Le partenariat que vous avez noué avec Polytechnique est-il le signe d’une nouvelle ouverture internationale de la Business School de Stanford ?
Nous avons peu de doubles diplômes avec l’étranger et nos échanges portent plus sur les enseignants. Nous développons d’autres programmes Stanford Ignite à l’étranger, notamment en Inde et en Chine. Pour celui qui se déroule actuellement à Bangalore, nous avons pour partenaire Infosys, une grande entreprise de technologie.
C’est un processus assez compliqué de faire correspondre des programmes pédagogiques d’institutions différentes. L’intérêt d’un partenariat entre établissements réside dans une vraie complémentarité disciplinaire entre les deux partenaires : c’est le cas avec l’École polytechnique. Et puis, nous constatons que si nous attirons les étudiants étrangers dans ces doubles diplômes, nos étudiants, eux, ne partent pas. Il faut dire qu’ils ont beaucoup de cours à suivre ici pendant leur cursus.
En revanche, nous développons une offre de doubles diplômes au sein de Stanford University. C’est la grande force d’un campus comme celui-ci qui réunit sept écoles, en médecine, droit, ingénierie…. Nous avons par exemple un programme très populaire avec le département de sciences environnementales et nous venons d’ouvrir un nouveau programme conjoint avec le département de sciences informatiques. Au total, 20% de nos étudiants de MBA obtiennent un autre diplôme à l’université durant leurs études.
Vu d’Europe, l’esprit d’entreprendre de la Silicon Valley reste encore un mythe. Sur quoi repose selon vous ce succès ?
Il y a un ensemble de raisons, mais je pense honnêtement que nous bénéficions d’un environnement très favorable. La proximité de la Silicon Valley, de ses entreprises et de l’accès au capital, constitue de véritables atouts pour les porteurs de projets !
Par ailleurs, et depuis des années, notre approche de l’innovation consiste à développer des idées au sein de l’université puis à les commercialiser en dehors de l’établissement. La plupart de nos enseignants créent ainsi leur propre entreprise, cela nous différencie des autres institutions. Autre élément important : la capacité à accepter l’échec. Dans la Silicon Valley, les gens affichent leurs échecs comme autant de médailles d’honneur !
Nous proposons une mise en pratique du leadership par les étudiants eux-mêmes
Vous avez récemment mis en place, au sein de l’école, une nouvelle forme d’éducation au leadership. En quoi cela consiste-t-il ?
Il s’agissait de s’éloigner de l'enseignement stéréotypé du leadership que dispensent la plupart des écoles de management et qui consiste à donner un cours magistral sur des grandes figures du management comme Steve Jobs, avec l’idée que les étudiants suivront leurs pas. À la place, nous proposons une mise en pratique du leadership par les étudiants eux-mêmes. En première année, ils sont regroupés par équipe de sept, et coachés par un élève de seconde année formé à cet effet et qui est lui-même coaché par un coach professionnel. Chaque séance est dirigée par un étudiant autour d’une simulation de cas. La séance est filmée, et ensuite on analyse comment celle-ci s’est passée, comment l’attitude du leader a été perçue par les autres, sa capacité à interagir, les points forts et les éléments à améliorer. C’est une approche très individualisée et très intense.
"Stanford Ignite–Polytechnique" est un programme destiné aux scientifiques et professionnels qui souhaitent se doter d’une culture de l’innovation et créer leur propre entreprise. La première session se déroule à Paris du 19 septembre au 17 novembre 2013, avec des cours en anglais et l’intervention d’enseignants de Stanford GSB. Un deuxième programme Ignite a été lancé à Bangalore en Inde au mois d’août et un troisième est annoncé à Pékin en 2014.