Depuis 2008, l'Institut Trendence recueille des informations sur les attentes des étudiants des écoles de commerce et d'ingénieurs vis-à-vis de leur futur employeur. Le classement des entreprises les plus attractives publié chaque année ne constitue qu'une partie des données collectées auprès de 200 établissements d'enseignement supérieur. L'enquête est aussi riche d'enseignements sur l'image des entreprises auprès des jeunes, leur capacité à attirer les meilleurs élèves, leur degré d'attractivité par typologie d'étudiants... Cette année, le baromètre Trendence fait notamment remonter une quête d'humanité et de sens dans le travail.
Travailler moins mais mieux
"Lorsqu'on les interroge sur ce qu'ils attendent d'un employeur, les étudiants français assurent à 90% être avant tout en recherche de missions intéressantes et d'une bonne ambiance de travail", confirme Caroline Dépierre, directrice de recherche à l'Institut Trendence. Corollaire de cette tendance, leurs objectifs en termes de salaire et de temps de travail sont moindres. "Les étudiants sont prêts à travailler moins, pour passer plus de temps avec leur famille, leurs amis... même pour un salaire moins important", relève-t-elle. Les étudiants d'école de commerce envisagent en 2015 de passer au travail 44,3 heures par semaine, au lieu de 45,6 heures en 2014, pour une rémunération escomptée plus basse (32.200 € par an en 2015, contre 35.000 € en 2014).
Ce rapport au travail est-il si différent de celui développé par leurs aînés ? "On ne peut pas parler d'une génération Y qui serait radicalement différente des précédentes : les attentes sont les mêmes mais plus intenses. L'idée est d'avoir à la fois un travail passionnant, intéressant et de faire en sorte qu'il n'occupe pas la totalité de la vie", répond la sociologue du travail Dominique Méda, coordinatrice en 2010 d'une étude européenne sur la jeunesse et le travail.
Se sentir utile
Régulièrement décrits comme individualistes et matérialistes, les jeunes qui s'apprêtent à entrer sur le marché du travail se révèlent surtout exigeants quant au sens des missions, et le sont tout autant sur l'éthique et l'image de l'entreprise dans laquelle ils vont postuler. "Notre recherche avait pour objet de mettre les clichés sur le matérialisme et l'individualisme juvéniles à l'épreuve : nous avons trouvé des jeunes qui, plus que les autres tranches d'âge, considèrent que le travail est très important, doit être utile et permettre de venir en aide aux autres. Bref, des jeunes moins matérialistes et plus attachés au travail", souligne Dominique Méda.
La quête d'une forme d'adéquation entre les valeurs de l'étudiant et l'image de l'entreprise transparaît dans notre enquête.
(C. Dépierre)
"La quête d'une forme d'adéquation entre les valeurs de l'étudiant et l'image de l'entreprise transparaît dans notre enquête, abonde Caroline Dépierre. 80% des étudiants interrogés cette année affirment rechercher avant tout une entreprise qui leur corresponde. Les deux tiers des répondants sont même prêts à accepter un salaire moins élevé pour travailler dans une entreprise dont ils apprécient la culture."
Partager une image positive
Conséquences : les entreprises au centre de scandales ou de campagnes de presse négatives sont immédiatement sanctionnées par les étudiants. C'est le cas cette année d'HSBC, mise en examen en avril 2015. La banque, au cœur d'un scandale d'évasion fiscale révélé à l'automne 2014, a dévissé dans le dernier classement Trendence pour atteindre son rang le plus bas jamais obtenu (26e). Par rapport à 2014, trois fois plus d'étudiants jugent mauvaise l'image de la banque.
Alors que les entreprises dépensent de plus en plus d'énergie dans la construction de leur "marque employeur", une crise, amplifiée par les réseaux sociaux, peut en quelques heures ruiner les efforts de plusieurs années. Et dans ce monde où le Net a une place prépondérante, Google bénéficie d'une image ultrapositive : l'entreprise séduit tout autant les élèves des écoles d'ingénieurs que ceux des écoles de commerce, à la troisième place dans les deux classements cette année. À noter aussi, le retour en grâce de l'industrie automobile chez les étudiants, après deux ans de crise sociale. PSA passe ainsi chez les ingénieurs de la 33e place en 2014 à la 19e place en 2015.Faire que jeunesse se passe
Plus attentive aux enjeux sociaux et environnementaux, plus méfiante vis-à-vis des formes de communication traditionnelles, plus exigeante quant au sens de sa mission, la génération qui va entrer prochainement sur le marché du travail se révèle surtout plus grave que ses aînés. "Elle a connu une pression plus forte à l'école et l'investissement plus intense de parents inquiets pour l'emploi de leurs enfants, et elle semble très sensible aux enjeux collectifs", résume Dominique Méda avant d'ajouter : "Mais on ne peut pas oublier que cette sensibilité est aussi un trait caractéristique de la jeunesse, qui peut ensuite s'effacer..."
Classement Trendence 2015 des employeurs préférés des étudiants en école de commerce
Pour consulter le Top 100 du palmarès 2015 des entreprises préférées des étudiants en école de commerce en PDF.
Classement Trendence 2015 des employeurs préférés des étudiants en école d’ingénieurs
Pour consulter le Top 100 du palmarès 2015 des entreprises préférées des étudiants en école d'ingénieurs en PDF.
L’Institut Trendence interroge chaque année plus de 20.000 étudiants d'écoles d'ingénieurs et de commerce, pour établir son palmarès des entreprises dans lesquelles les étudiants rêvent de postuler, une fois diplômés. Cette année, pour la première fois, des jeunes inscrits à l’université ont aussi été sondés.