-il.
Quel impact sur le numerus clausus ?
De son côté, Jean-Luc Dumas, doyen de médecine à Paris 13, se dit également "ouvert" et "prêt à s'adapter aux besoins du territoire" mais compte bien demander en contrepartie "une augmentation des numerus clausus" fixés pour les quatre filières de santé auxquelles la Paces donne accès (médecine, odontologie, pharmacie et sage-femme).
Nous demandons en contrepartie une augmentation des numerus clausus.
(J.L. Dumas)
Une demande qui semble avoir été entendue du côté du ministère, qui rappelle que les numerus clausus sont toujours fixés en novembre, une fois les chiffres définitifs des inscriptions connus. "Nous tenons alors toujours compte de l'évolution des effectifs afin que les étudiants soient dans une situation d'égalité, quelle que soit leur université. Cela sera particulièrement vrai cette année", explique l'entourage de la ministre, qui laisse entendre que des augmentations ciblées pourraient avoir lieu.
Par ailleurs, les candidats à la Paces en Île-de-France ne recevront leur affectation dans une UFR qu'une fois les résultats du baccalauréat tombés. Les étudiants sont en effet répartis entre les facultés en fonction des mentions obtenues au bac : l'objectif est de permettre à chaque UFR de santé d'avoir des populations d'un niveau à peu près similaires. Si les familles peuvent souffler, les tractations entre le ministère et les facs de médecine sont loin d'être terminées.
Si le cas de la Paces est extrêmement médiatisé, ce sont au total 169 formations de licence qui ont l'objet d'un tirage au sort lors de la phase 1 d'APB. Une hausse de plus de 100 % par rapport à 2016, puisque 78 mentions étaient concernées (et 189 en 2015). Le ministère a annoncé qu'une "cellule de suivi des admissions post-bac sera mise en place dès lundi 12 juin, et jusqu'à la fin du processus d'admission". Son rôle : coordonner l'action dans les académies, en lien étroit avec les universités.
Le cursus licence (Paces incluse) reste la filière la plus demandée en premier vœu, par 39,1 % des candidats. Parmi les L1 demandées en premier vœu, quatre mentions de licence recueillent 50 % des demandes : Paces (17 %), droit (14 %), Staps (11 %) et psychologie (7 %). Le taux de satisfaction sur le premier vœu lorsqu'il porte sur la Paces est de 93 %, de 76 % pour le droit, de 54 % pour les Staps et de 70 % en psychologie.