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Jacques Bahi (université de Franche-Comté): "Il est impossible de faire une fusion du jour au lendemain sans aller dans le mur"

Propos recueillis par Camille Stromboni Publié le
Communauté d'universités ou fusion ? Jacques Bahi, président de l'université de Franche-Comté depuis avril 2012, se prononce contre une fusion à court terme avec sa voisine bourguignonne. Et dispose d'une nouvelle option avec la loi sur l'enseignement supérieur et la recherche. Il revient sur ce projet pour EducPros.

Jacques Bahi - Université de Franche-ComtéOù en est le processus de rapprochement avec l'université de Bourgogne ?

Nos deux conseils d'administration ont voté début 2013 un texte affirmant notre choix d'aller vers une université commune, résultat de l'union de nos deux universités et des établissements d'enseignement supérieur et de recherche qui le souhaitent dans nos régions. Trois principes ont été validés : la subsidiarité, les décisions devant être prises au niveau le plus bas possible ; la proximité, qui signifie que nous voulons demeurer un service public proche des étudiants et des personnels, en évitant tout déplacement intempestifs ou mutations autoritaires ; la spécificité, qui veut que nous respections les particularités de nos établissements.

Cela passe par une fusion ?

Non,  je suis contre la fusion à court terme et nous n'avons pas cette intention. La fusion suppose la disparition des corps initiaux, ce qui va à l'encontre des principes votés en conseil. D'autant plus avec notre situation bien particulière, sur deux régions différentes.

Une autre solution nous est désormais proposée. Le projet de loi ouvre la possibilité de créer une communauté scientifique. Ce qui permet de mettre en place une université globale, avec un président et des conseils, tandis que subsistent les établissements. Avec ainsi une assurance de démocratie et de représentativité, et surtout le plus important : la communauté pourra délivrer les diplômes et permettre la mise en place d'une signature commune en recherche.

Votre homologue à la tête de l'université de Bourgogne, Alain Bonnin, évoquait pourtant il y a quelques semaines la fusion de vos deux établissements

On pouvait auparavant craindre que les communautés d'universités soient des coquilles vides. Ce n'est heureusement pas le cas, avec cette délivrance des diplômes et la signature unique. En plus, les établissements peuvent lui déléguer ce qu'ils veulent. Il ne tient donc qu'à nous d'y mettre des compétences importantes. Je pense qu'il sera par exemple nécessaire de déléguer la gestion des moyens à la communauté.

Nos personnels ne sont de toutes façons pas prêts ni favorables à la fusion, et ce n'est pas ce que les conseils ont voté : ils ont simplement approuvé l'union de nos établissements.

Votre idée est tout de même d'aboutir, in fine, à des composantes et des services administratifs uniques, communs aux deux universités ?

Nous voulons constituer un établissement qui pèse au niveau national et international. Effectivement, à moyen et long terme, d'ici une quinzaine d'années probablement, je souhaiterais qu'on aboutisse à une seule université de Bourgogne - Franche-Comté.

Mais plutôt qu'une fusion qui interviendrait d'un coup, c'est par le jeu volontaire des acteurs que les composantes vont se rapprocher et fusionner. Notre UFR de sport a déjà évoqué l'idée de ne faire plus qu'une avec son homologue de Dijon. Les IAE y pensent. Cela se fera petit à petit. Cela ne peut se décréter. Il est impossible de faire une fusion du jour au lendemain sans aller dans le mur.

C'est par le jeu volontaire des acteurs que les composantes vont se rapprocher et fusionner.


Où sera le siège de la future communauté ?

Après discussion avec Alain Bonnin, et sachant que le siège du PRES (Pôle de recherche et d'enseignement supérieur) actuel est à Dijon, le siège de la communauté sera à Besançon. Avec une raison stratégique également : l'université sera tournée fortement vers la Suisse.

Ce rapprochement se fait-il aussi dans un souci d'économie, étant donné la situation difficile des universités ?

Je tiens à préciser tout d'abord que l'université de Franche-Comté se porte relativement bien. Nous n'avons pas eu à geler de postes. Mais nous ne sommes pas à l'abri si nous continuons à piocher dans notre fonds de roulement, faute de compensations de dépenses comme le GVT [glissement vieillesse technicité].

Concernant les économies, de facto, ce rapprochement nous permettra de réfléchir à une carte des formations de manière plus large, en diminuant les redondances, en mutualisant des enseignements, en rassemblant des filières à petits effectifs afin de les sauvegarder. Nous allons aussi penser à des mutualisations de nos services administratifs, en veillant à respecter le principe de proximité.

Quelles sont les prochaines échéances ?

Nous allons d'abord attendre que la loi soit effective. Notre horizon pour créer cette communauté se situe en 2014. Nous aurons ensuite deux ans pour élaborer les statuts et élire les instances de l'université de Bourgogne - Franche-Comté.

Lire aussi
- La délibération du conseil d'administration (pdf)
- Le communiqué (pdf) publié par les universités de Bourgogne et Franche-Comté le 28 mars 2013, réaffirmant une position commune.


- Sur le blog de Pierre Dubois : Contrôler l’activité en temps réel

Propos recueillis par Camille Stromboni | Publié le