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Baromètre Trendence 2013 : les carrières ont toujours un sexe

Isabelle Maradan Publié le
Baromètre Trendence 2013  : les carrières ont toujours un sexe
Mixité de la vie professionnelle // © 
Les futures manageuses et ingénieures sont moins optimistes, moins mobiles, moins ambitieuses en matière de salaires et plus soucieuses de concilier travail et vie privée, que leurs camarades masculins. Décryptage de l'étude Trendence 2013.

Rose pour le management, bleu pour l'ingénierie. La lecture du panel du baromètre 2013 de l'institut Trendence annonce déjà les couleurs. Sur plus de 10.000 futurs managers interrogés, 60% sont des femmes. Et 70% des 11.000 futurs ingénieurs de l'enquête sont des hommes. Interrogés sur leurs entreprises rêvées, les étudiantes et étudiants d'écoles d’ingénieurs et de managers ne voient pas leur carrière du même œil. Trendence dessine un profil de la future manageuse ou ingénieure qui ne se projette toujours pas à hauteur d'homme. Elle est moins optimiste à propos de sa recherche d’emploi, moins gourmande côté salaire, moins mobile, et plus soucieuse de concilier travail et vie privée que son homologue masculin.

Parce qu'elles le valent bien…

Si filles et garçons des deux filières mettent en avant des critères de choix comparables pour un premier job (missions intéressantes, bonne ambiance de travail, possibilités d'évolution de carrière), le fossé se creuse sur la place accordée aux valeurs de l'entreprise. La responsabilité sociale de l'employeur, comme son souci d'égalité des chances, est jugée beaucoup plus importante par les femmes.

Autre différence de taille, les ingénieures souhaitent consacrer moins de 42 heures hebdomadaires à temps plein sur leur premier poste, contre près de 43,5 heures pour ces messieurs. Et les manageurs se disent prêts à travailler trois heures de plus (46,5 heures) que leurs camarades féminines (43,6 heures).

Plus encore que le temps de travail, les prétentions salariales masculines dépassent celles des femmes. Quand les hommes visent en moyenne un salaire brut de près de 36.000 € par an, les ingénieures tablent sur 33.000 €, et les business­women espèrent seulement 31.500 €. "Les filles osent moins, assure Caroline Tampigny, consultante en recrutement chez Sales Partner. Elles savent qu'elles auront plus de mal qu'un homme à convaincre un recruteur, surtout là où l'expert est traditionnellement un homme, comme l'informatique, l'aéronautique ou la défense."

Des entreprises sexuées

Rien d'étonnant donc à ce que les étudiantes interrogées visent des secteurs moins rémunérateurs que ceux plébiscités par les garçons. Luxe, agroalimentaire, communication, énergie et environnement, pour elles. Aéronautique et défense, informatique, audit, banques et assurances, pour eux.

Après EADS, plébiscité par tous les élèves ingénieurs, Thalès et Safran caracolent en tête des préférences masculines, alors que ces dames placent L'Oréal et Veolia Environnement sur le podium des entreprises qu'elles souhaitent rejoindre. Et si LVMH est toujours au top des entreprises convoitées par les managers des deux sexes, les femmes classent ensuite L'Oréal (2e) et Danone (3e), là où les hommes préfèrent le mastodonte Google (2e), devant EY (Ernst & Young) et KPMG.

Et une fois en poste, l'écart salarial se confirme. Les filles sortant d'école de commerce sont, par exemple, payées 12% de moins que les garçons, alors qu'elles représentent 50% des étudiants. Et l'écart se creuse encore avec l'arrivée du premier enfant. Un fait qui a poussé Isabelle Barth, professeure et directrice générale de l'EM Strasbourg, à enquêter pour savoir si les représentations des carrières avaient un sexe. Conclusion ? "La reproduction bourdieusienne n'est pas morte ! ", déclarait-elle à Educpros.fr lors de la publication des résultats en mars 2013. Une enquête de plus qui vient confirmer des représentations sexuées des carrières, aussi bien chez les recruteurs que chez les étudiants et leur entourage.

Objectif égalité en 2025 ? "Ambitieux mais réaliste"

Pourtant, depuis trente ans, les campagnes sur la mixité et l'égalité des chances entre les sexes se sont multipliées. On pourra se réjouir que les filles accèdent de plus en plus aux études supérieures, voire à des "métiers d'hommes". Mais les métiers sont-ils condamnés à avoir un sexe ? Et l'égalité professionnelle femmes-hommes à rester un concept ?

La ministre des Droits des femmes est convaincue du contraire. "Grâce à la future loi pour l'égalité femmes-hommes, nous avons l'ambition de parvenir à l'égalité dans toutes les sphères de la société", énonce Najat Vallaud-Belkacem. Son échéance ? "Ambitieuse, mais réaliste : 2025." Sa méthode ? "Aider les entreprises à remplir leurs obligations légales", par la mutualisation des "meilleures pratiques mises en place avec les partenaires sociaux et les conseils régionaux dans neuf territoires d'excellence en matière d'égalité professionnelle depuis un an." Ensuite suivra le contrôle, voire la sanction.

Rendez-vous dans douze ans. Pour voir si l'enquête Trendence distingue toujours des projections de carrières en rose et bleu.

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Isabelle Maradan | Publié le