L'innovation pédagogique, la "dynamique de réseaux", la maîtrise "d'une 3e langue technologique" (comprendre une culture scientifique), la "rescomptable attitude" (des managers responsables capables de rendre compte de leur choix) et "une escale permanente". Tels sont les ingrédients de la nouvelle stratégie très marketée de Toulouse Business School présentée jeudi 21 février 2013 par Pierre Dreux, qui a succédé en juin 2012 à Hervé Passeron à la direction de l'école de commerce toulousaine.
"Il faut former des managers agiles dans un monde imprévisible...", insiste l'ancien directeur adjoint de Centrale Lyon. Dans une société marquée par un besoin constant d'innovation, il veut faire de l'école "un hub de formation et de recherche national et international [...] où l'on peut venir et atterrir pour reprendre de la connaissance, avant de repartir." Ainsi, l'étudiant devra pouvoir bénéficier d'une aide renforcée à la construction de son projet professionnel pendant son passage par l'école et après. "Chaque diplômé ouvrira un log book, faisant un état des lieux de ses compétences et de ses connaissances, qu'on lui proposera de nourrir tous les deux ou trois ans", précise Pierre Dreux. "Ce service RH doit répondre à la demande de changement d'entreprise et permettre aux managers d'être les entrepreneurs de leur propre carrière."
L'école triplement accréditée (EQUIS, AMBAA, AACSB) qui compte actuellement 4.200 étudiants, se donne pour objectif de passer de "90 à 110 professeurs permanents d'ici à 5 ans".
Une logique de réseaux
Pour mettre en œuvre ce plan fondé essentiellement sur une croissance à l'international (doublement des effectifs du nouveau campus de Casablanca d'ici à 5 ans et croissance significative du campus de Barcelone), de la filière bachelor et de la formation continue, Pierre Dreux entend privilégier "une logique de réseaux" via des partenariats ciblés. Du moins, pour l'instant.
En effet, Pierre Dreux ne s'interdit rien à l'avenir, y compris un rapprochement avec KEDGE (BEM-Euromed), un temps évoqué... "Rien n'est définitivement arrêté [...] Si demain je trouve un partenaire avec lequel nous sommes en phase sur le bachelor, sur le programme "grande école" et les masters, on sera légitime pour se poser la question d'aller plus loin. Mais dans la réflexion actuelle, on est plus sur cette dynamique de réseaux", a-t-il répondu sur une éventuelle fusion avec KEDGE. Et d'ajouter : "La réflexion sur la dynamique de réseaux est en cours. Nous nous sommes fixés sur des échéances fin avril."
Cette logique de réseaux prend déjà des formes variées : échanges d'étudiants sur les campus étrangers avec Euromed, créations des bachelors "Hospitality management" avec l'école Savignac ou "management et commerce du vin" avec la CCI du Lot, accord avec l'école doctorale de l'université de Toulouse en matière de recherche, etc.
Un campus à Paris en 2014
Un peu à la manière du campus commun ESC Normandie-GEM (Grenoble école de management), l'ESC Toulouse annonce également le renforcement de son implantation francilienne avec l'ouverture d'un campus, "vraisemblablement avec un autre partenaire". L'objectif est d'accueillir 150 étudiants d'ici trois ans, soit trois fois plus qu'actuellement dans les locaux d'Issy-les-Moulineaux ouverts il y a un an et demi. Il s'agira essentiellement de programmes en formation continue.
Le développement de partenariats doit également permettre de favoriser chez les futurs managers l'acquisition d'une culture scientifique. C'est notamment le sens du renforcement des liens avec l'ENAC (Ecole nationale de l'aviation civile) qui débouchera à la rentrée 2013 sur la création d'une nouvelle filière aéronautique. Elle couvrira l'ensemble de l'offre de formation de l'ESC, du bachelor au MBA (développement de l'actuel Aerospace MBA), en passant par le programme "grande école" avec la création d'un double diplôme.
Dans le même esprit, un autre double-diplôme, cette fois avec Sciences po Toulouse ouvrira en septembre prochain dans le cadre du master "grande école".
Pas de croissance du programme grande école
Le programme "grande école", en phase de "consolidation pour s'adapter aux besoins du marché" ne connaîtra pas de croissance de ses effectifs. L'évolution interviendra dans la composition des promotions : "Nous allons essayer d'attirer plus d'étudiants étrangers tout en veillant à maintenir un équilibre entre les nationalités", précise Isabelle Assassi, directrice du programme.
Plus globalement, la nouvelle direction met l'accent sur le besoin d'évolution. Un laboratoire d'innovation pédagogique, ouvert aux autres acteurs du PRES de Toulouse, devrait ouvrir fin 2013 dans les locaux de l'ESC : "Aujourd'hui, par exemple on se pose la question du business model pour les MOOC [Massive Open Online Courses], pour y répondre, il faut travailler à plusieurs. Cet espace nous y aidera", commente Pierre Dreux.
L'innovation passe aussi par la multiplication des "espaces de contact" avec le monde scientifique. Au menu : lancement du programme de conférences "Physics for future presidents", partenariats avec des incubateurs d'écoles d'ingénieurs, "reverse mentoring", etc.
Toulouse Business School dispose actuellement d'un budget annuel de 43.4 millions d'euros, dont 33 millions de ressources propres. D'ici à cinq ans, "l'objectif est de dépasser 40 millions d'euros de ressources propres", indique Pierre Dreux, précisant qu'il est difficile de donner un chiffrage plus précis dans la mesure où certains périmètres comptables risquent d'évoluer avec le changement de statut de l'école.
Depuis son arrivée, le directeur poursuit la réflexion sur l'évolution de statut avec la chambre de commerce et d'industrie de Toulouse, dont dépend TBS, engagée par son prédécesseur. Objectif : doter l'école d'un statut assocatif qui lui garantisse "une meilleure compétitivité" dans certains domaines, tout en conservant la CCI comme principal actionnaire.
Le travail "est déjà très avancé", assure l'école de commerce qui avance prudemment. Si le projet imaginé pour l'instant ressemble à ce qui a pu se faire dans d'autres écoles de commerce, TBS ne s'interdit pas de le faire évoluer en fonction du résultat des travaux menés par la CCI de Paris et les autorités de tutelle sur le nouveau statut d'HEC. Dans tous les cas, la question devra être tranchée pour septembre 2013.