"En arrivant à Télécom ParisTech, nous avons fait un constat : les électifs sont tellement nombreux qu'on choisit souvent les cours au hasard". Ainsi est née l'idée de créer Shapter, comme le relate Ulysse Klatzmann, cofondateur de la start-up. Avec son camarade Adrien Tibère-Inglesse, il a donc décidé de développer une plate-forme web où les étudiants pourraient commenter les cours, et in fine définir leur emploi du temps en connaissance de cause. Ouvert en janvier 2012, Shapter connaît un succès immédiat dans la communauté télécomienne.
Un outil d'aide au choix pédagogique
La plate-forme Shapter n'a pas vocation à se substituer à l'évaluation des cours, obligatoire dans beaucoup de grandes écoles. "C'est un plus pour l'établissement, souligne Ulysse Klatzmann. Ça plaît aux étudiants de parler à leurs pairs, et les contributions sont utiles pour les promotions suivantes." Si le projet a d'abord rencontré quelques réticences au niveau de l'administration, il a très vite reçu le soutien de la direction de Télécom ParisTech. "Le fait que ce ne soit pas un système d'évaluation mais un outil d'aide au choix pédagogique nous a intéressés, commente Jean-Pascal Jullien, directeur de la formation initiale de l'école. Cela permet aux élèves de mieux exploiter le catalogue pour définir leur parcours."
Et comme le fait Amazon pour les achats en ligne, Shapter livre des recommandations aux étudiants pour construire leur emploi du temps, grâce à un algorithme. "Le principe est simple : tu fais ça alors tu devrais aimer ça", résume Ulysse Klatzmann.
Pas de prof-bashing
Le principal frein à l'évaluation ouverte des cours est la crainte des attaques personnelles. "Dans les faits, les étudiants jouent le jeu et les commentaires sont de qualité", note le jeune entrepreneur.
La modération est néanmoins de rigueur et l'école a un droit de réponse. " Nous ne l'avons jamais utilisé car il est rare d'avoir un mauvais esprit, indique Jean-Pascal Julien. Il n'est pas toujours facile d'avoir une parole libre des élèves, c'est précieux."
étendre la plate-forme à d'autres établissements
Ecoles d'ingénieurs, business schools, universités… Tous les établissements d'enseignement supérieur sont dans le viseur de la start-up, qui a pour objectif d'être présente dans une dizaine d'établissements d'ici juin 2014. En cours de route, les deux Télécomiens ont été rejoints par un élève de Centrale Lyon, Alexandre Hervé, qui a facilité l'installation de la plate-forme dans son école.
La problématique trouve également écho à l'EM Lyon, partisane du parcours à la carte. "Nos étudiants doivent choisir parmi 300 cours et 50 parcours fléchés, c'est très compliqué, concède Patrice Houdayer, son directeur délégué. Et l'affaire se complexifie encore davantage sur le campus de Shanghai." D'où l'intérêt de l'école de commerce pour la plate-forme Shapter, qu'elle pourrait aussi ouvrir aux 350 étudiants internationaux qu'elle reçoit chaque année.
Reste à trouver un modèle économique viable pour les jeunes patrons, qui prévoient de mettre en place des contrats de visionnage des commentaires avec les établissements, tout en laissant l'accès gratuit pour les étudiants. "Nous voulons ensuite monétiser des services, comme la mise en avant des nouvelles formations, par exemple", indique Ulysse Klatzmann. L'étape suivante consistera à approcher les entreprises, qui ne devraient pas rester insensibles au principe algorithmique "tu as tel parcours donc telle offre d'emploi devrait t'intéresser"...