Mettez dans un shaker des écoles et des labos d’entreprises, saupoudrez d'espaces de co-working et d'incubateurs de start-up. Secouez... et l'innovation naîtra ! C'est peu ou prou la promesse des deux campus numériques parisiens qu'ouvriront dans quelques mois Ionis (20 écoles, 150 millions d’euros de chiffre d’affaires, 18.000 étudiants, présence dans 12 villes de France) et Studialis (chiffre d'affaires non communiqué, 24 écoles, 14.000 étudiants, présence dans 6 villes).
Les deux mastodontes de l’enseignement privé mettent la dernière main aux travaux de leurs deux nouveaux campus parisiens. Rive droite, le "campus numérique et créatif" de Ionis, s'établira dans le 11e arrondissement sur 6.500 m2 et regroupera 8 à 900 élèves. Rive gauche, le "campus cluster Olympiades" de Studialis pèsera 9.000 m2 à Paris 13e et attend 3.500 étudiants.
Les nouveaux campus devaient initialement tous deux acccueillir leurs premiers étudiants à la rentrée 2014, comme le claironnaient les communiqués depuis l’automne 2013. Finalement, ce sera plutôt début 2015 pour Ionis group. "Nous ouvrirons en janvier 2015, même si nous faisons tout pour être prêts à la rentrée", explique le vice-président exécutif de Ionis, Fabrice Bardèche, qui invoque la nécessaire opération de reconditionnement du bâtiment, d'un coût de 5 millions d'euros. Chez Studialis, si l'on confirme que l'inauguration demeure pour la rentrée 2014, la stratégie est de ne "pas prendre la parole à ce jour, les choses étant en train de bouger dans le groupe. Le contour de l'aménagement des écoles n'est pas fini".
Au cŒur de chacun des campus, une école des métiers du web
Ces retards à l’allumage ne remettent cependant pas en cause les logiques à l’œuvre. Chacun des groupes évoque l’originalité, voire l’unicité de son modèle. Mais à y regarder de plus près, les ressemblances paraissent l’emporter sur les différences. Les projets sont a priori assez voisins, et pas seulement géographiquement.
Côté Studialis, le "campus cluster Olympiades" est construit autour de la Web school factory, la dernière-née des écoles, dédiée à la formation en cinq ans de "managers de l’innovation numérique" et dirigée par Anne Lalou. On y trouvera aussi l’ESG management school, Paris School of business, l’Institut international de communication de Paris ainsi que l’Innovation factory qui rassemble, autour de la Web school, think-tanks, investisseurs, laboratoires de recherche, grandes entreprises et start-up. "L’innovation factory veut être un espace de confrontation et de collaboration entre étudiants et équipes opérationnelles", précise Anne Lalou. Cet écosystème est censé favoriser l'émergence d’innovations de rupture.
Côté Ionis, le "campus numérique et créatif" Parmentier est également bâti autour d’une école emblématique des métiers du web, en l’occurrence Sup’internet, dont le but est de former en trois ans des cadres dans le domaine du web design, du développement web et du e-marketing et e-business. L'école quittera donc le campus actuel du Kremlin Bicêtre au sud de Paris, de même que e-artsup, tournée vers la création et le numérique.
Une troisième école les rejoindra : l'Iseg marketing communication school qui, elle aussi, intègre déjà la dimension Internet. "Nos trois écoles travailleront avec leurs spécificités mais auront un projet et des événements communs, tandis que leurs conférences seront tournées les unes vers les autres de façon à ce que le cursus de chacune viennent enrichir le potentiel de chacune des autres. Le maillage va donc être de plus en plus étroit", précise Fabrice Bardèche.
Jusqu'ici, nos relations avec les entreprises étaient très "externes". Là, il s’agit vraiment d’une "inclusion" dans l’école (F.Bardèche)
décloisonnement et proximité avec les entreprises
Les deux campus partagent en outre la volonté de créer une dynamique transversale. Promis, il ne s'agit plus d'être dans une simple synergie opérationnelle de commodités entre écoles, autour de la vie étudiante et d'événements communs. "Nous voulons associer des écoles complémentaires et leur permettre de décloisonner leurs cursus", explique Michel Augendre, directeur général du pôle Management de Studialis. Chez Ionis, Fabrice Bardèche ne cache pas non plus son ambition de "sortir de la formation en silo, décloisonner les métiers et favoriser le travail en commun qui est au cœur de la culture web".
Sur les deux campus, on devrait donc trouver tous les espaces requis pour faire tomber les barrières, casser les codes, permettre des rencontres inattendues et favoriser la transformation par le numérique des parties prenantes. "La sérendipité est l’art de trouver ce qu’on ne cherche pas. De prendre des chemins de traverse. L’innovation factory est au carrefour de ces chemins", assure Laurent Tran Van Lieu, président de Studialis.
Une vingtaine d'entreprises, des start-up et des incubateurs sont attendus aux Olympiades, tandis que des espaces de travail partagé permettront de confronter la fraicheur d’étudiants "digital natives" avec les challenges de professionnels.
Outre, également, le co-working, le campus Parmentier mise sur un incubateur pour accompagner les élèves des trois écoles désireux de se lancer dans la création et sur l'accueil d'entreprises qui souhaiteraient "rejoindre la dynamique". "Celle-ci sera très profitable aux entreprises si elles souhaitent s’y associer, prévoit Fabrice Bardèche. Jusqu'ici, nos relations étaient très 'externes' : les entreprises venaient participer au conseil scientifique ou proposer des projets à nos étudiants. Elles avaient des rendez-vous mais restaient à l’extérieur. Là il s’agit vraiment d’une inclusion de l’entreprise dans l’école".
Et de citer l'expérience menée depuis le début de l'année avec Bouygues sur le campus du Kremlin-Bicêtre où a été installé un "lab' d'entreprises" : depuis janvier 2014, 150 m2 sont dévolus à la présence de salariés chercheurs de Bouygues avec lesquels les élèves (essentiellement d'Epitech, l'école d'informatique) peuvent échanger, travailler, se détendre... "Les étudiants ont accès à d'intéressantes ressources en matériel, notamment des logiciels introuvables ailleurs, précise Fabrice Bardèche. De quoi leur donner les meilleures opportunités pour devenir les acteurs du numérique de demain". Une ambition évidemment partagée par Studialis. Qu'il s'agisse d'attirer des entreprises ou de recruter des étudiants, nul doute que la concurrence sera rude.