330 universités partenaires, 1.000 étudiants en échange, 200 cotutelles de thèses. C'est indéniable, Sorbonne Nouvelle est une université attractive sur la scène internationale. "Nous n'avons aucun mérite, glisse modestement Emmanuel Fraisse, vice-président délégué aux relations internationales. Nous avons hérité de deux atouts : la situation au cœur de Paris et le nom de Sorbonne."
Mais pour vraiment internationaliser l'université, Emmanuel Fraisse a une idée en tête : inciter les personnels Biatss (bibliothèques, ingénieurs, administratifs, techniciens, personnels de service et de santé) à s'expatrier à leur tour. "Plus qu'une politique, l'international est un enjeu d'établissement fondamental pour les années à venir, qui doit être mis au bénéfice de nos trois grandes communautés : enseignants, étudiants et personnels", confirme Carle Bonafous-Murat.
Benchmark administratif
"Aller à l'étranger, c'est se donner les moyens de répondre à des problèmes administratifs qui sont souvent les mêmes mais abordés différemment", poursuit le président. Le mouvement s'enclenche : une dizaine de personnels sur 700 partent désormais chaque année en mission à l'étranger.
En la matière, Patrice Roland, responsable de la valorisation et diffusion de la culture scientifique à Paris 3, fait figure de pionnier. En mai 2013, il a passé une semaine à la Sapienza, université romaine pluridisciplinaire de 150.000 étudiants. "On parlait au même moment des rapprochements d'établissements en France, c'était intéressant de voir de plus près la gestion d'une grosse université composée de nombreuses facultés", indique le communicant.
Mais son objectif premier était d'observer la manière dont ses homologues internationaux travaillent. "J'étais notamment curieux de savoir si quelqu'un avait déjà tenté de faire de la diffusion ou valorisation de la recherche par la radio. Ce type d'échange permet de pouvoir se dire honnêtement ce qui fonctionne ou ne fonctionne pas. Nous sommes, peut-être, plus enclins à partager avec des universités étrangères car nous n'avons pas le sentiment d'une mise en concurrence directe."
Paris 3 - Sorbonne Nouvelle compte 30% d'étudiants étrangers. // © Marie-Anne Nourry
Réseauter, réseauter, réseauter
Paris 3 s'apprête maintenant à organiser sa première "staff training week", en partenariat avec Erasmus+. 30 personnels issus de 10 pays d'Europe sont attendus à Paris du 15 au 19 juin 2015 pour échanger sur leurs pratiques. "L'initiative a rencontré du succès car des personnels y avaient déjà participé avant et cela va progresser par essaimage", parie Carle Bonafous-Murat.
Quatre groupes thématiques sont ainsi prévus, adaptés aux différents profils sélectionnés : vie de campus, bibliothèque, insertion professionnelle et recherche. En France, l'université parisienne figure parmi les premières à organiser ce type d'événement. Comme elle, cinq établissements se sont lancés dans l'aventure cette année, dont les universités de Rennes 1 et de Tours pour la seconde fois.
"Le fait d'accueillir des personnels étrangers, c'est leur donner l'occasion de nous connaître et de s'entretenir avec nos personnels", estime le président. "Même en tant qu'administratif, c'est important de se créer un réseau", renchérit le communicant scientifique Patrice Roland. "À Rome, j'ai sympathisé avec des personnes de Lituanie, Espagne ou encore de Pologne, et j'ai gardé quelques contacts."
Nous sommes, peut-être, plus enclins à partager avec des universités étrangères car nous n'avons pas le sentiment d'une mise en concurrence directe.
(P. Roland)
Aller plus loin avec la Comue
Une logique d'internationalisation qui devrait s'étendre à la Comue Sorbonne Paris Cité. Sébastien Velut, le directeur de l'IHEAL, institut autonome qui dépend de Paris 3, y a été nommé directeur délégué des relations internationales. Et en tant que coordinateur des différents vice-présidents relations internationales, il a prévu d'impulser la mobilité Biatss.
"Nous avons besoin d'instaurer un mécanisme d'échange de bonnes pratiques à l'échelle internationale, comme nous le faisons déjà entre les différents établissements de Sorbonne Paris Cité", argue-t-il. Une dynamique vertueuse qui pourrait ouvrir de nouvelles portes à la Sorbonne Nouvelle. D'ailleurs, le vice-président Emmanuel Fraisse se frotte les mains : "Tout ce qu'on faisait en Europe, on va pouvoir le projeter au reste du monde grâce à la force de frappe de la Comue."
Ma vie d'étudiante à Sorbonne Nouvelle : Tahiana lève le rideau