Pourquoi êtes-vous candidat à direction de Sciences Po ?
Sciences po est un établissement auquel je suis profondément et indéfectiblement attaché. Sans exagérer, je peux affirmer que je dois tout à Sciences po. Par ma candidature, je veux mettre en avant les étudiants, les enseignants, les chercheurs, les salariés et les anciens de cette belle maison, que je connais si bien. J’ai la volonté de les représenter dans une procédure dans laquelle ils ont été, jusque là, trop peu écoutés. Je veux porter leur voix, leur enthousiasme, leur énergie, parce que je considère que tous ceux et toutes celles qui font vivre Sciences po au quotidien devraient être davantage associés à la gouvernance et aux choix stratégiques de notre établissement.
Je souhaite également promouvoir une campagne ouverte et transparente, afin d’encourager le débat au sein de Sciences po et au-delà. J’ai d’ores et déjà rendu public, sur mon blog, l’ensemble des éléments relatifs à ma candidature. J’y publierai l’intégralité de mon projet pour l'établissement après la période de dépôt des candidatures.
Quel serait votre slogan ?
Pour une gouvernance exemplaire et une gestion irréprochable, pour une université citoyenne et ouverte, pour davantage d’innovation et de démocratisation. C’est plus qu’un slogan : j’ai déjà proposé que, dans le cadre de la future adaptation des statuts de Sciences po, le conseil d’administration de la FNSP compte au moins 50% de membres élus, et que tous les personnels (salariés, enseignants, chercheurs), les étudiants et les anciens y soient désormais représentés. J’ai également proposé une refonte du conseil scientifique pour que les chercheurs soient mieux représentés qu’ils le sont aujourd’hui, et davantage associés à la définition de notre politique scientifique.
Vous n’étiez pas candidat lors de la précédente procédure, pourquoi vous mettre dans la course aujourd’hui ?
J’ai soutenu Hervé Crès car j’ai considéré à la mort de Richard Descoings qu’il était le plus légitime pour prendre immédiatement la relève. Il était à mes yeux, comme aux yeux de beaucoup, le plus à même d’établir un consensus et de nous préserver de la crise. Malheureusement, ce consensus ne s’est pas formé, et la crise n’a pas pu être évitée. Je le déplore profondément, et ce d’abord pour Hervé, qui ne méritait pas ce qui lui est arrivé.
Je considère désormais qu’il faut aller de l’avant, et nous donner les moyens de sortir par le haut de la crise. C’est pourquoi j’ai choisi de porter mon propre projet pour Sciences Po. En quatre jours, j’ai déjà reçu plus de 500 soutiens publics (sur facebook, ndlr) d’étudiants, d’enseignants, de salariés, de chercheur et d’anciens de Sciences po, et autant d’encouragements à poursuivre mon action. Cela me conforte dans ma décision.
La crise justement a démontré une fracture entre le ministère et l’administration de Sciences po. Pensez-vous que le fait d’être un candidat « maison » soit un handicap pour vous ?
D’abord, je ne pense pas qu’il y ait de « fracture » à proprement parler, mais je crois nécessaire de rétablir au plus vite des relations normales et sereines avec l’Etat, et en premier lieu avec le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche.
Ensuite, je tiens à souligner que le rapport de la cour des Comptes n’épingle pas tous les personnels de Sciences po, loin de là. Pour ma part, j’ai toujours fait preuve dans mes différentes responsabilités à Sciences po d’une gestion budgétaire rigoureuse et exempte de reproches.
Enfin, je ne suis pas un « candidat maison », que l’on chercherait à imposer, mais un « candidat de la maison ». Loin d’être un handicap, mon expérience à Sciences po et ma connaissance du monde universitaire constituent des atouts pour diriger et faire évoluer notre établissement.
Je crois nécessaire de rétablir au plus vite des relations normales et sereines avec l’Etat
Correspondez-vous aux critères définis par le comité de recherche ?
Je le crois. Je connais bien Sciences po et ses évolutions récentes, pour y avoir contribué depuis 10 ans. Je dispose d’une solide expérience de management et j’ai été associé à plusieurs reprises par Richard Descoings à la réflexion sur le projet institutionnel. J’ai une très bonne connaissance du monde universitaire, auquel j’appartiens et que j’étudie en tant que chercheur, et je connais aussi bien les disciplines enseignées à l'Institut que les enjeux fondamentaux de la recherche dans les sciences sociales.
Envisagez-vous votre action dans la continuité de celle de Richard Descoings ou en rupture avec celle-ci ?
Je souhaite bien sûr poursuivre et consolider le développement de Sciences po entrepris par Richard Descoings, dont j’ai toujours admiré la vision, la force de conviction, et la volonté de changer, à travers Sciences po, la société tout entière. Je suis ainsi très fier d’avoir œuvré sous sa conduite à la diversification et la démocratisation du corps étudiant, à l’internationalisation de Sciences po, et à la refondation de sa recherche et de ses enseignements. Dans ces domaines, je suis convaincu de la nécessité de poursuivre la destinée que Richard a tracée pour l'établissement.
Je n’oublie pas, en même temps, que l’action de Richard Descoings reposait d’abord sur l’innovation et sur l’adaptation permanente de Sciences po aux évolutions du monde contemporain. Pour que nous soyons vraiment fidèles à l’action de Richard, en même temps qu’à notre mission d’intérêt général, nous devons donc continuer à innover et à faire évoluer l'établissement.
Enfin, Richard Descoings, comme Emile Boutmy avant lui, a fait de la réussite et de l’épanouissement personnel des élèves de Sciences po une priorité. J’entends bien poursuivre dans cette voie. Je considère que le fait pour un directeur – comme pour tout enseignant - d’être disponible pour ses élèves et à l’écoute de leurs difficultés est absolument essentiel.