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Idex : à Toulouse, pas de fusion, mais plus d'intégration

De notre correspondant à Toulouse, Frédéric Dessort Publié le
Idex : à Toulouse, pas de fusion, mais plus d'intégration
Une lettre d'engagement a été signée le 30 septembre 2016 par neuf présidents et directeurs d'établissements de l'UFTMP. Le projet d'établissement doit, lui, être formalisé d'ici à la fin de l'année 2016. // ©  Aurélie Garriga / UFTMP
Neuf présidents et directeurs des principaux établissements de l'Université fédérale de Toulouse s'engagent sur la voie d'une grande université intégrée. Si le modèle fusionné semble être écarté, des interrogations demeurent sur le mode de gouvernance du futur ensemble.

Le projet d'une grande université toulousaine avance à grand pas. Contraints par l'échec à l'Idex à repenser sa gouvernance, le conseil des membres de l'UFTMP (Université fédérale de Toulouse-Midi-Pyrénées), composé des dirigeants des principaux établissements de la ville, planche sur un scénario de plus forte intégration du site.

Cette orientation a fait l'objet d'une lettre d'engagement, signée le 30 septembre 2016 par neuf présidents et directeurs d'établissements de l'UFTMP (la Comue, les universités Jean-Jaurès et Paul-Sabatier, l'INP Toulouse, l'INSA, l'ISAE, l'Enac, Science po, et l'Institut national universitaire de Champollion).

Le texte, qui engage ses signataires et non leur établissement, dresse le portrait d'un grand établissement à la gouvernance plus centrale, gérant les écoles doctorales et délivrant les masters. Le modèle de l'université de Lorraine a été particulièrement étudié par les membres.

"Il ne s'agit pas pour autant de fusionner les établissements, ce que nous rejetons, même si cette option a été mise sur la table par le Comité d'orientation stratégique (Cos). Nous nous appuyons sur ce dernier, mais il n'est pas décisionnaire", prévient Philippe Raimbault, président de l'UFTMP. Nous recherchons une structure ad hoc, qui combinerait les avantages d'un grand établissement avec le maintien des personnalités morales des établissements."

toulouse 1 sceptique

Soutenue par une majorité des membres de l'Université fédérale, l'initiative ne fait pourtant pas l'unanimité. Toulouse 1-Capitole a ainsi décidé de se départir du projet. Pour une raison essentielle, souligne Corinne Mascala, la nouvelle présidente de l'université.

"Dans ce document, il est indiqué que les objectifs de transformation du site pourront se faire 'quelle que soit la forme juridique' choisie. J'ai demandé à ce que l'on retire cette mention, ce qui m'a été refusé. Cela signifie en clair que la fusion n'est pas exclue." Une option inacceptable pour la présidente de Toulouse 1. 

"La fusion signifierait de partager des cultures, des historiques, des modes de fonctionnement très différents. Pire : à partager les dettes. Il nous paraît évident que nous ne pouvons participer à éponger les pertes considérables de l'université Paul-Sabatier. D'autant plus que nous sommes l'établissement le moins doté, avec un budget d'environ 5.000 euros par étudiant", ajoute-t-elle.

En creux, c'est également un autre modèle que porte Corinne Mascala. "Nous avons fait une proposition qui consiste à construire un établissement qui délivrerait doctorats et masters interdisciplinaires. Il accueillerait les chercheurs des laboratoires d'excellence, mais dans un périmètre évolutif", défend-elle.

Une conception du regroupement qui ne convainc pas certains de ses collègues. Pour Daniel Lacroix, président de l'université Jean-Jaurès, elle est même problématique : "Je m'interroge sur l'effet structurant de ce modèle. Effet structurant que nous demande pourtant le Commissariat général à l'investissement (CGI)."

un projet d'établissement avant 2017

Si le projet signé le 30 septembre recueille la majorité des suffrages, il contient malgré tout plusieurs points, délicats, qui nourrissent les interrogations des membres. Sur le plan de la gouvernance, les décisions stratégiques votées par le conseil d'administration viendront-elles s'imposer aux établissements ?

"Si nous voulons vraiment mettre sur pied un modèle d'intégration forte, les décisions doivent être prises au niveau central. Symboliquement, nous devrons désormais être capables de raisonner en disant 'nous', et non plus 'ils'", tranche Philippe Raimbault.

Sur le dossier des ressources humaines, là encore, le curseur reste à positionner. "Dans mon optique, la future entité devra définir des préconisations globales de recrutement. Par exemple : l'ouverture l'international, le partage des politiques de recrutement entre établissements, en créant des commissions mixtes, explique Olivier Simonin, président de l'Institut national polytechnique de Toulouse. Pour ce qui est des BIATSS, également, la formation de ces personnels devra être mutualisée et leur mobilité dans le site facilitée. Mais il ne s'agit pas non plus qu'une entité centrale désigne les affectations ou décide des pratiques de recrutement particulières aux établissements..."

Quant à la formation, si le grand établissement délivre les masters, jusqu'où iront ses prérogatives ? L'image d'un regroupement universitaire à deux vitesses ressurgit, avec, d'un côté, un site rassemblant l'excellence, en particulier la gestion des masters et doctorats, qui échapperait ainsi aux établissements. "J'entends ces craintes, qui sont légitimes, mais ce n'est pas la direction qui est prise", répond Philippe Raimbault.

"Il ne s'agit pas de gérer ni de transférer l'intégralité des masters, mais de continuer à développer les masters de site et de les délivrer, ce qui est un pas supplémentaire." D'ailleurs, le président de l'Université fédérale n'exclut pas de faire de même avec certaines licences.

Pour promouvoir le projet, un site vient d'être lancé. Les dirigeants veulent aller vite : un projet d'établissement cible devrait être formalisé d'ici à fin 2016, avant de le présenter dans la foulée aux conseils d'administration des établissements.

De notre correspondant à Toulouse, Frédéric Dessort | Publié le