Unef, Fage, Snesup, Sgen-CFDT… Les élus du Cneser (Conseil national de l’enseignement supérieur et de la recherche) ont voté en majorité contre le décret réglementant la sélection en master, ou se sont abstenus, le 18 avril 2016.
Tous défendent en revanche la nécessité d’aboutir à une véritable solution, à l’issue de la concertation qui s’ouvre avec le ministère de l’Enseignement supérieur.
La fin de la sélection en M2… ou presque
Un point recueille déjà une certaine unanimité : la dénonciation de la sélection actuelle entre master 1 et master 2. "Nous voulons supprimer cette barrière pour faire du master un cycle cohérent sur deux ans, souligne Alexandre Leroy, président de la Fage. Et retravailler l’ensemble des masters pour qu’il n’y ait plus, comme dans certains secteurs, des M1 très généralistes et des M2 très spécialisés."
Concernant les situations particulières – en droit où certains concours demandent un bac+4, ou en psychologie avec des masters 2 aboutissant à des professions réglementées –, les positions ne sont pas forcément tranchées.
"Nous lançons une consultation auprès des personnels pour faire remonter les pratiques du terrain, afin de trouver les solutions les plus adaptées à chacun", confie Hervé Christofol, secrétaire général du Snesup.
Une sélection à l’entrée du M1 plus ou moins assumée
Des divergences plus franches apparaissent quant aux règles alternatives à mettre en place, à l’entrée du master. Pour la Fage, c’est un système APL (Admission postlicence) qui doit voir le jour. Avec une sélection à l'entrée du master 1 donc.
"Chaque étudiant doit en revanche avoir accès à au moins l’un des masters de son choix sur son site d’études, décrit Alexandre Leroy. Comme c’est le cas aujourd’hui dans APB (Admission postbac) pour les licences." Une ligne que partage le Sgen-CFDT.
un portail d'entrée en master
La CPU (Conférence des présidents d’université) porte, elle, un discours en faveur d'une conciliation entre le droit de tous les étudiants à la poursuite d’études et l’existence d’une sélection à l'entrée du master, sur des critères fixés par chaque fac. "Ce qui est tout à fait possible, étant donné que le nombre d'étudiants en L3 et en master est sensiblement le même", décrit son président, Jean-Loup Salzmann.
"Nous préparons une cartographie des masters avec l’Amue [Agence de mutualisation des universités et établissements] qui sera prête dans les semaines qui viennent. Dans un second temps, cela pourrait devenir une plateforme pour déposer les candidatures, un portail d'orientation vers le master", décrit-il.
Au Snesup en revanche, la sélection en M1 est soutenue du bout des lèvres, par défaut, avec un principe de réalité. "Nous sommes opposés à la sélection car la démocratisation de l'enseignement supérieur est l'une de nos valeurs fondamentales, rappelle son secrétaire Hervé Christofol. Mais, étant donné le manque de moyens des établissements, qui ne peuvent ouvrir plus largement les masters, s'il faut une sélection, elle est plus pertinente à l'entrée du master 1."
L’UnEF s'oppose À toute sélection
Du côté de l'Unef par contre, on s'oppose clairement à toute sélection à l'entrée du master 1. "Il est hors de question d’ouvrir le débat à ce niveau. Il n'y a aujourd'hui pas de sélection entre la L3 et le M1 et pas de problème", avance Martin Bontemps, vice-président du syndicat étudiant.
"Les solutions sont à trouver entre le M1 et le M2 : le nombre de masters sélectifs figurant dans la liste du décret nous semble bien trop important, détaille l'étudiant. Et surtout : nous défendons la mise en place d'un droit à la poursuite d’études en master 2. Chaque étudiant de M1 doit avoir une place garantie en M2 dans le même grand domaine de formation et dans le même établissement. Une responsabilité qui revient aux universités."
Quatre mois ne seront pas de trop pour trouver la voie du compromis.
– Le dernier rapport du comité de suivi Master : "Avis et recommandations : Les conditions et modalités d'accès au master" (Pdf - mai 2015)