Président de la fondation HEC, Daniel Bernard peut afficher une mine réjouie. Lancée en octobre 2008, la campagne de levée de fonds a permis à l'école de récolter en 5 ans 112 millions d’euros de dons, soit 12 de plus que l'objectif initial.
La soirée annuelle des donateurs, qui se déroulait le 19 novembre 2013 à la Cité de l’architecture et du patrimoine au palais de Chaillot, a été l'occasion de dresser le bilan de cet oxygène financier qui apporte 10% de ressources supplémentaires à l'école chaque année.
Générosité des alumni
Au total, 70 entreprises ont apporté leur soutien à HEC, représentant 43% des dons récoltés. Les 57% restants viennent de donateurs individuels, principalement parmi les 45.000 alumni, même si 200 élèves non encore diplômés ont aussi versé leur écot.
Au-delà des premiers cercles, HEC bénéficie de la contribution de donateurs de luxe que sont certains grands patrons français passés par Jouy-en-Josas : Jean-Paul Agon (L'Oréal), Henri de Castries (Axa) et Daniel Bernard lui-même (ancien président de Carrefour) ont déboursé plus d'un million d'euros, François-Henri Pinault plus de 2, tandis que la donation de Pierre Bellon (Sodexo) dépasse les 5 millions d’euros. Champion toute catégorie, le discret fondateur d’Adecco, Philippe Foriel-Destezet (HEC58) a contribué à lui seul pour plus de 10 millions d’euros.
A leur niveau, les étudiants ont aussi pris part à la mobilisation en organisant un don de promotion collectif, appelé "class gift". Le principe : les élèves de troisième année s’organisent pour donner une somme conséquente à la Fondation qui servira au financement de bourses sociales. Cette traditionnelle initiative collective séduit : à la fin de leur scolarité 90% des étudiants y participent.
Des fonds majoritairement alloués au fonctionnement de l'école
Où va l'argent levé ? Un tiers des 112 millions a été capitalisé pour constituer un "endowment", c'est-à-dire apporter une dotation pérenne à l'école, deux tiers ayant été alloués à l’établissement pour son fonctionnement, notamment dans le domaine de la recherche : outre la rémunération de chercheurs internationaux, HEC compte que 61 projets de recherche ont pu être financés par la fondation, 450 articles publiés, tandis que, depuis 2008, une dizaine de doctorants reçoivent chaque année une aide financière.
"Fruits de cette recherche, plusieurs innovations pédagogiques comme la majeure Alter Management, le certificat Social Business et l'incubateur, ont pu être créées", souligne la direction de HEC. Des chaires d’entreprises sur des thématiques d’actualité ont également été inaugurées, comme Google@hec ou Digital Innovation for Business.
Le ressort du don : les bourses et l'égalité des chances
"Les gens expriment un avis unanime pour l’aide aux boursiers", constate Daniel Bernard, HEC54 qui a lui-même bénéficié à l'époque d'une bourse.
La politique d’égalité des chances menée depuis six ans par la Fondation HEC est un des principaux ressorts du succès de la campagne. Depuis 2009, HEC exonère intégralement les boursiers d’Etat CROUS de leurs frais de scolarité. Un millier d'étudiants ont déjà bénéficié de cette gratuité totale, et 135 élèves de classes préparatoires ont reçu une bourse dans le cadre du programme d'égalité des chances HEC pour tous.
Un geste d'ouverture même s'il ne suffit pas à gommer les effets liés à la reproduction sociale : la grande école de commerce compte actuellement 12% de boursiers sur critères sociaux en première année. Mais HEC affirme vouloir poursuivre cette politique, ambitionnant d'atteindre "une diversité sociale qui sera une référence", comme le dit Bernard Ramanantsoa.
Le directeur de l'école rêve aussi d’accueillir d’ici cinq ans les meilleurs enseignants-chercheurs internationaux et, avance-t-il, "pourquoi pas les Prix Nobel d’économie ?". HEC veut également investir dans le digital : début 2014, elle lancera ses premiers MOOC sur la plate-forme américaine Coursera. Des ambitions que, dans le contexte économique actuel, l'école compte porter grâce à la générosité des donateurs.
"Vous avez dit Campagne Silencieuse ? Quand les théories américaines du fundraising ne se vérifient pas en France...", un billet de notre blogueur EducPros Gilles Gleyze.