Sur le bureau des formations de l'université Paris-Descartes, une pile virtuelle de pas moins de 67.000 dossiers de candidatures de lycéens pour entrer en licence. Un chiffre moins effrayant qu'il n'y paraît pour le président de l'établissement, Frédéric Dardel : "Je n'ai pas l'impression d'une pression particulière. Il n'y a pas eu d'augmentation spectaculaire du nombre de vœux cette année, hormis en IUT où les candidatures augmentent de 10 %", relève-t-il à l'occasion d'une conférence de presse, mercredi 11 avril 2018.
Moins de candidatures sur Parcoursup
Sur Parcoursup, l'université enregistre même à l'entrée en licence une baisse des vœux confirmés par rapport à l'an dernier : 67.334 contre 86.964. Avec des disparités selon les formations : hausse en économie-gestion, sciences sociales mais baisse en Staps, en droit ou en psychologie. Cela ne signifie pas pour autant que les licences ne soient pas en tension. En Staps, la formation concentre plus de 5.000 candidatures pour 340 places et en Paces plus de 13.000 pour 1.450 places.
Frédéric Dardel se dit néanmoins confiant sur l'issue de la procédure pour satisfaire les vœux des lycéens : "Il n'y a pas de tension extraordinaire, donc beaucoup d'élèves devraient avoir leur premier choix même s'ils ne sont pas très bien classés." Même en Paces. "En Île-de-France, cela devrait rentrer", estime le président de Paris-Descartes. L'établissement a fait ses projections en se basant sur les vœux 1 de l'an passé et affiche la couleur pour les formations où cela se complique : Staps, psychologie, sciences de l'éducation ou encore éco-gestion. Des formations où le classement aura donc une importance toute particulière même si l'université a augmenté ses capacités d'accueil de 175 places dans les filières en tension.
Une prise en compte du lycée d'origine en Paces et en droit
Pour procéder au classement des dossiers, l'université met en avant une "approche adaptative" qui différera selon les formations. Première étape : analyser le profil des candidats pour voir si le comportement des lycéens s'est modifié sur Parcoursup : département d'origine, établissement d'origine, série... "Même si les règles ont changé, nous ne constatons pas de grand changement au travers du prisme de notre université", observe Frédéric Dardel.
Deuxième étape : procéder à un préclassement. Ce premier tri sera opéré par type de candidats (nouveaux bacheliers, réorientés) et par série de bac, puis les dossiers seront rassemblés et interclassés "pour préserver la diversité des publics". C'est là que les différences s'observent selon les licences. En Staps, psychologie et probablement maths-info, les commissions se serviront de l'outil d'aide à la décision du ministère. Quand en Paces, éco-gestion, droit et sciences pour la santé, les commissions utiliseront leur propre outil.
Un choix "de confort" pour Xavier Sense, le directeur de l'IUT de l'université. "Cela permet de travailler sans connexion internet et c'est plus simple quand on travaille sur des outils comme Excel, sur lequel on se sent plus à l'aise. Cela permet aussi une plus grande liberté", juge-t-il. En Paces et en droit, cette liberté permettra notamment aux formations de regarder le lycée d'origine pour pondérer les notes.
Le casse-tête des sciences de l'éducation
De leur côté, les licences de SHS (sciences sociales et sciences du langage) ont choisi une autre option : il n'y aura pas de classement des candidatures. Une question pas problématique pour le président de l'établissement dans la mesure où ces deux formations ne sont pas en tension. En revanche, la question est plus sensible en sciences de l'éducation, où la formation n'a pas encore arbitré son choix. "C'est en négociation. Ils nous ont dit que c'était trop dur et qu'ils ne sauraient pas faire. C'est embêtant...", relève Frédéric Dardel.
Pour simplifier la tache de la commission, l'établissement a procédé à un "modèle prédictif". Sur la base des "prérequis" de réussite des élèves en L1 dans la formation, l'université a établi un niveau minimal à avoir en LV1, au bac français, en histoire-géographie et en philosophie. "Avec ce préclassement, il reste 1.000 candidats", souligne Frédéric Dardel. Et d'ajouter : "Comme nous avons beaucoup de reprises d'études, nous pouvons regarder la lettre de motivation."
Le département a jusqu'à vendredi pour se décider. "Je sens qu'ils sont embarrassés. Nous avons trois options : soit ils suivent cette méthode et acceptent d'analyser les dossiers, soit c'est l'équipe de direction qui le fera, soit, si c'est une opposition de principe – et il faudra l'assumer –, nous remettrons le paquet au rectorat...", commente Frédéric Dardel. Avec cette dernière option, il s'agirait pour le président de l'établissement ni plus ni moins "d'un tirage au sort" mais "avec cette fois des lycéens qui n'ont pas tous fait cette formation en premier vœu".
Pas de "oui, si" mais...
Après le classement, viendra la dernière étape. Celle de l'analyse individuelle des dossiers pour les cas atypiques ou limites.
Et dans le classement final, l'établissement ne glissera pas de "oui, si". "Nous n'avons pas les ressources ni les locaux pour proposer une première année en deux ans", souligne Frédéric Dardel. En revanche, l'université a augmenté les places dans son dispositif Paréo qui recrute directement sur Parcoursup. "Et nous réorienterons dans ce parcours après les vacances de la Toussaint les étudiants à qui nous aurons dit oui mais qui auraient des difficultés. C'est un peu une acrobatie par rapport aux 'oui, si' mais cela correspond à la philosophie de ce que veut le ministère", assure Frédéric Dardel.
Du "surbooking" pour huiler la machine
L'établissement interclassera en revanche les boursiers dans son tri pour éviter de perdre de bons élèves avec la prise en compte des quotas a posteriori dans Parcoursup. L'université regardera aussi de près le cas des élèves "hors secteur" des autres académies d'Île-de-France. Deux ingénieurs pédagogiques vont venir en appui aux commissions sur "le back office" pour extraire les fichiers et faire les préclassements. Ce sont aussi eux qui rentreront les données au final dans Parcoursup.
Comme d'autres établissements, Paris-Descartes procédera à un "surbooking" au moment des premières réponses en augmentant la donnée d'appel sur Parcoursup. "Nous allons faire ce 'sur-appel' dès le premier jour pour aller plus vite et fluidifier le système. Nous sommes un peu inquiets de la réaction des lycéens à la mention 'en attente' et sur le fait qu'ils confirment bien leur choix au lieu de justement attendre...", relève le président de l'établissement. Et si tous les élèves appelés répondent présent ? "Il y a peu de risque", écarte confiant le président de Paris-Descartes.