Faut-il y voir un effet de crise ou un regain de valeurs tricolores, chez les jeunes diplômés, depuis les attentats ? Le baromètre 2016, de l'institut allemand Trendence, des entreprises préférées des jeunes diplômés français, publié à partir de données récoltées auprès de 200 établissements, place, cette année tout particulièrement, les entreprises françaises à l'honneur.
Chauvins, les jeunes diplômés ? "Il faut le croire. Face à l'incertitude généralisée, les grandes marques ancrées dans les territoires français rassurent. Mais s'ils se montrent cocardiers, les jeunes sont avant tout stratèges", analyse Philippe Deljurie, cofondateur de Meteojob.fr.
Les grandes entreprises françaises représentent un certain leadership en matière d'expertise métier. On constate qu'avant de se lancer dans l'entrepreneuriat ou de s'épanouir dans des petites structures, les jeunes diplômés font leurs armes dans les grands groupes, chez qui ils acquièrent, outre de l'expérience, une véritable expertise. Ces grandes marques font finalement figure de troisième cycle."
Le top 20 des entreprises préférées des étudiants en école d'ingénieurs
des champions de la marque employeur
Si la préférence à la française est plus marquée chez les élèves ingénieurs (chez qui 18 entreprises françaises se partagent le top 20), les futurs managers, eux aussi, rêvent de franchir la porte des grands groupes tricolores (14 sociétés "maison" dans ce classement).
"Ces entreprises sont le fleuron de l'économie française et, qui plus est, investissent à tour de bras dans la marque employeur. Elles tissent des liens étroits avec les grandes écoles et déploient des trésors d'ingéniosité pour attirer les futurs talents", constate Diego de Brisoult, fondateur de Geojobs.fr.
Gontran Lejeune, directeur associé du cabinet de recrutement Bienfait & Associés, explique cet engouement par les nouveaux modes de gouvernance, plus participatifs dans les grandes entreprises de ce côté-ci de l'Atlantique. "Ces dernières impliquent davantage leurs collaborateurs dans le fonctionnement de l'entreprise, quand les sociétés anglo-saxonnes sont, elles, restées figées à l'heure du reporting et de la division nette du travail."
LE TOP 20 DES ENTREPRISES PRÉFÉRÉES DES ÉTUDIANTS EN ÉCOLE De commerce
L'intérêt de la mission plutôt que le salaire
Quand on leur demande de lister leurs priorités, managers et ingénieurs en herbe continuent à privilégier trois critères pour le choix de leur carrière, en dépit du contexte économique incertain : l'intérêt de la mission, la possibilité d'évolution et la bonne ambiance de travail.
"L'équilibre entre travail et vie privée est une des valeurs montantes de la génération Y ; il est révélateur des nouvelles appétences de cette jeunesse à la recherche d'un vrai épanouissement, tant professionnel que personnel. Ces jeunes ont vu leurs parents sacrifier trop souvent leur vie de famille, sans toujours de retour sur investissement", décrypte Gontran Lejeune.
Autre valeur, qui affiche la plus belle progression cette année, quel que soit le profil des diplômés : l'égalité des chances (+ 4,3% à 73% pour les futurs managers, + 4,6% à 72,6% pour les élèves ingénieurs). "Pour favoriser la diversité du capital humain, les grands groupes ont mis en place des plans d'action en matière de diversité, avec des objectifs concrets en termes de diversification des talents, de mixité des organes de décision et de lutte contre les discriminations. Des combats qui font sens pour la génération Y", analyse Denis Jacquet, président de Parrainer la croissance et fondateur d'Edufactory.
Enfin, si les étudiants affichent un peu plus de sérénité concernant leur carrière future (54,9% des élèves d'écoles de commerce et 43% des élèves ingénieurs se disent inquiets, alors qu'ils étaient respectivement 62,6% et 45,8% en 2015), ils gardent la tête froide quant à leurs prétentions salariales.
Ces futurs salariés tablent sur une rémunération annuelle de 32,4 K€ et de 33,6 K€, en baisse respectivement de 17,8% et de 13% depuis le pic de 2012. Mais qu'importe : la majorité d'entre eux privilégient l'éthique de l'entreprise au salaire !
L'institut allemand Trendence a interrogé plus de 26.000 étudiants venant d'écoles d'ingénieurs et d'écoles de commerce, d'universités, soit 200 établissements pour établir son baromètre annuel des entreprises préférées des jeunes diplômés.