Aller sur l'Etudiant Newsletter Mon compte

Sportifs de haut niveau : écoles et universités testent leur souplesse

Assia Hamdi Publié le
Sportifs de haut niveau : écoles et universités testent leur souplesse
Pour accueillir au mieux les sportifs de haut niveau dans leurs formations, les établissements d'enseignement supérieur doivent faire preuve d'agilité et de souplesse. // ©  Grenoble INP - Alexis Chézières
Suivi pédagogique, examens, rattrapage de cours : les universités et écoles qui accueillent des sportifs de haut niveau adaptent leur pédagogie aux besoins de ces étudiants. Retour sur des recettes qui marchent, à l’occasion des Jeux olympiques de Rio, qui se dérouleront du 5 au 21 août 2016.

Former des étudiants-sportifs de haut niveau exige de composer avec les entraînements, les compétitions et donc les absences aux cours. Les établissements ont choisi chacun sa recette pour que la formation proposée aux athlètes se conjugue au mieux avec leur quotidien. Certains optent pour des parcours spécifiques, d'autres pour un accompagnement individualisé... Ce qui est sûr, c'est que les établissements doivent faire preuve d'agilité et de souplesse, pour accueillir au mieux ce public particulier.

À la recherche du bon rythme

En 2001, lorsque la filière "sportifs de haut niveau" a été lancée à l'EMLV, école de commerce installée à Paris-la Défense, les étudiants-sportifs étaient séparés de la filière classique. "En tant que sportifs, ils avaient l'habitude d'être choyés par leur fédération et leur club, raconte Philippe Wagner, responsable pédagogique de la filière sportifs de haut niveau de l'établissement privé. Cela s'est poursuivi lors de leur arrivée à l'école. Lorsqu'on a vu qu'on les chouchoutait trop, nous avons changé notre approche pédagogique."

Depuis deux ans, la centaine d'étudiants-sportifs partage certains travaux de groupe avec les étudiants de la filière classique. " Cela les responsabilise et accélère leur maturité", justifie Anthony Manchado, responsable du département des sports de l'EMLV.

À l'université Paris-Dauphine, les étudiants-sportifs sont regroupés dans un cursus spécifique accessible dès la L1. Baptisé Dauphine Talents, il accueille 35 élèves par promotion, est destiné aux athlètes, mais également aux artistes et aux jeunes entrepreneurs. Depuis 2015, des cours de méthodologie sont intégrés au programme. "Nous avions remarqué que les jeunes mettaient parfois un semestre à s'adapter au rythme de la formation", justifie Paul Deshays, responsable du cursus. Un changement de maquette, qui permet aux élèves d'être mieux accompagnés au quotidien.

À l'EMLV, la centaine de sportifs partage des travaux de groupe avec les étudiants de la filière classique. Cela les responsabilise et accélère leur maturité. (A. Manchado)

Un accompagnement cousu main

Leurs étudiants-sportifs étant engagés dans des dizaines de disciplines sportives, certains établissements ont opté pour un suivi individualisé. L'objectif : que les athlètes ne soient pas perdus, lors de leur retour de compétition. Des rendez-vous personnalisés sont programmés chaque semaine à l'EMLV, pour vérifier "que chaque élève dispose de tous les cours et de tous les sujets d'examen", précise Anthony Manchado.

Pour les partiels, certaines structures font même du cas par cas. Une étudiante-basketteuse inscrite en deuxième année à l'Insa de Lyon, dont les examens se déroulaient pendant l'un de ses stages en équipe de France, "a passé ses épreuves à distance", relate Michel Bouvard, directeur de la section sport de haut niveau au sein de l'école d'ingénieurs. Ce mode de fonctionnement est assez fréquent.

La mutualisation, pour alléger l'effort

Mais cet accompagnement personnalisé prend du temps et nécessite des moyens humains importants. Certains établissements ont trouvé une solution pour simplifier l'effort : la mutualisation. Celle-ci est particulièrement nécessaire dans certains cursus où les étudiants-sportifs sont nombreux, à l'image de Grenoble INP, qui compte 78 athlètes dans l'ensemble de ses écoles.

"En cas d'absence, les élèves se regroupent, font une demande d'autorisation d'absence collective et anticipent avec l'enseignant les cours qu'ils vont rater, explique Emmanuelle Zanders, responsable du suivi des sportifs de haut niveau au sein de l'INP. Ensuite, l'enseignant et le responsable des études organisent un cours de rattrapage commun."

De son côté, l'EMLV a tissé un partenariat avec les entraîneurs nationaux pour que tous les étudiants-judokas, qui évoluent dans des clubs de première division, fassent leur premier entraînement quotidien à l'école, juste avant le début des cours. "Nous avions déjà un dojo, nous l'avons mis à disposition des entraîneurs. En supprimant les trajets, cela fait économiser aux jeunes le temps d'un aller-retour par jour", se réjouit Anthony Manchado. Un gain de temps précieux, pour potasser un partiel de maths. Ou un Ippon.

Sélection des SHN : prime aux résultats scolaires
Même chez les sportifs, le niveau scolaire est le premier facteur déterminant lors de l’admission.

Certains établissements appliquent à ce public particulier les mêmes critères qu'aux autres étudiants. D’autres fixent des exigences spécifiques, à l’image de Dauphine Talents, qui s’intéresse plus particulièrement au niveau en mathématiques.

Une fois le dossier scolaire validé, c’est le niveau sportif qui est étudié. Si tous les établissements se fondent en premier lieu sur la liste du ministère des Sports, la plupart élargissent le spectre, en fonction des disciplines notamment. À niveau scolaire égal, c’est le sportif le plus performant qui sera choisi.

Assia Hamdi | Publié le