En 2008, j"ai voulu et fait voter la première grande loi sur l'autonomie des universités", tient à rappeler Nicolas Sarkozy, qui a officialisé sa candidature à l'élection présidentielle de 2017 dans son livre-programme "Tout pour la France". Sur les 234 pages que compte l'ouvrage, quatre sont consacrées à l'université. L'ancien président y reprend des idées déjà évoquées quelques mois auparavant.
"Avec Valérie Pécresse et Laurent Wauquiez [respectivement ministres de l'Enseignement supérieur et de la Recherche de mai 2007 à juin 2011 et de juin 2011 à mai 2012], nous avons pu déverrouiller un système complètement cadenassé. Mais, dans mon esprit, ce n'était qu'une première étape qui devait nécessairement être suivie par d'autres tout aussi nécessaires."
oui à une deuxième loi LRU
Instigateur de la loi LRU, incarnée par Valérie Pécresse, Nicolas Sarkozy entend donc proposer une "ambitieuse loi n°2 portant sur l'élargissement de l'autonomie des universités", en permettant aux structures de s'adapter au contexte particulier de chaque université. "Tout le monde ne peut pas avancer à la même vitesse, argumente l'ancien président. (...) Il faut laisser nos équipes universitaires donner libre cours à leurs talents, à leurs originalités, à leurs envies d'innover."
Et le candidat de prendre deux exemples "explosifs", qui ont suscité de vifs débats au cours des derniers mois : la sélection à l'université et les droits d'inscription.
Oui à la sélection à l'université
"Le mot sélection doit pouvoir être prononcé sans provoquer les réactions éruptives habituelles. Je proposerai donc dans 'cette loi Autonomie n°2' que la liberté soit laissée à chacune de nos universités de fixer les critères de la sélection à l'entrée de leurs cursus."
Première, deuxième, troisième année... Aux établissements de choisir l'année de sélection, tout comme le processus adopté (oral, examen écrit ou dossier).
De plus, Nicolas Sarkozy entend casser le principe de sectorisation pour le recrutement.
Oui aux frais d'inscription libres
"Pourquoi fixer une règle nationale unique ? s'interroge le candidat. (...) Fixer librement le montant des droits d'inscription, et accorder dans le même temps la possibilité de déterminer le montant des bourses que l'université veut distribuer est la voie la plus prometteuse. Chacun ainsi pourra choisir le libre usage de ses droits et sa politique en faveur des boursiers."
oui à une Prime au résultat
Nicolas Sarkozy propose également que soit créé un incubateur de start-up au sein de chaque établissement universitaire, ce dernier étant autorisé à prendre une participation en capital dans les entreprises ainsi créées.
Enfin, l'ancien président souhaite qu'il y ait "une relation réellement contractuelle entre le ministère et les universités, que ces dernières soient jugées sur leurs résultats et que s'allège la tutelle constante des administrations centrales."
"Nous n'avons pas à avoir peur, conclut-il. Les autres l'ont fait avant nous, plus fortement que nous. Ils ont réussi. Nous devons suivre le même chemin, la réussite sera au rendez-vous."
Dans "Tout pour la France", Nicolas Sarkozy revient également sur un projet déjà évoqué dans un entretien accordé en août à "Valeurs actuelles" : il souhaite que "le port de signes religieux soit interdit non seulement à l'école, au collège, au lycée, mais également à l'université."
Cette prise de position a suscité la réaction de Jean-Loup Salzmann. Interrogé par RTL le 11 août 2016, le président de la CPU (Conférence des présidents d'université) a tenu à rappeler que "la liberté de culte est inscrite au plus haut dans notre constitution. Il est hors de question d’empêcher qui que ce soit de croire ou de ne pas croire".