Il aura fait couler beaucoup d’encre. Le décret qui dresse la liste des M2 sélectifs pour la rentrée 2016 est paru au Journal officiel du 27 mai. L’aboutissement de plusieurs mois de tension entre étudiants, présidents d’université et le ministère, suite à la décision du Conseil d’État en février dernier. L'instance a jugé illégale toute sélection en master en l’absence d'un décret fixant une liste limitative des formations pouvant sélectionner.
Le texte règlementaire publié au Journal officiel – à quelques ajustements près le même que celui examiné en Cneser (Conseil national de l’enseignement supérieur et de la recherche) à la mi-avril 2016 et rejeté par les élus – liste environ 1.300 mentions de master 2 sur les 3.000 existantes issues de 80 établissements (les universités, ainsi que l’EHESS, l’EPHE, l’Inalco, l’École des chartes, le Muséum national d'Histoire naturelle ou encore les Écoles normales supérieures).
Dans ces masters, le décret prévoit que "l’admission en seconde année peut dépendre des capacités d’accueil de l’établissement d’enseignement supérieur telles qu’il les a fixées et, éventuellement, être subordonnée au succès à un concours ou à l’examen du dossier du candidat, selon des modalités définies par l’établissement".
un décret qui ne change rien ?
Reste à déterminer l’impact du texte sur les pratiques des universités. Pour certains présidents, cela ne changera rien. "Heureusement que cette liste est là pour sécuriser certains masters. Mais pour ceux n’y figurant pas et sélectionnant à l’entrée, ils continueront à fonctionner comme avant", avance Jean-Loup Salzmann, président de la CPU (Conférence des présidents d’universités).
À Cergy-Pontoise – dont seule la moitié des masters a été retenue sur la liste, contrairement à la demande de l’établissement –, le président, François Germinet, a pour sa part, donné une autre ligne à ses directeurs de master 2. "Pour 100% de nos masters, nous continuerons à demander aux candidats leurs dossiers, décrit-il. En revanche, pour les masters hors liste, s’ils ne souhaitent pas retenir un candidat, ils donneront désormais un conseil d’orientation à l'étudiant." Pour les étudiants issus d’un autre établissement ou d’une autre mention de M1, un refus sera encore possible.
Pour 100% de nos masters, nous continuons à demander les dossiers aux candidats.
(F. Germinet)
Le décret prévoit en effet une subtilité dans ces deux cas de figure : l’inscription de l’étudiant est "subordonnée à la vérification par le responsable de la formation dans laquelle l'inscription est demandée que les unités d’enseignement déjà acquises soient de nature à lui permettre de poursuivre sa formation en vue de l'obtention du master".
En revanche, les notes "seuil" appliquées jusqu’ici dans certains master 2 – une moyenne minimale demandée aux étudiants de master 1 pour avoir une place en master 2 – ne devraient plus être appliquées dans les masters absents de la liste du décret, selon François Germinet. "Maintenant, nous allons voir comment cela se passe. Il est aussi possible qu'en réaction, les jurys de master 1 se durcissent", pronostique l'universitaire.
Une situation complexe que les acteurs de la communauté universitaire – présidents et étudiants – espèrent provisoire. La concertation à plus long terme lancée par Thierry Mandon a pour objectif d'aboutir à des solutions pérennes.
- Sélection à l'université : 1.300 masters, 2 concernés, et les autres ?