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Une BD pour exorciser les épreuves du doctorat

Olivier Monod Publié le
Une BD pour exorciser les épreuves du doctorat
"Carnets de thèse" sort en librairie le 19 mars // ©  LeSeuil
"Carnets de thèse" se veut un antidote au blues du doctorant. La dessinatrice Tiphaine Rivière croque la vie d’une thésarde névrosée dans une BD humoristique, inspirée de son blog "Le bureau 14 de la Sorbonne", qui sort en librairie le 19 mars.

Dans votre bande dessinée, "Carnets de thèse", vous représentez la recherche comme un milieu égocentrique, solitaire et froid. Vous insistez beaucoup sur l'évolution physique de votre personnage, dont l'apparence se dégrade au fur et à mesure de son doctorat. Est-ce vraiment un tel enfer ?

J’ai abandonné ma thèse au bout de trois ans, en 2010. Je ne regrette pas du tout cette expérience, même si je suis passée par des moments difficiles. Je n’ai jamais autant appris qu’en thèse et cela m’a vraiment servi par la suite. J’ai lancé le blog "Le bureau 14 de la Sorbonne", pour faire rire les doctorants sur leur propre expérience. La BD est une adaptation de ce blog. C’est une caricature, une satire. Je n’ai jamais croisé de secrétaire blasée avec les deux seins posés sur le bureau. Je l’ai inventée pour les besoins de la narration.

Comment est née l’idée de faire cette bande dessinée ?

Vers la fin de ma thèse, je voulais me lancer dans le dessin et le sujet du doctorat s’est imposé à moi. J’ai donc commencé le blog, qui a eu du succès auprès des thésards. Cela m’a poussée à continuer. J’ai créé ce personnage de Jeanne Dargan, qui va trébucher sur tous les obstacles que peut rencontrer un thésard en lettres non rémunéré : son premier cours, son premier colloque, sa première recherche à la bibliothèque. Elle s'arrache même les cheveux pour envoyer un mail à son directeur de thèse.

Le personnage du directeur de thèse est d'ailleurs particulièrement cruel. Cela représente une réalité pour vous ?

Pour moi non, mon directeur était très présent et aidant. Je pense que cela illustre surtout le fait qu’un directeur ne peut jamais répondre à toutes les attentes de son doctorant. Il doit trouver des fonds, mener ses recherches, donner ses cours… Cela dit, il existe des directeurs de thèse mauvais… Surtout s’ils encadrent 40 étudiants en même temps comme c’était le cas à mon époque, mais je crois que c’est en train de changer.

Votre BD illustre bien aussi la solitude du thésard qui a du mal à communiquer avec son entourage…

Oui, il est parfois difficile d’expliquer à ses proches ce que l’on fait.  Mais l’inquiétude vient surtout quand on n’a pas de financement. Au quotidien, les thésards forment rapidement des groupes de trois ou quatre qui s’entraident et travaillent ensemble à la bibliothèque.

"Carnets de thèse", de Tiphaine Rivière, Éditions du Seuil, mars 2015, 180 pages, 19,90 euros.

Portrait de Tiphaine Rivière : © E. Marchadour

Olivier Monod | Publié le