Et vous, êtes-vous plutôt échange académique ou stage en entreprise ? Au cours de leur formation, les étudiants ingénieurs seront irrémédiablement confrontés à cette question. C'est pourquoi, au-delà des palmarès personnalisés que nous présentons en 2014, EducPros a choisi de mesurer l'ouverture internationale des 160 écoles ayant répondu à notre enquête. Pour cela, nous avons retenu cinq indicateurs. Chacun évalue à sa manière un aspect de la politique de l'école en la matière : proportion d'étudiants partis dans le cadre d'un échange académique, durée minimale obligatoire de la mobilité internationale, part des étudiants étrangers, élèves par accord de double diplôme et enfin taux d'emploi à l'étranger.
Premier constat : les profils des écoles qui apparaissent en haut de tableau sont très hétérogènes. Cursus en trois ans ou en cinq ans, écoles privées ou publiques... Le réseau Centrale est bien représenté, avec l'établissement parisien qui figure dans le quatuor de tête. L'école a fait de l'international l'un de ses axes de développement. Pour preuve, le rapprochement avec Supélec – à un point de Centrale dans ce classement – a notamment pour objectif d'asseoir la réputation des deux écoles sur le plan international.
26% des écoles ne rendent pas la mobilité obligatoire
Très peu d'établissements rendent le départ en échange académique obligatoire. Néanmoins, près d'un quart des étudiants sont tout de même partis en 2012-2013 dans le cadre de cette mobilité. Les écoles de tête affichent un pourcentage plus fort que la moyenne : 52% pour l'université de technologie de Troyes, 48% pour l'Ecole des ponts... Et 100% pour l'EEIGM.
L'Ecole européenne d'ingénieurs en génie des matériaux, qui dépend de l'INP Lorraine, a fait de l'international un point fort de sa formation. Jouissant d'une position frontalière, elle a tissé des relations fortes avec cinq universités étrangères, en Allemagne, Espagne, Pologne et Suède dans le cadre d'un consortium. Les étudiants peuvent suivre une partie de leur cursus sur l'un des campus à l'étranger et près de la moitié d'entre eux sortent avec un double diplôme.
Outre les échanges académiques, la mobilité internationale passe également par les stages en entreprise. Cette formule est de loin la préférée des établissements, des étudiants... Et de la CTI (Commission des titres d'ingénieur). L'organisme d'habilitation note dans ses critères d'auto-évaluation que l'approche professionnelle est appréciée, dans le cadre d'un départ à l'étranger.
Moins d'un tiers des écoles ont fixé à trois mois minimum la mobilité de leurs élèves
Dans les faits, 44 écoles ont fixé à trois mois minimum la mobilité de leurs élèves. Qu'il s'agisse d'un stage ou d'un échange. D'autres, beaucoup plus rares, proposent des durées plus longues, à l'image de Polytechnique (15 mois), de l'EEIGM (12 mois) ou encore de l'ESAIP (10 mois).
43 autres... n'ont aucune durée minimale obligatoire, soit plus d'un quart des écoles de notre panel. Libre donc aux étudiants de partir. Ou non. A noter que la CTI recommande aux écoles de proposer une durée minimale d'un semestre à l'étranger. "Cette question est pour nous un véritable dilemme, reconnaît une école. Dans les faits, la majorité de nos élèves partent à l'étranger, aidés financièrement par des bourses de l'école. Mais en rendant cette mobilité obligatoire, nous avons peur de nous couper de certains candidats au budget modeste, qui craindraient de ne pas pouvoir prendre en charge les frais supplémentaires engendrés par un séjour à l'étranger..."
prime au double diplôme préparé en petit comité
Autre indicateur à mesurer les départs à l'étranger, celui intitulé "élève par accord de double diplôme". Pour l'année 2012-2013, nous avons comptabilisé le nombre d'accords actifs (ayant permis à des étudiants de partir) et y avons rapporté le nombre d'étudiants effectivement partis.
Les meilleures notes de l'indicateur sont attribuées aux écoles qui envoient peu d'étudiants au sein de chaque établissement partenaire. Nous jugeons en effet qu'il est plus bénéfique, du point de vue de l'immersion culturelle, pour un jeune de partir seul que de se retrouver avec cinquante camarades de promotion. Certaines universités étrangères multiplient ce genre d'accords, qui permettent finalement peu aux étudiants de s'imprégner de la culture du pays. C'est notamment le cas de Cranfield au Royaume-Uni avec laquelle bon nombre d'écoles d'ingénieurs ont tissé des partenariats de doubles diplômes.
Baigner dans un "bouillon interculturel"
Depuis quelques années, les écoles d'ingénieurs développent par ailleurs les initiatives pour renforcer la culture internationale de leurs élèves. Sous l'impulsion de la CTI, le niveau d'anglais exigé a été revu à la hausse : il faut désormais un niveau B2 (un score de 785 au TOEIC par exemple) pour obtenir son diplôme d'ingénieur. Un niveau qui reste cependant relativement faible par rapport à celui des écoles de commerce, dont l'international fait partie de l'ADN.
A l'Ecole des mines de Douai, une maison des langues vient d'être inaugurée. Les étudiants peuvent y suivre des cours linguistiques, mais aussi participer à des projets techniques menés avec des universités étrangères partenaires. "Ce bouillon interculturel permet aux jeunes d'étudier une langue à travers sa culture, note Emmanuel Dequeker, responsable du service Stages et cultures internationales à l'école. Cette maison a été pensée comme un outil d'accompagnement de la politique internationale de l'école". En 2012-2013, celle-ci a accueilli dans son cursus ingénieur 16% d'étudiants étrangers.
Parmi les championnes en la matière, Télécom ParisTech affiche une part de 43% d'élèves internationaux. A Télécom Bretagne, ils sont plus de 37%, venus de Corée du Sud, de Hongrie, du Pérou... ou encore du Kazakhstan.
Quoique revu à la hausse, le niveau d'anglais exigé reste cependant relativement faible par rapport à celui des écoles de commerce
12% des premiers emplois à l'étranger
Royaume-Uni, Suisse, Allemagne, Etats-Unis... En 2013, plus d'un jeune diplômé ingénieur sur dix a décroché son premier poste à l'étranger. Le chiffre est en augmentation par rapport à l'an passé : de 9,7%, il passe à 12%. C'est un fait : le diplôme d'ingénieur français permet de s'exporter, notamment dans certains secteurs comme les biotechnologies ou l'énergie.
En juillet dernier, une influente agence américaine, l'AACRAO (American Association of Collegiate Registrars and Admissions Officers) a reconnu le diplôme français comme l'équivalent d'un master of science. Il était alors évalué comme un Bachelor américain. "S'il ne s'agit pas d'une reconnaissance officielle, l'AACRAO exerce une très forte influence dans le milieu de l'enseignement supérieur US, reconnaît Matthieu Binder, chargé de mission relations internationales à la Cdefi (Conférence des directeurs des écoles françaises d'ingénieurs). Si elle reconnait une équivalence, celle-ci est admise à peu près partout". Un plus, pour les étudiants désireux de poursuivre leur carrière hors de France.
Faut-il craindre une fuite des cerveaux ? Christiane Michel n'est pas inquiète. Directrice des relations internationales à l'Efrei, elle a œuvré à la création d'une filière internationale, qui permet depuis la rentrée 2013 à une vingtaine d'étudiants de multiplier les expériences à l'étranger durant leurs études. "J'en suis convaincue, l'échange produit la richesse. Nous sommes là pour ouvrir les têtes. De plus, il est clair qu'aujourd'hui, une carrière ne se limite plus à l'hexagone... "
Palmarès 2014 des écoles d'ingénieurs les plus ouvertes à l'international
Au-delà de ce palmarès spécifique de l'ouverture internationale, L'Etudiant ne propose plus un seul ranking global, mais désormais des classements sur-mesure. Conçus comme un outil d'aide à l'orientation pour les lycéens, ils permettent à chaque élève de choisir ses critères, en fonction de son projet d'étude, et de construire son propre palmarès personnalisé.
Découvrez le palmarès interactif des écoles d'ingénieurs sur letudiant.fr
Notre palmarès concerne 160 écoles d'ingénieurs, toute habilitées par la CTI*, qui ont répondu durant l'été 2013 à un questionnaire envoyé par l'Etudiant. Les questions portaient sur l'année 2012-2013 et sur les effectifs de la rentrée 2013. Jusqu'en octobre, nous avons vérifié, actualisé, recoupé les informations communiquées par les établissements. Cette enquête nous a permis d'établir trente-sept indicateurs. Pour chaque indicateur, les écoles sont classées en trois groupes décroissants auxquels sont attribués des points : 3 points pour le groupe vert foncé ; 2 points pour le groupe vert clair ; 1 point pour le groupe jaune. Vous trouverez la liste et les définitions de nos indicateurs sur letudiant.fr
* Même si l'INSA Centre Val de Loire verra le jour le 1er janvier 2014, toutes ses écoles fondatrices (ENI Val-de-Loire, ENSI Bourges) étaient habilitées par la CTI pour une durée maximale. Toues les données de la nouvelle école ont été condensées par les 2 établissements fusionnés.