Classement 2016-2017 des écoles de commerce postbac : le nouvel élan des BBA

Cécile Peltier Publié le
Classement 2016-2017 des écoles de commerce postbac : le nouvel élan des BBA
Entre 2014 et 2016, le BBA Essec est passé de 300 à plus de 400 étudiants recrutés en première année par la voie classique. // © 
Calés sur le format anglo-saxon "undergraduate", les BBA sont réinvestis par les business schools françaises en quête d’internationalisation de leurs effectifs. Le point à l'occasion de la sortie du palmarès 2016-2017 des écoles de commerce postbac de "l'Etudiant".

Sur le marché international, et en particulier anglo-saxon, tous les directeurs d'écoles de commerce vous le diront : "Au niveau undergraduate, le niveau de diplôme de référence en matière de management n'est pas à bac + 3, mais à bac + 4, avec le BBA (Bachelor of business administration)."

Un format hybride en France, coincé entre la licence 3 et le master 2, mais qui a le vent en poupe, comme en témoigne l'actualité récente autour du concours Pass. L'IBBA (International Bachelor of business administration) de Kedge et le BSc in international business de Neoma ont officialisé, ce mercredi 12 octobre 2016, leur décision de quitter Sesame pour intégrer le concours Pass, aux côtés de l'Edhec BBA, du BBA (ex-ECE) et de l'American BBA de l'Inseec. L'EBP International (programme en cinq ans et demi) de Kedge et le Cesem, de Neoma, eux, restent au sein de Sesame.

une formation devenue incontournable

Si, pour les deux établissements, l'objectif est d'éviter la cannibalisation de programmes hérités d'écoles aujourd'hui fusionnées, il s'agit aussi de gagner en visibilité sur la scène nationale et surtout internationale. Cette recomposition est symptomatique d'un plus vaste mouvement de repositionnement du BBA.

Sur un marché postbac qui reste dynamique, le Bachelor en quatre ans, au profil très international, intéresse les business schools. "Le BBA est incontournable pour toute école triplement accréditée qui se respecte. Celles qui ne s'y sont pas encore mises, comme HEC, devraient se lancer", assure un membre du sérail. L'exemple le plus récent est celui de l'EM Lyon où, dès son arrivée à la tête de l'établissement, Bernard Belletante a commencé par créer un BBA : "J'ai comblé un véritable manque", estime-t-il.

Le BBA est incontournable pour toute école triplement accréditée qui se respecte. Celles qui ne s'y sont pas encore mises, comme HEC, devraient se lancer.

Les atouts du BBA ? Une maquette avec moins d'options, donc moins coûteuse à mettre en place qu'un programme grande école, qu'elle complète sans le concurrencer. Une gamme de programmes diversifiée permettant d'atteindre la masse critique en termes d'étudiants et de professeurs, tout en cultivant une mixité des profils et des spécialités.

un lifting complet

La formule qui permet, son diplôme en poche, de chercher un emploi ou de poursuivre ses études pour décrocher un master en France ou à l'étranger, a tout pour séduire la génération Z en quête d'ailleurs.

"De plus en plus d'élèves de terminale se posent la question de faire un Bachelor aux États-Unis, en Angleterre ou au Canada. En tant qu'auditeur Equis, j'en ai croisé beaucoup. Cette évolution m'a beaucoup interrogé et je me suis dit qu'il fallait moderniser notre Bachelor", explique le directeur général de l'Edhec, Olivier Oger.

De l'Essec à Skema, en passant par l'Edhec, Kedge ou Neoma… Ces deux ou trois dernières années, tous les Bachelors en quatre ans sont passés sur la table d'opération pour un lifting complet. Objectif : transformer ces formations arrivées en France à la fin des années 1970 pour former des champions de l'import-export (l'Epsci a été créée par l'Essec en 1975) en formations pour cadres interculturels.

Les anciens acronymes ont été abandonnés au profit du label "BBA", plus "lisible", et les maquettes totalement réaménagées pour intégrer des filières 100 % en anglais (si ce n'était pas déjà le cas), comprenant des expériences internationales plus nombreuses, en particulier des stages.

De plus en plus d'élèves de terminale se posent la question de faire un Bachelor aux États-Unis, en Angleterre ou au Canada. [...] Notre Bachelor devait être modernisé.
(O. Oger)

Sur le marché national, le nombre de places ouvertes a peu varié ces trois dernières années, si ce n'est à l'Inseec, l'Essec et à l'Edhec. La seconde est passée de 300 à plus de 400 étudiants recrutés en première année via le concours Sesame, entre 2014 et 2016. La troisième, elle, a augementé de 30%  la taille de ses promotions en l'espace de trois ans, avec 638 étudiants recrutés en 2014, 1.038 en 2015 à la faveur d'un "accident industriel", puis 830 en 2016.

Un chiffre autour duquel elle compte se stabiliser d'ici à 2020. La priorité désormais est à la montée en gamme. Objectif : hisser le BBA au niveau du programme grande école."Le signal que nous devons donner au marché est que nous recrutons les meilleurs étudiants", déclare sans ambages Olivier Oger.

Pour mettre toutes les chances de son côté, l'école a mis en place un système de recrutement sur dossier et de bourses au mérite particulièrement attractif pour les mentions très bien au bac, qui bénéficient d'une réduction de 50 % sur les frais de scolarité des deux premières années, réduction passant à 30 % pour les mentions bien...

Les étudiants étrangers à l'appel

Cette diversification des profils recrutés doit aussi passer une internationalisation accrue. L'Edhec BBA, qui compte 16 % d'étudiants étrangers, table sur un tiers d'internationaux d'ici à 2020. Le même mot d'ordre prévaut chez tous les propriétaires d'un BBA.

L'Essec, quant à elle, espère également recruter 30 % de ses étudiants via sa filière internationale, en s'appuyant pour cela sur ses campus. Les étudiants ont désormais la possibilité de démarrer leur cursus à Cergy, Singapour, Rabat, au Maroc, et, à partir de 2017, à l'île Maurice, sur des parcours en anglais ou en français. Skema leur donne accès aux campus de Raleigh (États-Unis), Suzhou (Chine) et maintenant Belo Horizonte, au Brésil.

Dernier-né des BBA hexagonaux, le BBA de l'EM Lyon, basé à Saint-Étienne , Paris, Shanghai et Casablanca, table sur 400 étudiants par promo, "d'ici trois ou quatre ans", contre 200 aujourd'hui, dont une bonne dose d'internationaux. Dans la capitale, le programme en compte déjà un quart, dont beaucoup venus du nord de l'Europe.

Cette internationalisation s'accompagne d'une réflexion autour des modes de recrutement. À côté de la filière de concours classique, les écoles du concours Pass ont imaginé un nouveau système de recrutement sur dossier, via la plate-forme américaine ZeeMee.

La démarche de l'EM Lyon va dans le même sens. Après avoir regardé les banques existantes, l'école a finalement opté pour un concours-maison, "moins académique", fondé sur le dossier scolaire et des réalisations personnelles (e-portfolio). Le BBA, un laboratoire pour les concours de demain...

Cécile Peltier | Publié le