Le numérique, ce ne sont pas seulement de nouvelles pédagogies, ce sont aussi de nouveaux classements pour les universités...
Shanghai, le THE (Times Higher Education), le FT (Financial Times)… Ces classements traditionnels ne sont plus les seuls à jouer un rôle dans la réputation des établissements. D’autres émergent : Linkedin, qui réunit 338 millions de profils, est en train de produire des classements d’universités en partant de son immense stock de données. Le réseau social professionnel dispose en effet de statistiques sur des carrières entières. Ces classements permettent aux étudiants de voir quelle université les mènera le mieux vers le métier qu’ils visent.
C'est dans ces espaces que les étudiants vont chercher de l’information. Les universités doivent y avoir une stratégie. C’est une forme d’évaluation nouvelle. Pour peser dans ces rankings, une université a intérêt à ce que tous ses étudiants soient inscrits sur ces réseaux. C’est un défi majeur qui pose de nombreuses problématiques.
Cette question de l’e-réputation doit impérativement faire l’objet d’une réflexion et être traitée par les gouvernances de nos universités.
Je suis convaincu que d’ici peu de temps, Linkedin viendra voir les universités pour leur demander l’accès à leurs bases d’inscrits. Il faut au plus vite accompagner les étudiants à gérer leur présence dans ces espaces. Pour l’instant, ce qui se fait est encore artisanal, il faut que cela devienne systématique. La visibilité et la réputation des universités sont en jeu.
Je suis convaincu que d’ici peu, Linkedin viendra voir les universités pour leur demander l’accès à leurs bases d’inscrits.
Une nouvelle posture pour l’enseignant est également incontournable, rappelez-vous. Ne doit-il être plus qu’un coach ?
L’enseignant reste un "sachant", possédant un savoir, mais cela ne suffit plus. Le numérique ne va pas tuer l’université ou l’enseignant, comme on l’entend, mais transformer nos métiers. Il faut en effet ajouter des missions de coaching, de mentorat, où l’enseignant devient aussi un accompagnant. Beaucoup de nos collègues ne sont pas préparés à cette transformation. C’est cela qu’il faut accompagner, pour qu’ils puissent mettre en place des pédagogies du "faire" en trouvant du sens dans cette posture pédagogique.
Car cette nouvelle génération nécessite de mettre en place des dispositifs pédagogiques qui les positionnent en tant qu’acteurs, l’enseignant étant l’une des ressources qu’ils viennent solliciter quand ils sont bloqués. Il s’agit d’en faire des "makers", de développer le "learning by doing". Je suis d’ailleurs halluciné de voir ce qu’ils sont capables de faire lorsqu’on les place dans cette position !
L’une des questions clés est aussi de produire chez l’apprenant de la confiance en soi, pour qu’ensuite il progresse. Et ce n’est pas dans un amphi avec des méthodes traditionnelles que nous pouvons le faire. Le cours d’amphi à 800 ne fonctionne plus. J'en suis convaincu.
Les universités ont-elles aujourd'hui les moyens de mener de telles mutations ?
Ce n’est pas une question de moyens, mais de culture. Il faut avant tout que les établissements prennent la mesure de l’enjeu et s’en saisissent.