Ces dernières années, la CCI Paris-Île-de-France a connu une baisse importante de ses ressources. Quelle en est la conséquence sur ses écoles ?
Entre 2013 et 2016, la taxe pour frais de chambre, collectée par l'État auprès des entreprises et reversée à la CCIR (Chambre de commerce et d'industrie de Région), est passée de 348 à 208 millions, soit une chute de 140 millions d'euros. Puis est venue s'ajouter une ponction de l'État de 153 millions sur nos réserves.
Obligatoirement, cette diminution de nos ressources a un retentissement sur toutes nos activités, à commencer par nos 24 écoles qui, avec 60% de notre budget, constituent pourtant notre priorité.
En matière d'investissement, nous n'avons pas les moyens de mener certains chantiers importants de remise aux normes. Par exemple, il nous manque les 12 millions d'euros nécessaires à la rénovation de l'IFA Chauvin, un centre de formation des apprentis du Val-d'Oise, spécialisé dans la technique et la vente, que nous essayons de céder.
Après un premier plan de 700 départs volontaires en 2015, vous annoncez 315 nouvelles suppressions de postes. Qui visent-elles ?
En effet, les départs de l'an dernier n'ont pas suffi : il nous faut supprimer 315 postes en 2016 pour parvenir à un équilibre budgétaire précaire. Les écoles sont forcément touchées, dans la mesure où près d'un tiers des postes visés appartiennent au pôle enseignement, recherche, formation, mais quasi exclusivement sur des fonctions administratives.
On peut faire dans toutes nos écoles, y compris les plus prestigieuses, des économies sur les services supports, mais nous ne toucherons pas aux enseignants qui font leur renom.
On peut faire dans toutes nos écoles des économies sur les services supports, mais nous ne toucherons pas aux enseignants qui font leur renom.
En 2017, vous n'êtes pas sûr de pouvoir conserver à son niveau actuel la dotation que vous versez à vos écoles. HEC, l'Essec ou l'ESCP Europe qui constituent vos fleurons auront-elles les moyens de rester dans la course internationale alors qu'on sait que les très bons professeurs coûtent cher ?
Je le crois, mais, pour cela, elles devront développer de nouvelles ressources. Elles pourront toutes encore augmenter un petit peu leurs droits de scolarité, mais selon leur niveau et dans des proportions raisonnables.
Ces écoles doivent aussi faire appel à la générosité de leurs anciens. On cite toujours l'exemple de la Fondation HEC, à la tête de laquelle l'ancien président, Daniel Bernard, a accompli un travail extraordinaire, mais l'Essec et l'ESCP Europe ont également un vrai potentiel de collecte.
Elles peuvent aussi compter sur des MBA parmi les mieux classés au monde et des programmes d'executive education qui fonctionnent bien.
Au 1er janvier 2016, HEC a adopté le nouveau statut d'EESC (établissement d'enseignement supérieur consulaire). L'ESCP Europe devrait faire de même prochainement. Ce statut est-il un moyen pour les écoles d'augmenter leurs ressources ?
Pas directement. La fondation HEC va prendre des parts dans l'école et nous ferons en sorte que d'autres acteurs privés fassent de même. Mais s'ils investissent, c'est une affaire d'image de marque, pas d'argent.
Les entreprises ne peuvent pas compter sur des dividendes, interdits par le statut d'EESC. Elles ne peuvent pas non plus escompter de plus-value en cas de revente de leurs titres, dans la mesure où cette plus-value est assise sur les dividendes attendus.
Et quelle place réservez-vous à Novancia dans cette stratégie ?
Les écoles doivent avoir leur propre domaine de stratégie pour rayonner : HEC au plan mondial, l'ESCP Europe au niveau européen, et l'Essec dans des grandes zones comme l'Asie. Novancia n'a pas les masters renommés de ses trois consœurs. Il faudra voir comment améliorer ça.
L'idée serait de rationaliser en prenant le meilleur de chacune : le Bachelor de Novancia pourrait être implanté sur les campus européens de l'ESCP.
Rien n'est acté, mais nous réfléchissons à des synergies entre Novancia et l'ESCP Europe. L'idée serait de rationaliser en prenant le meilleur de chacune : par exemple, le Bachelor de Novancia pourrait être implanté sur les campus européens de l'ESCP.
Ces écoles jouent dans des cours différentes. N'y a-t-il pas un risque de brouillage de leur image ?
Oui, en effet, c'est un risque. Mais il faut bien faire la différence entre un Bachelor et un programme grande école. Quelle que soit l'école, un Bachelor n'est jamais un accès vers la grande école.
Envisagez-vous d'aller jusqu'à la fusion ?
Une fusion, une absorption ou simplement davantage d'échanges... Tout est possible. Nous examinerons les différentes options, voir ce qui fait consensus et offre le positionnement le plus intelligent sur le marché. Dans tous les cas, je pousse pour qu'une décision soit prise dans les prochaines semaines.
Envisagez-vous de céder certaines de vos écoles ?
À part l'IFA Chauvin, nous n'avons pas d'autre projet de cession. Nous avons intérêt à garder toutes nos écoles tout en développant des alliances. On peut imaginer que des fonds privés pourraient être intéressés par la possibilité d'investir en tant qu'actionnaires minoritaires dans certaines de nos écoles, comme Les Gobelins ou Ferrandi.
Il faudrait alors trouver un équilibre entre les objectifs de rentabilité attendus par un fonds et la qualité de nos formations. Aujourd'hui, 80% des jeunes que nous formons trouvent du travail dans les six mois qui suivent l'obtention de leur diplôme. Il est important de préserver ce niveau.