Près d'un tiers des présidents d'université ont pris la plume pour s'opposer à un modèle dont ils s'estiment exclus. "Le récent résultat de la première vague de l’appel à projets du programme d’investissement d’avenir 2 [...] privilégie clairement la fusion des universités en un seul site excluant d’emblée une très grande partie des universités françaises", dénoncent-ils dans une tribune parue fin mai 2015 sur Mediapart.
Les 21 signataires, pour la plupart à la tête de petites ou moyennes universités, ont vu leurs établissements une nouvelle fois écartés de la compétition des Idex - Isite, mettant en jeu les intérêts de 3,1 milliards d'euros, dont la présélection a eu lieu en avril 2015.
Des jurys disctincts Idex - Isite pour la prochaine vague de sélection
"Les choix faits établissent clairement une volonté de concentration des moyens au profit d’universités dites de recherche 'de rang mondial' situées au sein des métropoles. Mais la politique de l’État en termes d’enseignement supérieur et de recherche ne saurait se réduire à cela !, soulignent-ils. [...] Il est urgent de rappeler qu'une autre voie existe [...] consistant à favoriser une logique de coopération, d'alliances, de coordination sur des projets partagés."
Pour assurer cette diversité de modèle, ils demandent des jurys distincts pour les appels Idex [destinés à récompenser les universités de rang mondial sur un spectre de connaissance large] et les appels Isite [pour les projets d'une échelle plus réduite] dès la seconde vague de sélection prévue en 2016.
Nous ne cherchons pas un modèle unique.
(L. Schweitzer)
Lors de son intervention au colloque de la CPU (Conférence des présidents d'université) le 29 mai 2015, Louis Schweitzer, commissaire général à l'investissement, a de son côté insisté sur la chance d'avoir réuni un tel jury "consultatif" dans les textes, "souverain" dans la pratique. "Chaque fois qu'un processus de choix s'opère, il est discuté. Et discutable, a-t-il reconnu. Mais il me paraît fidèle au cahier des charges. Et [cette présélection] montre qu'il n'y a pas un seul type de modèle possible, a-t-il à l'inverse affirmé. Nous ne cherchons pas un modèle unique."
"Quand on voit les résultats, ce n'est pas vrai, réagit Rachid El Guerjouma, à la tête de l'université du Mans et signataire du texte. Bourgogne – Franche-Comté est l'exception qui confirme la règle : aucun modèle fédéral ou regroupant des universités espacées sur un territoire et mises en réseau n'avait véritablement ses chances."
- Mohamed Amara (université de Pau et Pays de l’Adour)
- Éric Boutin (université de Toulon)
- Michel Brazier (université de Picardie Jules-Verne)
- Roger Durand (université du Littoral)
- Rachid El Guerjouma (université du Maine)
- Anne Fraisse (université Montpellier 3 Paul-Valéry)
- Christine Gangloff-Ziegler (université de Haute-Alsace)
- Yves Jean (université de Poitiers)
- Fabrice Lorente (université de Perpignan Via Domitia)
- Francis Marcoin (université d'Artois)
- Corinne Mence-Caster (université des Antilles)
- Jean-Michel Minovez (université Toulouse – Jean-Jaurès)
- Mohamed Ourak (université de Valenciennes)
- Jean Peeters (université de Bretagne-Sud)
- Pascal Reghem (université du Havre)
- Mohamed Rochdi (université de la Réunion)
- Jean-Paul Saint-André (président de l’université d’Angers)
- Pierre Sineux (université de Caen-Normandie)
- Danielle Tartakowsky (université de Paris 8 Vincennes-Saint-Denis)
- Loïc Vaillant (université François-Rabelais Tours)
- Denis Varaschin (université Savoie Mont-Blanc)