L'emploi des jeunes est un sujet de préoccupation de votre association. Une partie de vos Assises fin juin y était d'ailleurs consacrée. Pourquoi ?
Les DRH se sentent forcément une responsabilité en matière d’emploi des jeunes car ils sont en première ligne. L’enquête flash menée début 2014 auprès d’un panel de 167 DRH montre bien que la crise a un impact sur les recrutements : les jeunes ne représentaient plus en 2013 qu’un tiers des embauches contre la moitié en 2011.
Dans le même temps, un quart des moins de 26 ans pointent au chômage alors qu’on évalue à 400.000 le nombre d’emplois non pourvus en France, du fait notamment d’un problème d’adéquation des compétences. L’enjeu des Assises était de proposer des solutions innovantes.
Modules de formation, accueil en entreprise des enseignants… La plupart des préconisations destinées à “systématiser” la relation école-entreprise que vous défendez existent déjà...
Certaines initiatives sont intéressantes mais souvent éparses. Exemple, le programme enseignants-entreprises de l’Institut de l’entreprise ne concerne que les professeurs de SES de lycée. L’ANDRH, elle, propose au ministre de l’Éducation d’instaurer à l’échelle nationale un dispositif d’accueil en entreprises de tous les enseignants, et aussi que la connaissance de l’entreprise fasse l’objet d’un module obligatoire dans le cadre de la formation initiale. Cela demandera un effort aux entreprises, mais nous y sommes prêts.
Vous plaidez pour la généralisation des stages, c’est déjà un peu le cas...
Non, tous les jeunes ne sont pas égaux face aux stages. On en voit encore arriver à bac+5 qui ne sont jamais passés par l’entreprise. Il faut continuer à développer les stages. Le mois de juin de l’année de seconde, actuellement inactif, pourrait être occupé de manière profitable par un mois obligatoire en entreprise. Pour faciliter l’accès de tous aux stages, nous préconisons la mise en place de jumelages de proximité entre établissements scolaires et entreprises.
On pointe certains abus en matière de stages. La nouvelle loi cherche justement à développer les stages de qualité. Qu’en pensez-vous ?
Je n’ai rien contre la plupart des dispositions : un stagiaire n’est pas un salarié et il est normal de lutter contre les abus. Faire respecter les limites horaires applicables aux salariés, par exemple, est un minimum. Je suis plus inquiet de l’introduction d’un quota de stagiaires par structure d’accueil et surtout de l’effet psychologique négatif que peut avoir cette loi sur les entreprises qui prennent des stagiaires parce qu’on le leur demande et non pas parce qu’elles en ont besoin.
Certaines entreprises fonctionnent avec un nombre hallucinant de stagiaires qui occupent de façon évidente des emplois déguisés…
Justement, les abus sont concentrés sur un nombre de secteurs dédiés bien connus. Plutôt qu’une loi rigide qui frappe tous azimuts, le gouvernement aurait gagné à signer des conventions avec les patrons des principales branches concernées. La majorité des entreprises, surtout les petites, accueillent des stagiaires pour rendre service. Cela leur coûte plus que cela ne leur rapporte. Si on leur impose trop de contraintes, on va les décourager et les perdants seront les jeunes.
Plutôt qu’une loi rigide qui frappe tous azimuts, le gouvernement aurait gagné à signer des conventions avec les patrons des principales branches concernées [par les abus de stages]
Comment faire de l’alternance un “standard de formation” alors que le nombre d’apprentis a baissé en 2013 ?
Par le développement des jumelages établissements-entreprises. Mettre tout le monde autour de la table faciliterait le placement des jeunes en alternance. Certains établissements manquent à leur mission en les laissant se débrouiller tous seuls. On propose aussi de réserver un pourcentage du 1% logement aux alternants, qui ont souvent des difficultés à se loger.
Les stagiaires devraient aussi pouvoir, à condition de rester un certain temps dans l’entreprise, faire financer une partie de leur permis de conduire par l’employeur. Mais cet avantage doit être considéré comme une dépense déductible pour l’entreprise. Enfin, ces dernières années, l’apprentissage a beaucoup progressé dans le supérieur, mais cela ne doit pas se faire au détriment des niveaux IV et V. La loi du 5 mars relative à la formation professionnelle tente de corriger ce déséquilibre en réorientant les fonds vers les premiers niveaux, mais ce n’est pas suffisant. Il faudrait réserver la taxe d’apprentissage aux établissements proposant des formations en apprentissage, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui.
Comment optimiser sa récolte de la taxe d’apprentissage ? Comment améliorer l’insertion professionnelle de ses jeunes diplômés ? De quelle manière établir des partenariats avec des PME ? La réponse est dans Interface, la nouvelle lettre bimensuelle qui facilite les relations entre l’enseignement supérieur et le monde économique.
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