"Nos étudiants qui réussissent le mieux sont des bacheliers S, alors que théoriquement c'est le bac ES qui ouvre la voie aux études supérieures d'économie." C'est ce constat, dressé par David Alary, directeur par intérim de la TSE (Toulouse School of Economics), qui a poussé en 2013 l'école de l'université Toulouse 1 Capitole à répondre favorablement à la demande de l'inspecteur d'académie en charge des SES : réfléchir à une adaptation des programmes de classe ES dès la classe de première afin de mieux préparer les élèves aux études d'économie. L'inspection générale réfléchissait à ce projet avec un établissement, le lycée Pierre-Paul-Riquet, à Saint-Orens-de-Gameville, déjà en partenariat avec la faculté de droit de Toulouse-Capitole. "Notre problématique est de diversifier positivement l'orientation après la seconde, et de répondre à la demande de bons élèves, notamment en mathématiques, qui s'intéressent à l'économie", souligne Pierre Donnadieu, proviseur du lycée Pierre-Paul-Riquet, qui compte 3 classes de ES pour 7 de S.
renforcer les programmes en mathématiques
Concrètement, un groupe de travail, composé d'enseignants des deux établissements (en mathématiques et en économie), s'est réuni sur un an à raison d'une fois par mois afin de réfléchir aux ajustements nécessaires. "Nous constatons au fil des années que les étudiants ont de plus en plus de mal avec les mathématiques, qui sont au fondement de l'économie d'aujourd'hui, souligne David Alary. Nos taux d'échec en L1 stagnent autour de 40 à 50% des présents aux examens !"
De fait, les réunions entre enseignants ont permis d'établir le besoin d'un renforcement des programmes de section ES en mathématiques. "L'idée a été de piocher dans le programme de S ce qui pouvait être utile, afin d'aider les élèves à formaliser l'économie par les mathématiques", explique Jean-François Lefèvre Farcy, enseignant en sciences économiques du lycée. Les cours de mathématiques ont par ailleurs intégré plus d'exemples appliqués à l'économie. “Les échanges ont été très enrichissants, souligne Christine Maurel, maître de conférences en économie à TSE, je ne connaissais pas bien les programmes de mathématiques, et les enseignants de maths ne connaissent pas toujours l'économie.” Du côté des deux établissements, les équipes enseignantes étaient très demandeuses de ce type d'échanges.
un parcours expérimental pour 14 élèves
À l'arrivée, le lycée a pu présenter aux élèves de seconde et à leurs parents un parcours expérimental pour la première et la terminale ES, comprenant deux heures hebdomadaires supplémentaires en mathématiques, une heure de TPE d'économie axée sur les mathématiques, et une heure d'anglais supplémentaire. “Nous avons élaboré ce parcours à moyens constants, en remplaçant certaines heures d'accompagnement personnalisé, ce n'est pas compliqué techniquement”, souligne Pierre Donnadieu.
Sur 25 élèves intéressés, 14 ont été retenus, sur critères de niveau. Pour l'établissement, l'expérimentation pourrait avoir d'autres effets à plus long terme : “Aborder les mathématiques de façon différente pourrait permettre à des élèves a priori moins bons en mathématiques de se lancer... Avec l'idée des parcours plus souples qui font dialoguer les disciplines !”, conclut Pierre Donnadieu.
David Alary, directeur par intérim de TSE (Toulouse School of Economics), y interviendra.