Après les All Blacks, la culture maorie et les paysages grandioses ayant servi de décor au "Seigneur des Anneaux", la Nouvelle-Zélande s'est lancée dans la promotion de son système éducatif en Europe. Si les touristes du Vieux Continent ont été conquis depuis longtemps, les étudiants se montrent encore frileux. L'éloignement géographique, la rentrée en février et le coût élevé des études constituent autant de freins aux projets d'études. Le gouvernement néo-zélandais l'a compris : seule la promesse d'une expérience unique les fera traverser le globe.
Sur le modèle de l'agence Tourism New Zealand, chargée de valoriser le pays en tant que destination de voyages depuis 1991, le gouvernement a donc décidé, en 2011, de créer l'agence Education New Zealand. Celle-ci compte une centaine de bureaux dans le monde, dont un à Berlin, chargé de faire connaître les établissements kiwis aux Européens.
"Le tourisme s'est fortement développé dans le pays grâce à des opérations marketing. De la même manière, nous voulons présenter la Nouvelle-Zélande comme une alternative à l'Australie, un pays où l'on peut voyager mais aussi entreprendre", résume Marc Doesburg, directeur du développement international à Otago Polytechnic, un institut de formation professionnelle qui compte trois campus, dont un à Auckland.
3 milliards d'euros d'ici à 2025
Évidemment, la mise en place d'une stratégie pour attirer les étudiants étrangers n'est pas désintéressée. Ces derniers constituent la quatrième source de revenus de la Nouvelle-Zélande. En 2016, le secteur a rapporté 2,7 milliards d'euros au gouvernement. Et ce dernier ne veut pas en rester là : "Nous avons comme objectif de doubler ce chiffre d'ici à 2025", indique Jemma Richardson, porte-parole de Education New Zealand. Il atteindrait ainsi le poids du tourisme, secteur qui rapporte plus de 6 milliards d'euros par an.
À elles seules, la Chine et l'Inde contribuent à la moitié du chiffre d'affaires. Un tel développement passe donc obligatoirement par la conquête de nouveaux marchés et l'Europe, pourtant à 24 heures de vol, est dans le viseur des Kiwis. "Avec le Brexit, les étudiants européens vont peut-être chercher de nouvelles destinations anglophones pour leurs études", espère Marc Doesburg.
Avec le Brexit, les étudiants européens vont peut-être chercher de nouvelles destinations anglophones pour leurs études.
(M. Doesburg)
À ce jour, l'Europe représente 10 % de la mobilité étudiante. "Au départ, nous avons visé l'Allemagne où, traditionnellement, les étudiants partaient déjà étudier en Nouvelle-Zélande. Nous nous sommes ensuite intéressés à la Suède et la Norvège, pays où les gouvernements financent les études. À présent, nous élargissons nos cibles à la France, l'Italie et l'Espagne", expose Ute Haugh, responsable du développement en Europe pour Education New Zealand.
Avec la Nouvelle-Calédonie à moins de 3 heures de vol d'Auckland, la France est le deuxième pays d'Europe pourvoyeur d'étudiants. Ils sont 2.300 par an à s'envoler pour la Terre du Milieu, parmi lesquels 1.600 pour y suivre des cours d'anglais.
Réservé aux plus aisés
Une cinquantaine d'écoles de langue accueillent les étudiants, pour des périodes allant d'une semaine à quatre mois. "Pour les convaincre de venir chez nous plutôt qu'en Australie, nous compensons avec le tourisme. Ceux qui viennent veulent progresser en anglais mais aussi explorer le pays", souligne Darren Conway, directeur d'un centre à Auckland. Les écoles proposent des formules incluant cours et hébergement chez l'habitant, dont les tarifs s'échelonnent entre 450 et 650 euros par semaine.
Au final, un petit nombre de Français seulement est engagé dans un cursus à l'université : ils étaient 260 en 2015. Cette faible représentation s'explique en partie par le fait que, dans la grande majorité des cas, ils doivent payer les droits d'inscription néo-zélandais. En Bachelor, les frais grimpent jusqu'à 9.500 euros pour un semestre d'études. Et rares sont les accords d'échange permettant de partir gratuitement.
En guise de "teasing", en 2016, l'agence Education New Zealand a lancé la bourse "Dream New". Huit jeunes européens ont été sélectionnés sur la base de leurs résultats académiques et d'une vidéo démontrant leur intérêt pour la Nouvelle-Zélande. Ils ont pu rejoindre gratuitement une université néo-zélandaise pour un semestre. "Nous avons reçu 368 candidatures, dont 35 % d'Allemands et 5 % de Français", détaille Ute Haug.
Doctorants "wanted" !
Si l'aspect financier est un verrou pour beaucoup d'étudiants en licence et en master, la tendance s'inverse en doctorat, où les bourses d'études fleurissent. À défaut de bourse, les étudiants internationaux paient les mêmes droits que les locaux : à partir de 4.000 euros l'année.
Marine Richarson, diplômée de l'école d'ingénieurs Polytech Montpellier, a décroché une bourse pour trois ans de PhD à l'université d'Otago. "J'ai obtenu un poste de thèse en écologie d'eau douce auquel j'avais postulé pendant un PVT (programme vacances-travail). Les conditions de recherche sont merveilleuses et je perçois une rémunération mensuelle de 1.300 euros", se réjouit-elle.
En prime, elle a toutes les chances d'obtenir un visa permanent à l'issue de sa thèse. En effet, le pays de 4,4 millions d'habitants souhaite augmenter sa population pour pérenniser son développement. Et pour cela, il est à l'affût des diplômés aux compétences spécifiques.
- À lire, sur letudiant.fr : "Le guide pour partir étudier en Nouvelle-Zélande"