Cornell Tech n'est pas encore sorti de terre mais Michael Bloomberg, le maire sortant de New York, peut déjà en revendiquer la paternité. En 2011, il a lancé une compétition afin d'installer sur Roosevelt Island (une île entre Manhattan et le Queens) un campus dédié aux technologies et à l'entrepreneuriat.
La ville de New York proposait d'offrir le terrain au vainqueur ainsi qu'une subvention de 100 millions de dollars. Objectif : accompagner la croissance du secteur high-tech dans la ville, aujourd'hui entravée par une pénurie de développeurs informatiques et d'ingénieurs.
Cornell (une université “Ivy League”), qui présentait son projet avec l'institut de technologie Technion d'Israël, a coiffé au poteau Columbia, NYU ou Stanford. La construction du campus de 5 hectares – qui ne proposera que des masters – débutera en 2014 et l'arrivée des premiers étudiants est prévue pour 2017. Surnommé “Silicon Island”, ce campus rassemblera étudiants, chercheurs et entreprises.
Tous mèneront des projets communs qui constitueront le cœur du dispositif éducatif. “Le bâtiment, dédié aux entreprises, sera composé de bureaux flexibles. Les locataires seront aussi bien des start-up que des entreprises plus établies. Il y aura des espaces d'incubation, des laboratoires de R&D et des bureaux pour que des entreprises extérieures puissent passer du temps à New York”, explique Jeremy Soffin, porte-parole de Cornell Tech.
Le campus comportera également un bâtiment dédié à la formation continue, un centre de conférences et un hôtel, et sera construit dans un vaste parc ouvert au public.
Lever des fonds
Pour financer ce complexe estimé à 2 milliards de dollars, Cornell est en pleine levée de fonds. L'un de ses anciens, Charles Feeney (fondateur des magasins Duty-Free), a déjà promis 350 millions de dollars – le don avait été stratégiquement annoncé quelques heures avant la clôture de la compétition.
Le fondateur de l'entreprise de télécommunications Qualcomm, un autre ancien, a, lui, signé un chèque de 133 millions de dollars.
Parallèlement, l'université constitue son futur corps professoral. “Nous serons les premiers à considérer l'entrepreneuriat comme faisant partie du travail du professeur : ces activités entreront dans la fiche de poste”, précise Jérémy Soffin. Néanmoins, des observateurs pointent des risques de conflits d'intérêt entre professeurs et entreprises ou s'inquiètent de la transformation des étudiants en main-d'œuvre gratuite. Cornell Tech assure que ces questions seront débattues et que tous les garde-fous possibles seront mis en œuvre.
Un cursus aux profils très divers
En attendant l'ouverture du campus, un master labellisé Cornell Tech a démarré en janvier 2013 et donne un aperçu de ce que sera sa philosophie éducative. Les cours sont assurés au siège de Google, à New York, qui héberge Cornell jusqu'en 2017.
Ainsi, ce master d'informatique fait intervenir dans son cursus des profils très divers (représentants de start-up, experts en marketing, designers, “story tellers”, artistes). Les étudiants, regroupés par paires, réalisent des missions proposées par des entreprises (développement d'un logiciel, d'un algorithme, etc.), à raison de 10 heures par semaine. Certains ont par exemple développé une application pour l'agence Bloomberg afin de “tagguer” automatiquement des articles. L'étudiant décide de garder la propriété intellectuelle de ses travaux ou de la céder à l'entreprise ou au domaine public. Tous travaillent également à un projet de start-up pour lequel ils sont coachés par un conseil d'experts.
À la fin de chaque semestre, les étudiants présentent leurs projets en public dans le cadre d'un événement de networking. “C'est une pièce importante de notre dispositif. Communiquer sur ce que l'on fait est aussi important que les compétences techniques que l'on développe”, a affirmé Dan Huttenlocher, doyen de Cornell Tech, lors de la première édition de cet “open studio”. L'année prochaine, un MBA orienté high-tech et un autre master en technologie appliqué aux médias seront lancés.
Autrefois boudée par l'industrie high-tech, New York connaît depuis cinq ans un vrai dynamisme dans ce secteur. Nombre de cadres de la finance, devenus chômeurs à cause de la crise de 2008, se sont reconvertis dans ce domaine lorsque le maire a lancé de multiples dispositifs (concours, incubateurs...) pour attirer les start-up. Tumblr, Buzzfeed ou Foursquare sont ainsi nés à New York. La ville a vu sa part dans l'ensemble des investissements en capital-risque aux États-Unis doubler en dix ans. Plus de 500 start-up sont regroupées dans un petit quartier du centre de Manhattan, rebaptisé Silicon Alley.
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