"C'est notre réponse à ce que devrait être l'éducation aujourd'hui". Le patron de Free, Xavier Niel, a lancé son nouveau projet d'école, intitulée 42, lors d'une conférence de presse à l'américaine mardi 26 mars 2013. Sa philosophie : rompre avec le système.
"200.000 jeunes sortent sans diplômes du système chaque année, c'est ici que nous voulons trouver les talents", explique Nicolas Sadirac, ancien directeur de l'Epitech (groupe Ionis Education), débauché par le patron de Free pour diriger sa nouvelle école.
Pas besoin de diplôme à l'entrée et aucun frais de scolarité à débourser, seule condition pour rejoindre cette formation (qui dure 3 à 5 ans) : avoir entre 18 et 30 ans. La sélection s'opérera via Internet (4.000 jeunes retenus), puis une session "piscine" de programmation intensive d'un mois durant l'été. 1.000 jeunes seront in fine sélectionnés, pour une rentrée en novembre 2013.
Dépasser le cadre "ultra-normé" des écoles françaises
"Le système n'arrive pas à créer des gens créatifs. Il incite à l'inverse les individus à rester dans les standards. Comment former des jeunes innovants dans le cadre ultra-normé des écoles d'ingénieurs françaises ?", s'est interrogé Nicolas Sadirac. "Nous ne sommes pas du tout en concurrence avec les écoles déjà en place, a-t-il également assuré. Notre idée est de créer de nouveaux talents, avec des jeunes qui n'ont pas accès à l'enseignement supérieur pour des raisons financières ou scolaires."
Le groupe Ionis Education Group, dont il est issu, et qui compte plusieurs écoles d'informatique et d'ingénieurs, a tout de même tenu à rappeler par communiqué que les principes fondamentaux de cette nouvelle école "ont été créés et mis en place au sein de l'EPITA et d'Epitech depuis très longtemps et qu'ils sont repris dans ce projet, reconnaissance de la modernité pédagogique de nos écoles".
Quant à l'EEMI, école des métiers de l'Internet lancée par Xavier Niel à la rentrée 2011, ce dernier a estimé qu'elle n'avait rien à voir avec l'école 42, qui menait elle aux métiers de la programmation informatique, tandis que l'EEMI avait pour débouché le monde des webmasters et des réseaux sociaux.
Le système n'arrive pas à créer des gens créatifs. Il incite à l'inverse les individus à rester dans les standards.(N.Sadirac)
Financeur : Xavier Niel
Comment sera financée cette école 42, qui disposera d'un bâtiment de plus de 4.000 m2 dans le XVIIe arrondissement parisien ? Grâce au mécène Xavier Niel. "Nous avons créé un organisme à but non lucratif il y a quelques mois, financé pour l'instant par moi-même, avec 20 millions d'euros pour la création de la structure, et 50 millions de budget pour les dix ans à venir. J'espère que les entreprises et les élèves prendront le relais".
Quant à la question du diplôme à la sortie, elle est balayée par les fondateurs. "Les attributs de valeurs donnés par le système éducatif ne nous intéressent pas", a estimé Kwame Yamgnane, l'un des initiateurs du projet. "Pour une entreprise, c'est le savoir-faire qui compte", assure le patron de Free. "Nous ne voulons pas emmener à un diplôme mais à un métier", ajoute Nicolas Sadirac, qui décrit une situation de pénurie dans le secteur des technologies du numérique, où les offres d'emplois et de stages pleuvent.