Pour accompagner les étudiants de PAES au cours de leur année, quels dispositifs avez-vous mis en place au sein de votre établissement ?
En premier lieu, l'association étudiante C2P1 (Cercle cartésien des PAES) propose, avec le soutien actif des enseignants un tutorat pour tous les futurs étudiants. Avant la rentrée de septembre, près de 80% de la promo se retrouve donc pour plusieurs jours de stages et d'ateliers au cours desquels une remise à niveau est proposée en physique, chimie, biologie, etc. Outre l'aspect pédagogique, cette expérience permet aux étudiants d'apprivoiser les cours en amphithéâtre. Des colles, composées de QCM préparés par C2P1 et corrigées par les professeurs sont aussi proposées, tous comme lors d'un concours blanc.
En parallèle, depuis plusieurs années, un environnement de travail numérique permet de diffuser sur Internet les vidéos de tous les cours. Un forum permet aux étudiants d'échanger entre eux et avec les enseignants.
Aujourd'hui, les étudiants les plus fortunés se tournent vers les prépas privées pour préparer leur concours. Mais les jeunes issus de milieux modestes ne peuvent pas se permettre ces dépenses. Pour éviter qu'ils restent sur le carreau, il est donc essentiel d'accompagner tout au long de l'année l'ensemble de nos étudiants.
Face à la très forte sélection en fin de PAES sanctionnée par le numerus clausus, comment aidez-vous les jeunes – majoritaires – qui ne sont pas reçus au concours ?
Depuis la rentrée 2012, nous proposons un "semestre rebond" : les étudiants ayant obtenu une moyenne très faible au premier semestre – aux alentours de 4 sur 20 – peuvent consolider leurs connaissances de base durant le reste de l'année. Cette année, 160 jeunes sont inscrits dans ce processus, pour un total de 2.000 heures de cours. A la rentrée prochaine, ils pourront rejoindre une L1 de leur choix et, s'ils le souhaitent, revenir en PAES l'année suivante. Pour les autres étudiants, des passerelles existent, pour rejoindre une L2 Sciences Biomédicales.
Cette année de PAES se transforme bien souvent en véritable guerre des nerfs. Dans quel état d'esprit se retrouvent les étudiants qui ne décrochent pas une place en deuxième année ?
Nous voyons des étudiants et des parents cassés moralement. Ils sont détruits : ils avaient choisi un métier (médecin, pharmacien, etc.) et se rendent compte que leur projet s'éloigne. Car contrairement à une licence traditionnelle, qui reste très généraliste, le cursus de santé attire les étudiants qui ont un vrai projet professionnel. De plus, contrairement au lycée où un élève sérieux réussit, en médecine, un étudiant peut travailler d'arrache pied et se retrouver sur le carreau en fin d'année. La PAES peut être dévastatrice... Il est clair qu'il y a tout un travail de psychologie à réaliser.
En regardant un simple relevé de notes au bac, je peux prédire la réussite ou l'échec d'un étudiant en PAES.
Et un travail d'adaptation du cursus ?
Je crois qu'il faut arrêter d'être hypocrite : en PAES, sont acceptés des bacheliers issus des filières littéraires, économiques. Comment un jeune sans bagage scientifique peut réussir dans ce cursus ? Le gouvernement doit prendre ses responsabilités et introduire une sélection en début de formation médicale. En regardant un simple relevé de notes au bac, je peux prédire la réussite ou l'échec d'un étudiant en PAES. En école d'ingénieurs, il existe une sélection. Pourquoi pas pour les études médicales ?
Santé : Portrait-robot du reçu au concours de la PAES de Paris-Descartes
En juin 2012, un étudiant sur cinq inscrit en PAES (première année des études de santé) à Paris-Descartes a réussi le concours de l'une des filières santé de la faculté, 17% spécifiquement en médecine. Quelle mention de bac avaient-ils décroché ? Quel rang et quelle note moyenne ont-ils obtenu au concours ? Comment s'en sont sortis les primants?
Un portrait robot des reçus à lire la suite sur letudiant.fr
Et aussi :L'interview de Pierre Catoire, président de l'ANEMF (lAssociation nationale des étudiants en médecine de France)
Réussir la PAES : "Les prépas privées n'ont jamais prouvé leur efficacité"