En France comme dans la plupart des pays, les métiers scientifiques souffrent d'un manque d'attractivité. ParisTech Review analyse ce phénomène, qui concerne aussi en amont les études "perçues comme difficiles, arides et peu prometteuses en termes de rémunération".
D'après le journal, "une partie de cette crise des vocations se joue dans un déficit d'image, qui tient peut-être au caractère hybride de leur activité. La figure de l'ingénieur n'a pas la netteté de celle du 'vrai' savant, pionnier de la découverte scientifique, ni l'éclat de ces nouveaux héros de l'aventure économique que sont les créateurs de startup ou les entrepreneurs à succès".
Paradoxalement, les progrès techniques, s'ils ont fait évoluer le métier d'ingénieur, ont également rendu plus difficile l'identification des jeunes. Et d'expliquer : "le gamin qui construisait un mécano pouvait se rêver en ingénieur automobile. C'est plus difficile pour un enfant d'aujourd'hui d'établir un lien entre ce qu'il sait faire et les prouesses technologiques qu'il admire dans les films".
Dans ce contexte, plusieurs pays tentent de mettre en place des dispositifs, tel le Council on Jobs and Competitiveness américain : les Etats-Unis consacrent dans ce cadre entre trois et cinq milliards de dollars par an depuis 2008 pour diplômer 10.000 ingénieurs supplémentaires chaque année.
En Chine, le "paradoxe de l'offre"
Une "reconquête" qui vise à prévenir la montée en puissance des pays émergents, notamment en Asie. ParisTech Review donne l'exemple de la Corée du Sud qui "a pris le taureau par les cornes et réalise des prouesses dans sa capacité à diriger ses meilleurs étudiants vers les études scientifiques (un étudiant sur quatre contre un sur vingt aux États-Unis !)". Cependant, Séoul fait encore figure d'exception.
En effet, si la Chine et l'Inde délivrent à elles deux 1,5 million de diplômes d'ingénieurs chaque année, les compétences de ces derniers ne sont pas au niveau de celles des ingénieurs occidentaux. L'article note ainsi que "la Chine souffre d'un 'paradoxe de l'offre' : le nombre de ses 'ingénieurs' diplômés est numériquement très élevé, mais le nombre de jeunes professionnels réellement capables de travailler selon les standards internationaux est bien moindre".
Reste que pour relever les défis posés par une société plongée dans l'économie de la connaissance, toutes les formations sont aujourd'hui amenées à se réinventer. ParisTech Review prône ainsi d'intégrer aux cursus non seulement le management mais aussi les sciences sociales et environnementales, le design et l'esthétique. L'ingénieur du XXIe siècle sera-t-il "l'honnête homme" de demain ?
Lire l'article de ParisTech Review : "Qui seront les ingénieurs de demain ?"