Les résultats du baromètre sur les attentes des entreprises en matière de recherche en management ont été publiés début novembre 2015. Pourquoi avoir choisi d’enquêter sur ce thème ?
À travers cette deuxième édition du baromètre, la FNEGE cherche à mesurer l'adéquation entre la recherche en management et les attentes des entreprises. La question de l'utilité et de la pertinence de nos travaux par rapport à notre milieu socio-économique est malheureusement restée jusqu'ici largement ignorée.
Aujourd'hui, pour un enseignant-chercheur en management, ce qui prime est la rigueur intellectuelle et la reconnaissance par les pairs sanctionnée par la publication dans des revues prestigieuses. Peu importe que son sujet de recherche soit très théorique, que ses résultats soient difficilement exploitables sur le terrain, voire qu'ils n'intéressent pas du tout les entreprises. Cette logique dominante est confortée par le mode de recrutement des enseignants-chercheurs, les systèmes d'évaluation et les classements.
Heureusement, cela évolue peu à peu. Les instances d'évaluation nationale, comme le HCERES (Haut conseil de l'évaluation de la recherche et de l'enseignement supérieur), et les organismes d'accréditation internationaux (EFMD, AACSB) viennent d'inclure le critère d'impact socio-économique dans leurs audits. Récemment, plusieurs écoles de commerce ont calculé leur impact global sur le territoire à travers le BSIS (Business school impact survey), proposé par la FNEGE et l'EFMD.
La recherche en management a-t-elle d’abord vocation à être "utilisable" par l'entreprise ?
Le sujet fait débat. Je fais partie de la minorité qui pense que, sans sacrifier à la rigueur intellectuelle, il est important qu'une fraction des chercheurs d'une université ou d'une école de management puissent travailler sur des sujets susceptibles d'intéresser les entreprises.
Pourquoi ? Parce que la mission première de nos établissements est de former des étudiants. Les recherches menées doivent servir à construire des enseignements permettant aux élèves d'appréhender et de répondre aux besoins actuels des entreprises d’une part.
La seconde raison est économique : les établissements doivent diversifier leurs ressources. Or, pour qu'une entreprise accepte de financer des programmes de recherche (chaire, sponsoring, etc.), elle a besoin de résultats directement utilisables.
L'idée n'est pas de convertir tout le monde à la recherche appliquée, mais de rééquilibrer les choses.
Comment les résultats de ce baromètre peuvent-ils être utilisés ?
Les résultats de l'enquête menée début 2015 auprès de 240 dirigeants d'entreprises viennent conforter les réponses recueillies lors de la première édition en 2013. Les préoccupations des entreprises se concentrent autour de la relation-client, de l'innovation, de la question de la mobilisation et de l'engagement, ou encore la performance globale de l'entreprise.
La FNEGE va les confronter aux sujets de thèses recensés chaque année dans le cadre d'un autre baromètre, afin de proposer un état des lieux aux prochains États généraux du management, fin mai 2016, à Toulouse.
Nous allons aussi diffuser les résultats de l'enquête dans les écoles de management et les universités à l'attention des directeurs de laboratoire. L’objectif est de faire émerger de nouveaux sujets de recherche et d’entamer un dialogue avec les entreprises. L'idée n'est pas de convertir tout le monde à la recherche appliquée, mais de rééquilibrer les choses. Il est temps que les deux profils d’enseignant-chercheur, plutôt académique ou appliqué, soient reconnus en matière d'évaluation.
Quelles thématiques de recherche en management vous intéressent en 2015 ? C'est la question posée par la Fnege aux entreprises dans le cadre de son deuxième baromètre des attentes des entreprises, coordonné par Éric Lamarque, docteur et agrégé en sciences de gestion, professeur à l'IAE de Paris (université Paris 1 Panthéon-Sorbonne).
Cette enquête repose sur des entretiens qualitatifs menés auprès d'une quinzaine de dirigeants de grandes entreprises et de PME. Ces entretiens ont permis de faire ressortir 23 thématiques, qui ont ensuite été soumises en ligne à un échantillon de 237 répondants, chargés de les hiérarchiser et de les noter de 0 à 5.
Cinq thématiques, notées autour de 4, arrivent en tête :
- relation client, expérience client, stratégie client
- innovation : animation, efficacité
- mobilisation, engagement, adhésion des RH et des managers
- performance globale de l'entreprise (autre que financière)
- comment créer de l'efficacité collective et de la réactivité opérationnelle ?