Il y a tout juste un an, vous lanciez le « projet 2020 » pour les CROUS. Quel bilan d'étape dressez-vous aujourd'hui ?
C'est un projet stratégique qui est en train de se décliner d'un point de vue opérationnel. Des expérimentations ont été lancées. Celles qui donnent des résultats intéressants vont pouvoir être généralisées. Ce qui me semble important de souligner c'est que la philosophie sur les services à l'étudiant, qui avaient été un peu oubliés ces dernières années, a changé. Dans l'esprit du réseau des Crous l'idée s'impose désormais qu'il faut revenir à une proximité de services, donc il est indispensable de se réorganiser pour dégager du temps et des moyens sur des missions d'accompagnement et apporter des réponses personnalisées aux étudiants.
Ce n'était donc pas le cas auparavant ?
A force de se concentrer sur des questions de gestion notamment sur le logement, nous avions un peu perdu de ce qui fait la relation humaine indispensable entre les personnels des CROUS et notre public étudiant. Recréer de l'animation et du lien social au niveau de chaque CROUS est essentiel. Il faut que les étudiants aient toujours quelqu'un à qui s'adresser. L'animation est un facteur de lien social notamment pour certains étudiants qui souffre de solitude. C'est ce qui fait notre singularité, notre différence avec les autres gestionnaires de résidences étudiantes.
Outre ces relations humaines, les étudiants ne demandent-ils pas avant tout plus d'efficacité dans la gestion de leurs dossiers, de leurs bourses, etc. ?
Bien sûr. Et c'est pourquoi nous avons engagé plusieurs chantiers de réorganisation. Par exemple, les CROUS disposent désormais de plateformes téléphoniques pour que chaque étudiant ait un lien direct avec un personnel en particulier qui suit son dossier social étudiant (DSE). De plus, plusieurs guichets uniques d'accueil ont été mis en place à cette rentrée. Par exemple à Paris, en partenariat avec les universités ou les PRES, un même espace d'accueil a réuni la CAF, la préfecture, des banques... Chaque CROUS doit ainsi devenir un acteur central de l'accueil des étudiants, sans crainte de la concurrence d'acteurs extérieurs.
Les CROUS sont prêts à prendre la gestion des bourses des étudiants de santé si les élus des régions le souhaitent
Qui dit guichet unique, dit gestion de toutes les bourses étudiantes. Or, les bourses de mobilité (l'Aide à la mobilité internationale - AMI) a été redonnée à la gestion aux universités et les étudiants en études de santé se plaignent du fait que leurs bourses sont gérées par les régions, avec des effets de disparités importantes. Quelle est la position du CNOUS sur ces deux sujets ?
Nous sommes très clairs : les CROUS sont prêts à prendre la gestion des bourses des étudiants de santé si les élus des régions le souhaitent. Nous en avons les compétences. Un exemple : le ministère de la Culture nous a confié les bourses de leurs étudiants et cela se passe bien. Nous allons donc reprendre contact avec les régions.
Quant à la question des bourses de mobilité, elle est assez compliquée : le ministère nous les avait confiées mais nous n'avions pas assez réfléchi au pilotage particulier qu'imposent ces bourses qui sont très liées aux cursus. Le ministère a redonné les AMI aux universités. Je ne suis pas certains que tous les présidents d'universités en soient satisfaits. On peut envisager des accords particuliers entre chaque CROUS et chaque université.
Le projet CROUS 2020 prévoyait une réorganisation des structures du réseau des CROUS. Qu'en est-il aujourd'hui ? Quels sont les effets attendus pour les étudiants ?
Ce qui a changé pour les CROUS c'est que le terme même de réseau n'est plus un mythe. Les CROUS travaillent désormais en réseau et non plus centre par centre. Exemple : en Ile-de-France où les étudiants des trois CROUS de Paris, Créteil et Versailles partagent les mêmes problèmes de logement, des synergies sont à l'œuvre. Les logements construits dans l'un servent aux autres et réciproquement. Aussi, depuis la rentrée, les dossiers sociaux étudiants dans ces trois CROUS sont traités au niveau d'une plateforme commune.
Autre exemple : nous avons mis en place six régions pour les achats alimentaires. Résultat : nous avons économisé 2 % sur 50 millions d'achats par an. Ou encore, pour les constructions de nouveaux logements et la recherche de foncier, des ingénieurs bâtiments qui seront implantés dans un CROUS travaillant en réseau avec les Crous limitrophes. Plus généralement, nous voulons multiplier les plateformes qui permettent de mutualiser les fonctions supports. Un CROUS de petite taille a tout intérêt à adhérer à une plateforme dans laquelle il pourra être libéré de certaines tâches administratives et financières. Les personnels pourront ainsi mieux s'occuper des étudiants.
Parmi les objectifs 2020, vous envisagiez de « changer l'image » des CROUS pour mieux marquer leur présence auprès des étudiants. Quel est le problème d'image des CROUS ?
Je crois que les CROUS ont pendant longtemps joué la modestie, investis qu'ils étaient dans leur mission de service public. Aujourd'hui nous voulons valoriser et revendiquer ce que nous faisons au quotidien pour aider concrètement les étudiants à réussir. Nous avons peut-être une image un peu désuète. Mais avant de faire de la communication, il faut travailler sur les contenus. Ce travail de fond est en train de changer notre image.