“Les Investissements d'avenir m'ont donné l'opportunité de créer la structure publique-privée dont je rêvais”, se réjouit Pierre Monsan, professeur émérite à l'Insa de Toulouse (Insat). Il a candidaté en 2010 à l'appel à projets de plates-formes de biotechnologie dans le cadre du programme du Grand emprunt. Sélectionné et doté de 20 M€ sur cinq ans, Toulouse White Biotechnology (TWB) entend développer des procédés préindustriels de transformation de la biomasse.
Les applications sont multiples : biocarburants, biomatériaux (dont les bioplastiques)... En plus de 14 permanents, la plate-forme rassemble aujourd'hui une cinquantaine de post-doctorants. Juridiquement, elle prend la forme d'une unité mixte de service (Inra, Insa, CNRS) et s'appuie sur un large consortium public-privé qui regroupe laboratoires, collectivités locales, entreprises – soit 10 grands groupes, dont Total, Michelin, L'Oréal..., 10 PME et quatre fonds d'investissement.
Mieux payer ses collaborateurs
Pierre Monsan, directeur de TWB, qui a à son actif trois créations de start-up, applique des recettes inspirées de l'entreprise privée. Pour lui, la commercialisation des technologies publiques doit d'abord passer par... une meilleure rémunération des collaborateurs. “Comment motiver des chargés de mission de valorisation avec les salaires bien insuffisants de la fonction publique ? J'ai choisi pour ma part de rémunérer à un niveau nettement plus élevé notre responsable du business-développement et d'ajouter un intéressement au résultat, explique Pierre Monsan. Un choix peu orthodoxe dans le secteur universitaire. L'autre enjeu fondamental est de recruter des profils ayant la double expérience public-privé. Or, bien souvent, les chargés de mission des organismes de transfert n'ont pas mis les pieds dans le monde de l'entreprise. Ils ne pèsent pas lourd face à des hauts cadres de grands groupes rompus à la chose commerciale.”
J'ai choisi d'ajouter un intéressement au résultat... Un choix peu orthodoxe dans le secteur universitaire.
(P. Monsan)
Autre originalité du programme : la gestion de la propriété intellectuelle. “Dès le départ, nous avons souhaité un travail collectif associant universitaires et industriels pour régler une bonne fois pour toutes la question des droits d'exploitation des technologies mises au point, ce qui évite de nombreuses et longues négociations”, ajoute Pierre Monsan.
Une demande entrepreneuriale
Pour les revenus, il a par ailleurs été décidé que les tutelles universitaires se répartiraient à parts égales ce que reversent les industriels à l'issue d'un projet de recherche de TWB. Et ce, bien entendu, si l'innovation commercialisée s'avère être un succès. Une prime qui, selon le marché, atteint une à trois fois le coût des recherches effectuées, tranchant là aussi avec la notion habituelle de redevance sur brevets, définie par un pourcentage de chiffre d'affaires.
Cette démarche “entrepreneuriale” appliquée à la recherche publique assure-t-elle la réussite du projet ? En tout état de cause, le dirigeant revendique, au bout de deux ans d'activité, avoir dépassé les objectifs de départ. “Nous avons engrangé 12 M€ de contrats, contre 8 M€ envisagés en cinq ans”, indique Pierre Monsan.
Nous avons engrangé 12 M€ de contrats, contre 8 M€ envisagés en cinq ans (P. Monsan)
“Une telle réussite est rare à l'échelle de l'ensemble des Investissements d'avenir, confirme Jean-Christophe Dantonel, directeur du programme Biotechs au Commissariat général à l'investissement. La force de ce projet ne tient pas uniquement à sa dimension recherche, elle réside aussi dans la proximité avec l'Insa de Toulouse : la formation de futurs ingénieurs à ces nouvelles techniques est de nature à conforter l'engagement des entreprises partenaires.”
Du côté de l'Inra, le soutien à TWB s'inscrit dans une stratégie à long terme, “car nous avons l'ambition d'en faire une plate-forme nationale, voire européenne”, souligne François Houiller, président de l'organisme de recherche.
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