Dix millions de fossiles animaux et végétaux dans 25.000 tiroirs. Des bactéries du précambrien, âgées de 1,5 milliard d'années, jusqu'aux espèces de l'époque récente – entre 30.000 et 40.000 références –, et une nuée d'ossements d'oiseaux. Le tout étiqueté et rangé dans des meubles en bois, dans plusieurs pièces du campus de la Doua. Des fémurs de mammouth, un moulage de Lucy, des galets gravés du magdalénien font partie des invités d'une collection qui attire des chercheurs du monde entier. "En nombre d'objets, c'est l'équivalent du Museum d'histoire naturelle de Paris. On peut classer nos collections parmi les 20 premières au monde", indique Emmanuel Robert.
Ce jeune paléontologue gère un héritage qui grossit depuis le début du XIXe siècle. D'abord créé par des chercheurs lyonnais, puis abondé par des dons, notamment depuis les années 1970. D'une part, des particuliers, des universités, et même l'École supérieure des mines de Paris sont venus déposer leurs collections faute d'espace et/ou de moyens pour entretenir tous ces objets. D'autre part, plusieurs sites paléontologiques proches ont livré les traces de la vie telle qu'elle était il y a plusieurs millénaires. En particulier celui de Cerin, dans l'Ain, exceptionnel témoignage du jurassique.
Les os, les cailloux, les carapaces, les fossiles ont trouvé refuge dans le bâtiment Darwin, sur le campus de Villeurbanne. Extirpés pour la plupart du fond des âges, ils ont quitté leur sommeil... pour se rendormir à l'abri. Leur quiétude est rarement troublée. Faute de temps et de personnel, on peut les voir trois fois par an seulement : pour les Journées du patrimoine, pendant la Nuit des musées, et lors de la Fête de la science.