Plus de postes informatiques… mais aussi des canapés et des poufs
Alors que nombre de bibliothèques universitaires sont prises d'assaut par les étudiants, surtout au moment des partiels, la plupart des projets de learning center prévoient d'augmenter leurs capacités d'accueil. À l'heure du numérique, cela signifie d'abord accroître le nombre de postes informatiques, mais aussi élargir les horaires d'ouverture, poursuivant ainsi le mouvement entamé en 2010 avec l'attribution du label NoctamBU.
À côté des espaces de travail classiques, des lieux plus informels sont également aménagés – tous bénéficiant bien sûr d'une connexion wifi. D'où l'installation de canapés, poufs et autres chauffeuses, agrémentés de tables basses qui permettent aux étudiants de "travailler dans des postures différentes", comme l'explique Sarah Hurter, directrice du Learning Centre Sophia Tech, qui a ouvert à Nice en 2014. Une manière aussi, souligne-t-elle, de "désacraliser la bibliothèque".
Outre ces aménagements intérieurs, l'achat de mobilier et d'équipements multimédias, l'investissement dépend surtout de l'importance des travaux de construction ou de rénovation des bâtiments. Ces projets à géométrie variable affichent ainsi des budgets très divers : 300.000 euros à Nice, 13 millions à Versailles, 35 à Lille 1. À Strasbourg, le learning center, dont l'ouverture est prévue à la rentrée 2019, devrait également coûter un peu de plus de 30 millions d'euros.
Incontournable cafèt
Les learning centers sont conçus comme des lieux de vie étudiante. D'où la présence indispensable d'une cafétéria, ou au minimum d'une machine à café, mais aussi d'espaces de détente où sont mis à disposition journaux, romans et bandes dessinées, voire des ouvrages pratiques tels que des méthodes d'apprentissage des langues ou du permis de conduire, ainsi que des liseuses, comme c'est le cas à Grenoble où la bibliothèque des sciences de l'université Joseph-Fourier a entamé sa mutation en learning center.
Désormais, on entre dans le learning center de l'université Joseph-Fourier par l'espace cafétéria. // © UJF Grenoble
LE Travail en groupe bienvenu
Voilà plusieurs années que la pédagogie par projet se développe dans l'enseignement supérieur. Mais encore faut-il que les lieux s'adaptent à ces pratiques. Bien sûr, les salles dédiées au travail en groupe n'ont pas attendu les learning centers pour faire leur apparition. Mais elles sont désormais considérées comme un élément phare des BU nouvelle génération.
"Des enquêtes ont fait ressortir que nos étudiants devaient rendre en moyenne trois travaux de groupe par an, justifie Julien Roche, directeur du SCD (service commun de documentation) de l'université Lille 1. Or, ils ont très peu d'espaces où se réunir. Les salles traditionnelles sont rarement ouvertes en dehors des heures de cours et de toute façon pas adaptées." Le projet Lilliad prévoit 50 salles de travail fermées, essentiellement destinées à des groupes de quatre à six personnes. Fermées et équipées d'écrans d'ordinateur et de paperboards, elles pourront être, au moins pour une partie d'entre elles, réservées à l'avance.
Bibliothécaires et enseignants côte à côte
Si chaque établissement décline à sa manière le concept de learning center, "la notion de carrefour, de transversalité est essentielle, insiste Dominique Wolf, directrice du SCD de l'université de Strasbourg. Au-delà de la bibliothèque, l'objectif est que les services travaillent davantage ensemble".
En particulier, l'idée est de mieux intégrer les services documentaires dans la pédagogie. Une préoccupation jusqu'ici assez éloignée de la culture universitaire française mais qui commence, peu à peu, à émerger. "Le lien entre pédagogie et documentation fait partie de l'offre classique des BU mais elle est accentuée dans les learning centers", rappelle Marie-Estelle Créhalet. La responsable des bibliothèques de Versailles s'attache à promouvoir la notion de "bibliothécaire embarqué" qui s'intègre véritablement au sein d'une équipe pédagogique, de même que des enseignants sont incités à déporter leur cours dans le learning center.
Signe de l'importance accordée au travail collaboratif, le learning center de l'UVSQ comporte huit salles de travail en groupe, où les étudiants peuvent se réunir. // © UVSQ-DBIST M.-E. Créhalet
Au-delà des études, la vie étudiante
Poursuivant l'idée d'un plus grand décloisonnement, le learning center s'intéresse à la vie étudiante dans sa globalité, en s'appuyant sur la collaboration interservice. Outre une conseillère d'orientation, présente une fois par semaine, qui anime des ateliers sur la réorientation et sur l'insertion professionnelle, le learning center de l'université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines accueille des professionnels qui interviennent sur des thématiques variées : un bibliothécaire sur les outils bibliographiques, mais aussi une infirmière sur la gestion du stress, un technicien informatique pour des question relatives à la consultation sur Internet…
De son côté, le futur learning center de l'université de Strasbourg s'inscrit dans "une logique de guichet unique, explique la directrice du SCD, Dominique Wolf : les étudiants y trouveront une vingtaine de stands, parmi lesquels ceux des services de la vie universitaire mais aussi ceux de la CTS (Compagnie des transports strasbourgeois) et de la SNCF." Autant d'éléments qui visent à faciliter le quotidien des étudiants, pour in fine améliorer leur réussite.