Les Mooc n'en finissent pas de se décliner. Voici désormais les formations 100% Mooc débouchant sur un diplôme ou un titre. Depuis le 2 juillet 2015, les candidats intéressés par le cursus de “chef de projet multimédia” de l'Iesa n’auront plus besoin de se déplacer. Le programme proposé par l’école multimédia du réseau Studialis, validé par un titre RNCP de niveau II, est désormais disponible sur la plateforme de cours en ligne OpenClassrooms.
Sous la houlette d'un consultant spécialisé, le groupe privé d'enseignement supérieur et le pure player ont transposé les blocs de compétences de la formation présentielle en une quarantaine de Mooc : 10 de tronc commun et 10 autres par parcours de spécialisation : développement, ditigal marketing, digital design.
support gratuit, encadrement payant
Conformément à la philosophie des Mooc, ces cours sont accessibles gratuitement et sans prérequis officiel, mais, économie oblige, la certification, elle, est payante à raison de 300 euros par mois et de six mois d'abonnement minimum, soit 1.800 euros.
L'étudiant qui souscrit à la formule payante aura ainsi la possibilité de suivre la formation à son rythme, de télécharger des contenus, mais surtout d’être “mentoré” par visioconférence. L'expert – professeur ou professionnel – validera notamment à travers un portfolio les compétences opérationnelles acquises dans le cadre des "cinq exercices grandeur nature". "Les Mooc peuvent transmettre des connaissances mais un titre RNCP se valide sur des compétences", relèvent OpenClassrooms et Studialis.
Dans l'esprit de la VAE (Validation par les acquis de l'expérience), un jury constitué de représentants de l'Iesa, décidera la délivrance ou non du titre.
UN nouveau Modèle ?
“C’est la première fois qu’une école propose la totalité d'un cursus sous forme de Mooc et le diplôme ou le titre qui va avec, assure Michel Augendre, conseiller en innovation pédagogique chez Studialis. Ce que nous sommes en train de faire marque sans doute le début d’un nouveau modèle avec des cursus complètement digitaux et des certifications reconnues par les institutions publiques.”
Matthieu Cisel, doctorant à l'ENS Cachan en sciences de l'éducation sur les Mooc, est plus pondéré : "Les universités proposent depuis longtemps des DU, des licences ou des masters via la formation à distance. Toutefois, en général, les contenus sont fermés dans la mesure où seuls ceux qui paient peuvent y avoir accès. La principale nouveauté réside ici dans le fait que les supports de cours soient gratuits et ouverts à tous, l’encadrement restant payant. C’est une tendance vraiment intéressante !”
La principale nouveauté réside ici dans le fait que les supports de cours soient gratuits et ouverts à tous, l’encadrement restant payant.
(M. Cisel)
Plus rapide qu'une formation en classe – il faudra en moyenne 12 mois pour boucler le cursus, contre trois ans en postbac –, elle est aussi beaucoup moins onéreuse : 3.600 euros pour 12 mois à distance contre 20.000 euros pour trois ans en présentiel... N'y a-t-il pas alors un risque de cannibaliser les formations en présentiel existantes ? Pour Michel Augendre, la réponse est non : “Elles ne répondent pas aux mêmes attentes, et n’offrent pas la même expérience. Au contraire, nous faisons le pari de développer le marché.”
Développer le marché
Au-delà des étudiants hexagonaux, OpenClassrooms et Studialis visent ainsi un public francophone plus large – et notamment africain – composé de professionnels en reconversion.
Le groupe d'éducation qui a signé un contrat de droit d’auteur avec OpenClassrooms touchera une partie des frais d’abonnement versés par les étudiants premium et un pourcentage supplémentaire sur chaque certification.
Cependant, pas question d'anticiper les futurs revenus tirés de tout ça pour Michel Augendre. “Nous sommes dans une phase d’innovation pédagogique à travers laquelle nous allons sans doute apprendre un certain nombre de choses. Après une première vague d’une centaine de certifications, nous verrons les leçons à en tirer, mais pour l’instant il est trop tôt !” Rendez-vous dans quelques mois...
Comment un Mooc qui n’a pas encore d'élèves peut-il prétendre délivrer une certification RNCP ? Parce que “le Mooc qui est un dispositif de formation, n’est pas certifiant en lui-même, c'est l'évaluation des compétences acquises au cours de cette formation et leur sanction par un jury de l’Iesa, détenteur du titre RNCP, qui l'est”, explique Michel Lemberg, chargé de mission à la CNCP.
L'Iesa est donc libre de s'appuyer sur son titre RNCP "chef de projet multimédia" (niveau II). Pour l'instant bloqué à la CNCP (Commission nationale des titres professionnels), chargé de délivrer les titres RNCP, pour cause d'embouteillage, il devrait être prochainement renouvelé.
D'après Michel Lemberg, l'initiative de Studialis et d'OpenClassrooms va permettre de gagner en lisibilité : “D’ordinaire, les candidats ne disposent pas d’informations suffisamment précises sur les conditions d’évaluation et de certification de la formation à distance, là, l’Iesa va les afficher clairement sur son site !”